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Comment cette chapelle française du XVe s’est retrouvée un beau jour à Milwaukee

SAINT JOAN OF ARC CHAPEL
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Zelda Caldwell - Bérengère Dommaigné - publié le 03/06/24
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Aussi surprenant que cela puisse paraître, la chapelle sainte Jeanne d’Arc que l'on peut voir à Milwaukee (Wisconsin) date bien du XVe siècle. Ce sanctuaire, initialement édifié dans la région de Lyon, a, en réalité, été démonté pierre par pierre deux fois au cours de ses presque 600 ans d'existence.

La chapelle Jeanne d'Arc est le seul édifice catholique du XVe siècle encore en activité aux États-Unis. Un cœur battant né en France, mais qui a "voyagé" en Amérique, d’abord à New-York puis à présent au cœur du campus de l’Université Marquette à Milwaukee. Voilà l’étonnante histoire de cette chapelle construite aux alentours des années 1420 à Chasse-sur-Rhône en France, puis transportée pierre par pierre aux États-Unis en 1927. 

À l'origine, cette chapelle - construite sur plusieurs générations - s'appelait la chapelle Saint-Martin de Sayssuel, sise à Chasse-sur-Rhône (Rhône). Jeanne d’Arc y serait passée, dit-on, pour prier le 9 mars 1429, juste après avoir rencontré le roi Charles VII, et avant de partir lever le siège d'Orléans (1428-1429). Cela parait peu probable, mais les siècles passent et avec la Révolution, la chapelle est abandonnée et tombe dans un état de délabrement avancé. Ce n’est qu’en 1920 qu’elle est redécouverte par l'architecte et historien Jacques Couelle, qui va documenter l'édifice, le photographier et dénombrer chacune de ses pierres. Des plans et des calculs qui vont permettre par la suite de déplacer la chapelle à l'autre bout du monde… 

C’est ainsi qu’1927, Gertrude Hill Gavin, pieuse fille d'un richissime magnat américain des chemins de fer, décide d’acheter cette chapelle et de la faire tout simplement transporter dans le parc de la propriété de sa famille, un château français qu'elle a également acheté et transporté, à Long Island, dans l'État de New-York. C’est d'ailleurs peu de temps après ces déménagements spectaculaires que la France promulguera une loi interdisant de telles pratiques, afin de protéger le patrimoine culturel du pays ! Mais pour l’heure, la chapelle est partie en Amérique et le seul vestige qui reste d’elle à Chasse-sur-Rhône est la base de son clocher. 

La pierre de Jeanne d’Arc 

Gertrude Hill Gavin est une grande croyante et en 1933, elle reçoit l'autorisation du pape Pie XI de pouvoir célébrer la messe dans la chapelle qu’elle vient de faire reconstruire, cette lettre est d’ailleurs toujours affichée dans la nef aujourd’hui. Très attachée à la figure de Jeanne d'Arc, Gertrude Hill Gavin a acquis, en plus de la chapelle, un autel du XIIIe siècle dans lequel est enchâssée “la pierre de Jeanne d'Arc”, dont l'authenticité a été reconnue par l'inspection générale des monuments historiques. La légende raconte ainsi que Jeanne se tenait sur cette pierre lorsqu'elle pria devant une statue de la Vierge Marie pour le succès de sa mission. Elle s'y est agenouillée à la fin de sa prière et l’a embrassée. Depuis, au toucher, cette pierre est plus froide que celles qui l'entourent. 

De Long Island à Milwaukee

Mais l’histoire de cette chapelle Jeanne d’Arc est encore loin d’être finie ! En 1962, Gertrude Hill Gavin vend le château et la chapelle. Cinq jours avant l'emménagement des nouveaux propriétaires, le château est dévasté par un incendie, mais la chapelle est miraculeusement épargnée. Les nouveaux propriétaires, les Rojtman, décident alors d’en faire don à l'université Marquette, une université jésuite, située à Milwaukee, à 1.500 kilomètre ! De nouveau, voilà que des ouvriers vont passer neuf mois à démonter la chapelle, pierre par pierre, à les étiqueter puis à les charger sur les camions pour se rendre dans le Wisconsin, sur le campus. Soit 30 tonnes d'éléments historiques en pierre et 18.000 tuiles en terre cuite, puis de nouveau huit mois de “reconstruction”. Sacrés Américains ! La chapelle ouvre alors ses portes au public étudiant à partir de 1966. La nef a été agrandie, le chauffage au sol installé et des vitraux, inspirés de la Sainte Chapelle de Paris, ont été ajoutés. Depuis lors, elle continue à attirer chaque semaine des centaines de fidèles. "Cette chapelle est un cœur sacré né dans la France médiévale qui bat et qui reste un pôle d'attraction surtout dans les moments de joie et de peine", indique ainsi le site internet de l’Université américaine, pas peu fière de cette histoire millénaire !

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