Une tendance récente montre que de moins en moins de catholiques croient en la présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie. Il appartient donc à ceux d’entre nous qui y croient vraiment de réaffirmer et de partager cet élément fondamental de la foi.
Cependant, certains chrétiens croient en cette présence réelle avec une telle force qu’ils sont prêts à se mettre en danger pour aller retrouver le Christ à la messe, voire même à donner leur vie pour que l’hostie ne tombe pas entre de mauvaises mains. Voici leur portrait.
Un frère et une sœur tués lors de la messe de Pâques (2019)
Dans de nombreux pays du monde, pouvoir assister à la messe n’est pas quelque chose qui va de soi. Sharon Stephen Santhakumar et Sarah Epzhibah Santhakumar sont deux des nombreuses victimes des attentats à la bombe qui ont frappé les communautés chrétiennes au Sri Lanka le 29 avril 2019. Les terroristes islamistes visent les chrétiens qui croient en l’Eucharistie (Catholiques, Chaldéens, coptes et orthodoxes) depuis des années maintenant. En avril, ils ont visé des églises et des hôtels le jour de Pâques, plongeant les chrétiens sri lankais dans une grande tristesse. L’église Saint-Sebastien dans la ville côtière de Negombo a payé le plus lourd tribut, puisqu’un tiers des victimes y ont été tuées pendant la messe.
Père Jacques Hamel, tué à l’autel (2016)
La messe est-elle ce qui vous rend le plus heureux ? C’était le cas pour le père Hamel, et c’est au cours de la messe qu’il est mort. Le 26 juillet 2016, deux hommes armés de couteaux ont fait irruption dans l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen. Le père Hamel, alors âgé de 85 ans et ordonné depuis 58 ans, célébrait la messe, "l’élément essentiel de son quotidien".
Sa sœur raconte que son frère était transformé au moment de la consécration. "Plus le temps avançait, plus il était pris par la Passion du Christ quand il célébrait la messe, il la vivait." Les terroristes ont surgi dans l’église un mardi matin pendant la messe, promettant "d’éliminer tous les chrétiens". Ils ont forcé le prêtre à s’agenouiller et lui ont tranché la gorge à l’autel en criant "Allah akbar !"
Paul Comtois, mort dans les flammes (1966)
Votre foi en l’Eucharistie est-elle suffisamment forte pour que vous vous jetiez dans une pièce en flammes afin de sauver l’hostie ? Paul Comtois était lieutenant-gouverneur du Québec. Fervent catholique, il disait le Rosaire tous les jours avec sa femme et ses cinq enfants. La famille vivait dans une résidence officielle, dans laquelle une autorisation spéciale leur avait été accordée pour qu’ils puissent bénéficier, dans une chapelle privée, d’un tabernacle dans lequel reposait le Saint-Sacrement.
La fille de Paul Comtois raconta : "Il obtint difficilement cette autorisation, à l’unique condition qu’il fût personnellement responsable de la sécurité du Saint-Sacrement. Or mon père était un homme qui ne dérogeait jamais à sa parole." Dans la nuit du 21 février 1966, un incendie se déclara dans la maison. Le père mit sa famille en sécurité à l’extérieur, puis retourna à l’intérieur en quête du Saint-Sacrement. Son corps fut retrouvé sérieusement brûlé, mais tenant précieusement le ciboire contenant les hosties.
Père Brenner, mort en sauvant l’hostie (1957)
Le père János Brenner a sauvé l’hostie alors qu’il était criblé de coups de couteaux. Le 14 décembre 1957, le père János Brenner, un prêtre cistercien hongrois, est appelé pour administrer l’extrême onction et l’Eucharistie à un mourant. L’appel est en fait un piège tendu par les communistes. Cela fait alors des décennies que les catholiques sont éliminés par les révolutionnaires hongrois. Le père Brenner a été ordonné au plus fort des persécutions.
Alors qu’il se rend au chevet du prétendu malade, il a avec lui l’huile pour l’onction ainsi que le Saint-Sacrement. Ses assaillants surgissent de derrière des arbres et le poignardent à 32 reprises. Son corps est retrouvé le lendemain, ses mains toujours agrippées à la custode, ayant refusé de la lâcher. Alors que ses agresseurs souhaitaient le faire oublier, c’est l’effet inverse qui s’est produit. Le père Brenner est depuis vénéré comme martyr, et une chapelle a été construite à l’endroit où il a été assassiné. Son surplis taché de sang y repose dans un reliquaire.
La dernière communion de saint Pedro Maldonado (1937)
Rendons grâce pour le privilège de pouvoir recevoir la communion. Saint Pedro de Jesús Maldonado est prêtre au Mexique alors que le président Plutarco Calles, profondément anti catholique, est au pouvoir. Le père Maldonado fait de son mieux pour préparer les enfants à la première communion et venir en aide aux pauvres, malgré les persécutions. Le 10 février 1937 — le Mercredi des cendres — des hommes alcoolisés et armés font irruption dans son église, menaçant de l’arrêter.
Le prêtre attrape le ciboire d’hosties consacrées avant d’être poussé dehors par les malfrats. Il est trainé par les cheveux auprès du gouverneur local, Andrés Rivera, qui le frappe si violemment avec son pistolet qu’il le blesse au crâne et à l’œil. Le gang se met à son tour à frapper le prêtre, mais celui-ci maintient fermement le ciboire, jusqu’à ce qu’un coup plus fort lui fasse lâcher son étreinte. Les hosties se répandent sur le sol, et l’un des hommes les lui fourre dans la bouche en raillant : "Mange ça, ta dernière communion", ce que fait le père Maldonado. Il survit jusqu’au lendemain, avant de mourir à l’hôpital.
Une jeune chinoise inspire le monde (1900)
La foi de cette anonyme chinoise a poussé des gens du monde entier à pratiquer l’adoration quotidienne. En Chine, la révolte des Boxers visa à éliminer toute influence occidentale du pays, y compris le catholicisme. L’histoire de cette jeune fille, rapportée par un prêtre relatant l’attaque de son église, remonte à cette époque trouble. Lors de l’arrestation du prêtre, une jeune fille était cachée dans le fond de l’église quand elle vit des soldats sortir le Saint-Sacrement du tabernacle et renverser trente-deux hosties par terre.
Cette nuit-là, elle retourna dans l’église, observa un temps d’adoration puis elle s’agenouilla et prit une hostie sur sa langue. Elle répéta ce rituel 31 fois, jusqu’à ce qu’il ne reste plus d’hostie. La dernière nuit, elle se fit attraper par un soldat et fut battue à mort. L’archevêque américain Fulton Sheen, une figure très médiatique, déclara que ce récit le convainquit de consacrer une heure à l’adoration chaque jour. Son discours incita de très nombreux catholiques à travers le monde à faire de même.
Saint Nicolas Pick, prêcheur eucharistique (1572)
Seriez-vous capable de défendre la doctrine de la présence réelle si cela pouvait vous coûter la vie ? En 1572, alors que le calvinisme se propageait dans sa Hollande natale, le prêtre franciscain Nicolas Pick prêchait contre le rejet des protestants de nombreuses doctrines de l’Église. Il était particulièrement attaché à la défense de la Présence réelle, qu’il considérait comme une extension dans le temps de l’Incarnation. Quand son couvent fut attaqué par les calvinistes, le père Nicolas fut une cible privilégiée. Il fut pendu avec la corde de son habit. Quand la corde rompit, les calvinistes lui approchèrent une torche brûlante au niveau de la tête et de la bouche jusqu’à ce qu’il meure.
Saint Herménégilde refusant d’adorer un morceau de pain (585)
Pour les catholiques, seules les espèces consacrées selon le rite dédié sont reconnues comme étant le corps et le sang du Christ. Ce qui signifie qu’il n’est pas possible de recevoir la communion si elle n’a pas été consacrée correctement. Pour certains, ce refus signifia la mort. Le roi wisigoth Léovigilde avait deux fils, Herménégilde et Récarède. Adeptes de l’arianisme, ils ne croyaient pas en la divinité de Jésus-Christ. Herménégilde épousa une catholique, la fille du roi des Francs Sigebert, et il se convertit. Le père d’Herménégilde entra dans une colère noire et le fit emprisonner pour qu’il abjure sa foi. Il envoya un évêque arien lui donner la communion, mais son fils refusa ce que saint Grégoire appela plus tard "la communion d’une consécration sacrilège." Le père fit tuer son fils dans sa cellule en guise de représailles.
Saint Tarcisius, brave servant d’autel (IIIe siècle)
Ce jeune garçon ayant défendu l’hostie de sa vie est devenu le saint patron des servants d’autel. Le pape Benoît XVI a raconté son histoire lors d’une audience générale réunissant des servants d’autel du monde entier : Sous les persécutions de l’empereur Valérien, les chrétiens devaient se réunir en secret pour célébrer la messe, et il devint dangereux d’apporter la communion aux très nombreux prisonniers chrétiens. Un jour, un jeune servant d’autel du nom de Tarcisius se leva et dit : "Envoyez-moi. Ma jeunesse sera le meilleur abri pour l'Eucharistie."
Le prêtre, convaincu, lui confia le précieux pain en lui disant : "Tarcisius, rappelle-toi qu'un trésor céleste est remis entre tes faibles mains. Évite les chemins fréquentés et n'oublie pas que les choses saintes ne doivent pas être jetées aux chiens ni les perles aux cochons. Protégeras-tu avec fidélité et assurance les Saints Mystères ?" "Je mourrai", répondit Tarcisius avec fermeté, "plutôt que de les céder." En route, il rencontra des jeunes qui lui demandèrent de se joindre à eux.
À sa réponse négative — ils étaient païens — ils devinrent soupçonneux et insistants et ils se rendirent compte qu'il serrait quelque chose sur sa poitrine qu'il semblait défendre. Ils tentèrent de la lui arracher mais en vain ; la lutte se fit de plus en plus acharnée, surtout lorsqu'ils apprirent que Tarcisius était chrétien : ils lui donnèrent des coups de pied, lui lancèrent des pierres, mais il ne céda pas. Mourant, il fut apporté au prêtre par un officier devenu lui aussi, clandestinement, chrétien. Il y arriva sans vie, mais il serrait encore contre sa poitrine un petit morceau de lin contenant l'Eucharistie. Il fut enterré immédiatement dans les catacombes de Saint-Calixte.