Il y a de nombreux avantages spirituels à recevoir l’Eucharistie quotidiennement. L’âme en est fortifiée et résiste plus facilement à l’attrait de futurs péchés. Saint Thomas d'Aquin explique cet effet du sacrement de l’Eucharistie dans sa Somme Théologique en formulant d'abord une objection (Tome III, question 79, article 6) :
Beaucoup, qui prennent comme il faut ce sacrement, tombent ensuite dans le péché. Cela n’arriverait pas si ce sacrement préservait des péchés futurs. L’effet de ce sacrement n’est donc pas de préserver des péchés futurs.
C'est un argument très rationnel, car tout chrétien en fait l'expérience : recevoir le corps du Christ n'empêche pas de continuer à être pécheur. Cependant, saint Thomas d'Aquin explique pourquoi ce constat ne doit pas estomper la réalité de la grâce de Dieu qui nous est donnée.
[Ce] sacrement préserve du péché […] d’abord, du fait qu’il unit au Christ par la grâce, il fortifie la vie spirituelle de l’homme à la manière d’un aliment spirituel et d’un remède spirituel, selon cette parole du Psaume (104,15) : "Le pain fortifie le cœur de l’homme." Et saint Augustin dit : "Approche sans crainte, c’est du pain, non du poison." Puis, en tant que ce sacrement est un signe de la passion du Christ, par quoi les démons ont été vaincus, il repousse toute attaque des démons. D’où cette parole de Chrysostome : "Nous quittons cette table comme des lions, en soufflant le feu, devenus redoutables au démon." (Tome III, question 79, article 6)
La solution pour se garder de futurs péchés dépend donc de l'ouverture de la personne à la grâce de Dieu.
S'ouvrir à la grâce de Dieu
L’effet de ce sacrement est reçu dans l’homme selon sa condition d’homme, comme il arrive pour n’importe quelle cause active, dont l’effet est reçu dans une matière selon le mode de cette matière. Or l’homme, dans son état de voyageur, est dans une condition telle que son libre arbitre peut s’incliner au bien ou au mal. Aussi, bien que ce sacrement, autant qu’il dépend de lui, ait la vertu de préserver du péché, il n’enlève pas à l’homme la possibilité de pécher.
Celui qui reçoit l'Eucharistie dans un état de péché, avec un cœur fermé à la grâce, continuera probablement à pécher et l’Eucharistie ne lui sera pas d’un grand secours. Cependant, celui qui est ouvert pour recevoir la grâce divine de tout son cœur, Dieu l’aidera dans ses moments de difficultés, et le protégera des tentations futures.