"Marguerite Bays était une humble laïque, dont la vie était cachée avec le Christ en Dieu. Il s’agit d’une femme toute simple, avec une vie ordinaire, en qui chacun de nous peut se retrouver". Ces paroles de Jean Paul II, prononcées le 29 octobre 1995 à l’occasion de la béatification de Marguerite Bays, résonnent de façon encore plus saisissante à quelques heures de la canonisation de la bienheureuse fribourgeoise. Une sainte à part dans le même sillage de lumière que saint François d’Assise. C’est en tous cas le constat de l’abbé Martial Python, curé de Romont en Suisse, et auteur de La vie mystique de Marguerite Bays : stigmatisée suisse (ed. Parole et silence).
Née le 8 septembre 1815 à la Pierra, dans la campagne fribourgeoise, en Suisse, Marguerite est la deuxième d’une fratrie de sept enfants issue d’une modeste famille d’agriculteurs. Vive et enjouée, elle a cependant déjà un attrait pour la prière dans la solitude et le silence. Ses proches pensent qu’elle entrera au couvent mais ce ne sera pas le cas : elle vivra de son métier de couturière. Engagée dans les différents mouvements de la paroisse, elle s’occupe de nombreux enfants notamment en leur confectionnant des habits et en les emmenant à la chapelle de Notre-Dame du Bois. Et, en vraie disciple de saint François, elle entre très vite dans le Tiers-Ordre franciscain de Romont.
Guérie miraculeusement d’un cancer
Atteinte d’un cancer des intestins à l’âge de 39 ans, Marguerite fait l’expérience du Salut : elle est miraculeusement guérie le 8 décembre 1854, jour de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception. Au retour de la messe, sa famille, la pensant mourante, la retrouve en train de préparer le déjeuner… Peu de temps après, Marguerite reçoit des stigmates qu’elle portera jusqu’à sa mort. Elle entre en extase chaque vendredi, au cours de laquelle elle revit la Passion du Christ. Mais cette vie mystique intense reste un secret entre Marguerite et le Seigneur. « Les stigmatisés sont assez rares, environ une vingtaine parmi tous les saints », commente l’abbé Martial Python. "Ils ont tellement aimé la charité qu’ils sont devenus le miroir du Christ, le sceau de l’émoi de Dieu. Ce sont les géants de la sainteté".
Pour Marguerite la création est la perfection même du Christ en tant que vrai Dieu et en tant que vrai homme.
Discrète sur son expérience mystique, elle confie que l’union à Dieu passe par la prière et en même temps à travers chaque frère qu’elle rencontre. Le frère est en fait comme un sacrement : dans chacun, surtout le plus faible il y a la présence de Dieu. Pour Marguertie Bays, être chrétien c’est passer de l’Évangile à la vie et de la vie à l’Évangile, explique son biographe. C’est prendre l’Évangile comme une règle de vie. Traduire en geste humain l’être même de Dieu.
Marguerite Bays aime les longues marches. Celles qui nous dépossèdent de nous mêmes, pour nous mettre en présence de Dieu. Comme saint François d’Assise, elle contemple l’invisible à travers le visible. La beauté de la création est un signe de la présence de Dieu. Le chant du pinçon l’émeut jusqu’aux larmes, comme elle peut être bouleversée en admirant les fleurs. "Pour Marguerite la création est la perfection même du Christ en tant que vrai Dieu et en tant que vrai homme", souligne l’abbé Python. Christocentrique, la future sainte est en permanente relation avec Jésus à commencer par la messe chaque matin. Pour elle le quotidien doit être coloré tous les jours par la présence divine. Et les témoins de l’époque affirment que lorsqu’ils la rencontraient, c’est comme s’ils touchaient Dieu.