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Diacre au IVe siècle en Espagne, Vincent est souvent représenté avec un lit de fer à pointes aiguës, des ongles de fer et une meule. Quelques-uns des outils utilisés pour la torture qu'il a subi, pratique dont furent victimes plus d’un millier de chrétiens en Espagne sous Dioclétien. On le représente aussi encadré de deux ceps de vigne portant des grappes de raisin, en allusion à son culte très répandu dans les pays des vignobles qui fait de lui le saint patron des vignerons. Certains affirment que ce patronage ne serait que le résultat de quelques jeux de mot — Vincent et vin-sang comme le sang de la vigne ou symbole du sang du Christ — ou pour ses tâches liées au vin.
"La puissance de Dieu" à l’œuvre
Vincent est un homme cultivé. Il vient de la noblesse, mais plus noble encore est son engagement envers Dieu et son service auprès des pauvres. Quand il est arrêté à Valence avec son évêque, Valère, et qu’on lui ordonne d’adorer l’Empereur, il refuse net. Il sait qu’il va subir comme tant d’autres des tortures, ces tortures abominables qu’on fait subir aux chrétiens en temps de persécutions. La sienne est particulièrement longue et douloureuse.
Mais il résiste en chantant, en riant et en répondant avec humour aux humeurs de son tortionnaire, comme le rapportent non seulement saint Augustin et Prudence (348-415), le poète lyrique chrétien des premiers siècles, mais aussi Mais comme raconté également par le dominicain italien Jacques de Voragine dans sa Légende dorée à force de détails :
Et lorsque l’on eut rompu les membres du saint, le gouverneur lui dit : “Hé bien, Vincent, voilà ton misérable corps dans un bel état !” Mais le saint lui répondit en souriant : “C’est ce que j’ai de tout temps souhaité !” Dacien, exaspéré, le menaça d’autres supplices, s’il persistait à ne pas céder. Mais Vincent : “Insensé, plus tu crois te fâcher contre moi, plus en réalité tu as pitié de moi. Laisse-toi donc aller à toute ta malice ! Tu verras que, avec l’aide de Dieu, j’aurai plus de pouvoir dans les supplices que toi en me suppliciant !” (…) Et Dacien lui dit : “Vincent, aie pitié de toi ! Tu peux encore recouvrer ta belle jeunesse et t’épargner d’autres supplices qu’on apprête pour toi !” Mais Vincent : “Langue empoisonnée, je ne crains pas tes tourments (…) plus je te vois furieux, plus grand est mon plaisir. Garde-toi de rien atténuer aux supplices que tu me prépares, afin que j’aie plus d’occasions de te montrer ma victoire !”.
Une "couronne" bien méritée
Vincent est mort le 22 janvier 304, non pas sous les tortures subies longuement mais jeté encore vivant sur des tessons pointus, au fond d’un cachot. La résistance de Vincent relève de l’incroyable, au point que saint Augustin dira de lui : "À travers cette ténacité, on discerne la puissance de Dieu". Et ce n’est pas fini !
Après sa mort, n'ayant pu le vaincre de son vivant, et craignant que l’exemple qu’il avait voulu donner ne se transforme en martyre exemplaire pour les chrétiens, on raconte que le gouverneur de Valence a fait subir à sa dépouille tous les acharnements possibles. Il l’a d’abord laissée en pâture aux bêtes sauvages dans un lieu désert. Mais là encore, un loup ou un corbeau aurait défendu son corps contre des rapaces. Puis il a fait lester son corps de pierres et l’a fait jeter en pleine mer, mais la dépouille est revenue près du rivage. Vincent a gagné ! Il a pu s’envoler alors au ciel pour recevoir la couronne du martyre.