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Visiter un musée avec ses enfants… sans les entendre râler

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Edifa - publié le 18/09/20 - mis à jour le 17/09/21
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À l’occasion des Journées du patrimoine, ces 18 et 19 septembre, Aleteia vous propose quelques clés pour transformer une visite didactique en invitation au voyage.

À l’occasion des Journées du patrimoine, ces 18 et 19 septembre, Aleteia vous propose quelques clés pour transformer une visite didactique en invitation au voyage.

« Pour réussir à entraîner les enfants au musée, il faut vraiment que je sois très en forme ! », soupire Astrid. Mais pourquoi se faire un monde du musée, et imposer d’emblée une intention intellectuelle à la visite ? « Il y a une manière excessivement didactique d’emmener l’enfant au musée, avec des passages obligés. Mais on peut aimer un petit tableau inconnu, l’adulte doit se laisser bousculer et provoquer une rencontre personnelle entre l’enfant et l’œuvre », assure Dominique Gauthier, conférencière indépendante. Pourquoi ne pas lâcher l’enfant à l’entrée d’une salle pour qu’il choisisse le tableau devant lequel il a envie de s’arrêter ? L’image reste le point de départ, la priorité. L’objectif est qu’un enfant s’approprie un tableau, le contemple, le décrive. « Les parents veulent trop montrer. La durée idéale se situe entre vingt minutes et trois quarts d’heure, même pour des adolescents. » Les enfants n’ont pas la concentration nécessaire pour regarder correctement plusieurs œuvres d’affilée.

Pour les plus jeunes, la priorité n’est pas d’informer sur la vie des peintres ou d’indiquer le mouvement artistique dans lequel s’inscrit le tableau ou la sculpture… L’idée est de familiariser l’enfant avec un lieu où il pourra se faire « des amis », qu’ils s’appellent Michel-Ange ou Vincent van Gogh. Quitte à le frustrer… et lui donner envie d’y retourner. C’est la raison pour laquelle la manière dont on présente le musée à l’enfant est primordiale. D’abord, les enfants étant des éponges, ils apprécieront ce que leurs parents aiment. Inutile pour les parents allergiques à l’art contemporain, au début tout du moins, de les emmener dans les biennales avant-gardistes.


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De même, un jour de pluie ou de mauvaise humeur, la visite aura moins de chance de leur laisser un bon souvenir. En revanche, si les adultes ont préparé ce moment, par exemple en montrant des tableaux sur un livre, ils auront sollicité la curiosité des plus jeunes. « Il y a quelque chose d’excitant à se rendre exprès quelque part dans le but d’y regarder quelque chose de spécial », confirme Françoise Barbe-Gall, historienne d’art.

Quand commencer les visites « poussées » au musée ?

À 8-10 ans, les enfants peuvent se diriger eux-mêmes dans le musée, retrouver le tableau de l’affiche et lire les cartels. Et comme leur univers visuel est peuplé de personnages héroïques ou violents, qui illustrent le bien et le mal, ils aiment les situations d’affrontement, les héros peints ou sculptés, les tableaux de l’Ancien Testament, de la mythologie, ce qui fait rire, ce qui fait peur, les figures étranges ou monstrueuses, l’image de la vie quotidienne d’autres époques.

Ils apprécient les personnages, mais aussi les menus détails. Ils cherchent les animaux et les objets dans les images. Ils apprécient de retrouver dans les tableaux les gestes qu’ils côtoient quotidiennement, à la cuisine ou dans le salon, et les fêtes qu’ils célèbrent. Les enfants s’approprient ainsi ce qu’ils regardent. À l’adulte ensuite de rebondir : « As-tu déjà vu des choses qui ressemblent à ça ? » Commencer par des œuvres « faciles » n’est pas obligatoire. Pourquoi ne pas amener directement les petits aux « classiques » ? « Les enfants sont confrontés de plus en plus à la laideur, au graphisme parfois affreux des jeux vidéo, il n’est jamais trop tôt pour leur montrer la beauté », juge Dominique Gauthier.

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© Shutterstock

Faire davantage entrer le musée à la maison

À partir de 11 ans, les enfants sont fiers d’apprendre le vocabulaire des connaisseurs. On pourra « les aider à dégager certaines notions comme clair / sombre, lourd / léger, transparent / opaque… », assure Françoise Barbe-Gall. Et les inciter à s’intéresser à la personnalité de l’artiste et au mouvement auquel il appartient. Il sera facile de s’appuyer sur le catéchisme, le programme scolaire et les dates historiques pour présenter une scène biblique, un portrait d’homme politique, une bataille militaire… Plus ils iront au musée, plus ils seront fiers de pouvoir créer des passerelles entre les œuvres. Parmi les impressionnistes, ils aimeront savoir différencier Renoir, Monet et Degas.

À partir de 14 ans, on peut encourager les adolescents à s’y rendre seuls. Et aussi faire entrer le musée à la maison – en les abonnant par exemple, pour leur anniversaire, à une revue d’art spécialisée. Et le soir de la visite, pourquoi ne pas organiser un mini-débat à table ? Au programme, une série de questions : pour ou contre tel ou tel tableau ? Quelle œuvre vous a le plus impressionnés ? L’actualité – tels les défilés de mode qui utilisent des « Vierge à l’Enfant » sur les robes, ou la destruction d’œuvres majeures par des terroristes dans le monde – peut être une bonne source de discussion. Les enfants aiment bien aller à l’exposition du moment, dont ils voient les affiches dans la rue.

Les tout-petits peuvent aussi aller au musée

Souvent, les parents se découragent d’emmener leur aîné, car les petits sont trop jeunes. Mais il y a des moyens pour que les frères et sœurs trop petits ne soient pas en reste. On peut les installer en face d’un tableau et leur demander d’y chercher un animal ou une couleur particulière. À la fin d’une visite, chaque enfant s’achètera une carte postale, ou dessinera lui-même une œuvre qu’il a aimée, à coller dans un carnet ou à laisser traîner dans un tiroir. Quand il tombera dessus par hasard, la visite lui reviendra. Il forgera ainsi son monde intérieur, doublé d’une géographie intime familiale.


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Il ne faut pas perdre de vue que le goût pour l’art ne doit pas être un devoir scolaire pour cultiver à tout prix des Picasso en herbe… On peut aimer Van Gogh parce qu’on feuilletait un album du peintre chez ses grands-parents, l’art moderne parce qu’on a goûté à la liberté et à la drôlerie d’installations éphémères en plein air, et Degas pour une affiche punaisée dans un couloir d’école… Aller au musée n’est pas qu’une formation intellectuelle ou historique, mais la création de souvenirs communs et de moments privilégiés partagés.

Olivia de Fournas

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