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Lettre à… un ami qui vit sa vieillesse comme un naufrage (4/5)

OLD, MAN, WRINTING
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Edifa - published on 28/08/20
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Pendant cette période estivale, Aleteia vous propose de découvrir cinq lettres qui vous feront voyager à travers les différents âges de la vie. Aujourd’hui, plongez-vous dans l’avant-dernier courrier de cette série, destiné à une personne âgée, qui n’a plus rien d’autre à attendre que la mort.Cher ami,

Tu aimes bien les paroles que chante Michel Sardou : « La vie, la mort, on entre on sort c’est tout ». C’est tout ? Mais c’est déjà si grand de vivre et de mourir ! Notre vie s’avance en procession, portée par une multitude de visages invisibles, ceux qui nous ont aimés, ceux qui soutiennent notre pèlerinage ici-bas et parfois nous adressent un signe comme un sourire de l’au-delà. La mémoire des défunts est toujours plus qu’une photo jaunie. Elle est toujours une « mémoire d’outre-tombe », non pas surgie du passé, mais descendue de l’éternité, qui vient à nous d’au-delà de la mort comme une grâce qui nous aide à vivre, car ce « pont des morts » est nécessaire à la marche des vivants.

Nous gardons leur mémoire comme des stèles pour paver nos vies et comme des sentinelles de l’espérance. Certains disent qu’ils sont partis trop tôt… Mais que signifie « trop tôt » ? Y a-t-il un « trop tard » ? C’est parce qu’ils ont peur de partir « trop tard » que certains veulent choisir leur mort, pour « mourir debout » comme le chantait Jean Ferrat, pour « mourir sur scène » avec Dalida, pour ne pas voir sa déchéance. On a exercé la volonté de puissance sur la vie naissante, on veut maintenant l’exercer sur le mystère du dernier souffle.

« Moi, j’aime l’homme ! » dit Al Pacino qui joue Satan dans L’Associé du diable… Derrière cette philanthropie satanique se cachent le refus de la vulnérabilité et la dureté d’un orgueil qui refuse de passer par la porte des humbles. « Ils prennent l’étiolement de leur âme pour de l’humanisme et de la générosité », écrivait Stendhal. « La vieillesse est un naufrage », disait le général de Gaulle. Et si elle était aussi le noviciat du Ciel, où l’homme apprend enfin à consentir à l’impuissance et à dépendre de Dieu ?

Il faudra bien diminuer, si l’on veut que le Christ grandisse en nous. Et le vieillard ne retombe pas en enfance, il y remonte. « Certes ma vie est déjà pleine de morts, écrit Georges Bernanos. Mais le plus mort des morts est le petit garçon que je fus. Et pourtant, l’heure venue, c’est pourtant lui qui reprendra sa place à la tête de ma vie, rassemblera mes pauvres années jusqu’à la dernière, et comme un jeune chef ses vétérans, ralliant la troupe en désordre, entrera le premier dans la maison du Père. »

Père Luc de Bellescize


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