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Les murs de l'abbaye d'Oelenberg sont désormais silencieux. Le 8 juin 2024, les moines cisterciens présents depuis 1825 dans ce haut-lieu spirituel alsacien, situé non loin de Mulhouse, ont en effet quitté les lieux, comme l'avait annoncé la communauté sur son site internet.
Ce départ signe la fin d'un millénaire de présence monastique, puisque l'abbaye avait été fondée en 1054 par la mère du pape Léon IX, Heilwige de Dabo, comtesse d'Eguisheim. Elle avait d'abord été occupée par des chanoines réguliers de Saint-Augustin. Les moines de l’Ordre cistercien de la stricte observance, également appelés trappistes, avaient rejoint les lieux quelques temps après la Révolution française. Alors qu'ils étaient 200 au XIXe siècle, huit continuaient à occuper le lieu en 2023, dont quatre jeunes moines en formation. La communauté était privée de père-abbé depuis le départ de Dom Dominique-Marie Soch à l'âge de 75 ans, en 2017. Ce manque de relève "ne permettait plus aux frères de mener la vie monastique à Oelenberg conformément à la Règle de saint Benoît, dans des conditions adaptées à la formation des jeunes frères et matériellement satisfaisantes", selon l'abbaye et le diocèse de Strasbourg. En mars, la communauté s'était déjà décrite "à bout de forces". Et pour cause : 25 000 m²de bâtiments sont à entretenir. Si des travaux ont été entamés dès 2020, le chantier est loin d'être terminé.
L'avenir de l'abbaye en suspens
"Du temps a été donné aux moines pour discerner librement ce que Dieu attend d’eux", poursuit le diocèse de Strasbourg au sujet de l'avenir des moines de l'abbaye. Ces derniers ont effectué une retraite de deux mois dans différents monastères de l’Ordre jusqu’au dimanche de Pentecôte : à l'abbaye Notre-Dame de Timadeuc (Morbihan), Notre-Dame d'Acey (Jura), au Mont-des-Cats (Nord) et à Notre-Dame de Scourmont (Belgique). C'est dans chacune de ces communautés cisterciennes que les moines seront accueillis pour poursuivre leur vie monastique. Si les moines sont bien partis, une messe dominicale continuera d’être célébrée dans la crypte de l’abbatiale. Le moulin qui fabrique la farine d’Oelenberg, ainsi que le magasin monastique de l'abbaye, poursuivent leurs activités grâce à une équipe de salariés sur place.
Mais quel avenir pour le site de l'abbaye ? Celui-ci demeure, pour l'instant, incertain. Si le diocèse de Strasbourg et la communauté ont tenu à rassurer en affirmant que "l’Ordre cistercien de la stricte observance et le diocèse préparent (...) un avenir chrétien sur le site du monastère", il reste cependant "quelques questions importantes à clarifier et les moines attendent que leur abbé général confirme leurs intentions." Désormais, seule l'abbaye de Baumgarten qui compte une douzaine de moniales cisterciennes assure une présence trappiste en Alsace.