L’écrivain Christophe Ferré nous plonge dans un polar percutant !
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Ferré, Grand Prix de la Nouvelle de l’Académie Française, se définit lui-même comme “écrivain” et “ghostwriter”. Cette dernière dénomination suppose une grande facilité de “plume”, ou pour mieux dire de “clavier”, et il n’en manque certes pas. Aidé par de nombreuses personnes “formidables” qu’il remercie en dernière page, il n’a surement pas été long à écrire ce pavé, si l’on en juge par l’abondance des allusions à l’actualité la plus récente. Lui, l’admirateur de Proust et de Péguy, qu’il cite, a écrit son texte dans le style familier, voire proche de la vulgarité, de beaucoup de polars. Son héroïne, par exemple, “a les nerfs en compote”… “n’en mène pas large”… et il y a de quoi, car l’auteur, qui ne manque pas non plus d’imagination, la place dans les circonstances les plus terrifiantes.
De la tunique des rois mages au Saint Suaire
De quoi s’agit-il au juste et qu’est-ce que la cathédrale de Chartres a à révéler au monde de si important que son salut en dépend ? Que dès le XIIe siècle, architectes, sculpteurs et artistes verriers, multipliant le nombre trois dans leur œuvre, ont voulu célébrer quoi ? la Sainte Trinité ? Bien sûr, sans doute… mais surtout les trois rois mages, représentant les trois religions monothéistes, et ils ont voulu signifier que ces trois religions doivent s’entendre pour coexister pacifiquement, faute de quoi les méchants marchands d’armes continueront à entretenir de lucratives guerres et ce sera une catastrophe planétaire. Dès le XIIe siècle vraiment ? Oui, oui, et même bien avant, puisque le précieux reliquaire enfoui au plus profond de la crypte remonte à l’époque carolingienne et contient les trois tuniques des trois rois mages. Ces tissus ont enveloppé l’enfant Jésus, et l’un d’eux, ô merveille ! est marqué du Croissant, l’un des trois rois ayant prévu et prophétisé la survenance, sept siècles plus tard, de l’islam. Aucun doute ! Le carbone 14 qui a si mal fonctionné pour le Saint Suaire est catégorique : ils ont été tissés en Orient cinquante ans avant la naissance du Christ.
Chartres, en pleine période de croisades
Comment Christophe Ferré s’y prend-il pour nous faire avaler cela ? Originaire de Chartres et connaissant bien la ville et sa région, bien informé des récentes découvertes archéologiques, il crée un effet de vérité en situant très précisément tous les épisodes de son récit. Un touriste curieux pourrait en refaire l’itinéraire. D’autre part, il échafaude son hypothèse sur une découverte effectivement surprenante. Le nettoyage de la grande verrière occidentale qui date du XIIe siècle a révélé que sur le panneau situé à gauche de la nativité, les trois rois mages apportent au Christ un dinar, et que sur cette monnaie est inscrite la première partie de la chaada : “Il n’y a de Dieu que Dieu” (mais pas la suite. Chartres ne proclame pas que Mahomet est son prophète). Vraiment surprenant ? Pas tant que cela, à une époque où Pierre le Vénérable (1095-1156) abbé de Cluny, traduit le Coran pour mieux le réfuter, et où saint François d’Assise (1181-1226), dans sa règle prévoit d’envoyer des missionnaires en terre d’islam et rencontre lui-même le sultan. On peut donc voir dans cette curieuse inscription, en pleine période de croisades, l’espoir de controverses fructueuses avec les musulmans, sur la base du monothéisme, et de leur conversion possible. De là à faire des artistes chartrains les prophètes du pacifisme et de l’œcuménisme du XXIe siècle. Il y a tout de même une distance…
Thriller mystique
Donc il imagine le personnage d’une américaine nommée Mary (pleine de grâce !) que son très jeune âge n’empêche pas d’être une archéologue confirmée, parfaitement francophone et compétente en histoire du Moyen-Age, travaillant sur le chantier de Chartres, aux prises avec un secte très puissante qui assassine successivement trois personnages masculins qui la mettent sur la voie du secret de la mystérieuse relique, et qui se révèle être l’émanation d’une multinationale spécialisée dans la fabrication et la vente des armes, dont le siège est en Amérique et qui a infiltré en France jusqu’à la police ! Bien entendu, on ne croit pas une minute à l’existence possible d’un tel personnage, mais on peut s’amuser de ses aventures et découvertes successives, et même “trembler” à la fin, puisque c’est un “thriller”. La couverture le qualifie même de “mystique”. En fait aucun des personnages n’est à proprement parler “mystique”si ce n’est que les gogos qui se sont laissé enrôler dans la secte et la trahissent, croient réellement à l’existence et à l’importance de la relique cachée. Quant à l’écrivain Ferré, on apprend incidemment qu’ il croit à l’authenticité du Saint Suaire et à la réalité des miracles de Lourdes. On peut donc le présumer catholique. Un catholique préoccupé de la situation actuelle du monde et partisan du “vivre ensemble”, donc une personne assez dans la ligne de notre pape François qui a trouvé ce moyen de faire passer des idées “correctes” qui ne lui causeront aucun tort.
Eh ! bien, bonne chance Christophe Ferré ! On vous souhaite de gagner avec ce livre autant d’argent que Dan Brown avec son Da Vinci Code…
La révélation de Chartres, thriller mystique de Christophe Ferré. Éditions Salvator, 333 pages, 21 euros.