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Se donner un coup de poing, se battre pour la télécommande, casser le jouet de l’autre ou s'insulter lors d'une dispute. Loin d’être anodine, la violence entre frères et soeurs demande à être prise au sérieux, gérée au mieux pour éviter de s’enliser dans une situation extrême. Anne-Claire Kleindienst, maman de quatre enfants, psychologue clinicienne et co-auteure de Petit décodeur illustré de l’enfant en crise (éditions Mango), dévoile les clés pour répondre à la violence d’un enfant et mieux la comprendre.
Aleteia : Pourquoi un enfant est-il violent ?
Anne-Claire Kleindienst : La violence trouve ses racines dans un désordre émotionnel, dans l’insécurité. Un enfant qui est violent a quelque chose qui se passe en lui. Il se sent menacé, peut-être par ses propres émotions, il a un chahut émotionnel qu’il ne sait pas gérer. Il ne peut pas ou ne sait pas maîtriser, il n’a pas encore trouvé ou appris à réagir. Ce mouvement atterrit sur l’autre, que ce soit un objet ou une personne.
La violence évolue t-elle selon les âges ?
La perception de la violence est variable selon les âges. Par exemple, un enfant de 2 ans qui mord a peut-être besoin encore d’apprendre à réagir autrement. C’est une tension interne, de l’ordre de la menace. Il peut vouloir défendre son territoire, avoir une confusion d’émotions. Un enfant de 10 ans qui mord a un souci.
Comment se manifeste la violence chez un enfant ?
On remarque plusieurs types de violences. Le geste immédiat, la violence impulsive et spontanée. Souvent notée chez les petits ou plus tard chez les grands qui n’ont pas d’outils pour réguler leurs émotions. À partir d’un certain âge, la violence devient calculée, pensée. Elle est liée au harcèlement, à la domination et se révèle être une stratégie pour exister, s’affirmer. On pense alors que pour avancer dans la vie, il est nécessaire de s’appuyer sur les autres, de les dominer.
Quels sont les conséquences de la violence ?
Plus on fait entrer la violence dans nos vies, plus on l’autorise. On se met à fonctionner en mode réflexes et on refait ce que l’on a déjà fait. Ce n’est pas anodin de voir autant de violences dans les cours de récréation, devant le portail de l’école, etc. Les enfants réagissent par automatisme, ils n’ont pas encore mobilisé leur capacité à faire autrement. Ils n’ont pas pris la décision de se retirer, ils ne sont pas acteurs de leur propre vie. C’est un apprentissage pour gérer ses émotions, comprendre que lorsque je n’arrive pas à les maîtriser, je me retire.
Comment gérer la violence au sein d’une fratrie ?
Dans les violences au sein d’une fratrie, 80% des disputes sont pour attirer l’attention des parents. Ces derniers doivent comprendre qu’on se dispute quand il y a du lien. Quand on se frotte, il y a parfois des étincelles mais on apprend plein de choses. C’est un sentiment insupportable de voir ses enfants se disputer mais c’est une façon de se confronter. On nous convoque pour être arbitre mais on ne sait pas ce qu’il vient de se passer. Mieux vaut leur dire qu’ils sont capables de s’arranger entre eux en leur disant : « Je vous ai vus et c’est pas ok. » Quand il y a de la violence, on sépare, on désamorce et on rappelle que ce n’est pas bien, tout en restant un gardien vigilant.