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Dans son livre Le courage d’être soi-même, paru en janvier 2018 aux Éditions des Béatitudes, Joël Pralong, supérieur du séminaire du diocèse de Sion en Suisse, et ancien infirmier en psychiatrie, identifie des mécanismes de défense qui agissent du plus profond de notre être, et qui nous empêchent d’être pleinement nous-mêmes dans nos relations avec les autres. Lors d’un entretien avec Aleteia, l'auteur donne des pistes pour rester soi-même, malgré ces mécanismes ancrés en nous depuis l’enfance.
Aleteia : Quels sont ces mécanismes de défense dont vous parlez dans votre livre ?
Père Joël Pralong : Les mécanismes de défense définis par la psychologie sont les comportements que nous adoptons pour nous protéger. Ce sont les remparts que nous dressons entre le monde, parfois cruel, et notre sensibilité vulnérable. Nous les avons érigés depuis notre petite enfance, et on les retrouve en principe chez tout le monde, dans nos réactions face à l’adversité. Cela va du caméléon, qui nie ses propres pensées pour se conformer à celles de la personne qui est en face de lui, au berger allemand, qui réagit en agressant son interlocuteur ! Tous ces mécanismes de défense sont révélateurs de blessures, et empêchent une véritable communication. Ils nous empêchent d’être nous-mêmes, ils nous manipulent et peuvent manipuler les autres. Lorsqu’ils sont disproportionnés par rapport à la réalité, ils deviennent vraiment handicapants.
Comment les annihiler, puisqu’ils nous handicapent dans nos relations avec les autres ?
On ne guérit pas de nos blessures, en revanche, et c’est l’objectif de mon livre, on peut en prendre conscience, on peut les dépasser, on peut s’en faire des alliées. On ne peut pas prétendre se libérer de nos mécanismes de défense, parce qu’on vit dans un monde où l’on est continuellement en combat. Donc on doit se protéger. Et les mécanismes de défense sont comme les anticorps dans le sang : ils ne dépendent pas de nous. Il faut que ces anticorps existent pour faire front au virus. Notre être psychique fabrique des mécanismes de défense pour faire front à ce qui nous arrive.
Tout l’enjeu est de prendre conscience de ces mécanismes de défense lorsqu’ils nous handicapent, et ce notamment grâce aux remarques des autres. Il arrive qu’on nous dise : « Avec toi, on n’arrive jamais à parler sérieusement, tu tournes tout en dérision ! » ou « Pourquoi réagis-tu toujours sur la défensive comme si je t’agressais ? » Ce sont des signes qui doivent nous alerter, pour commencer un travail sur soi.
Comment mener ce travail sur soi et apprendre à être soi-même ?
La psychologie peut nommer, faire prendre conscience, mais elle n’est pas suffisante pour combattre. C’est là où la spiritualité est intéressante parce qu’elle nous donne des pistes pour se purifier. Les vertus, les sacrements, un accompagnement spirituel, l’action de l’Esprit saint prennent ici tout leur sens. L’accompagnement spirituel ne remplace pas l’accompagnement psychologique, ils sont complémentaires. Mais parfois, on reste trop cantonné à la sphère psychologique, et on oublie de s’ouvrir à l’aide de Dieu. Or plus on est en Dieu, plus on devient Fils, et plus l’Esprit saint nous éclaire. Apprendre à être soi-même, c’est avoir le courage d’être à l’écoute de ce que les autres me disent, de ce que je ressens, de s’ouvrir à Dieu. Laisser Dieu m’éclairer et me purifier demande de l’humilité. Apprendre à être soi-même est une quête de la vérité, c’est un travail de toute une vie !
Pratique