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Un énième livre sur le combat spirituel peut-il apporter quelque chose de nouveau ? C’est le défi qu’a relevé don Louis-Hervé Guiny, assistant général du modérateur de la communauté Saint-Martin, en publiant ce mois-ci Un chemin de liberté pour tous : le combat sprituel (Mame). Un ouvrage qui aborde le combat spirituel sous un angle très pratique – la lutte entre le bien et le mal concerne tout le monde, quotidiennement – mais aussi très positif. Le combat consiste moins à lutter contre le mal qu’à choisir le bien, moins à combattre le diable qu’à se tourner vers le Christ. "Ne luttons pas pour chasser les ténèbres de la chambre, mais ouvrons plutôt la petite fenêtre de la grâce pour laisser entrer la lumière", engage don Louis-Hervé Guiny. Un changement de perspective qui rend le combat spirituel bien plus accessible.
Aleteia : Le combat spirituel n’est-il pas réservé à certains croyants, très mystiques, très pieux, en prise avec le diable qui les persécute en raison de leur foi si profonde ?
Don Louis-Hervé Guiny : Non, le combat spirituel n’est pas réservé à une élite. Tout au long de notre existence, quel que soit notre état de vie, nous sentons se dérouler quotidiennement en nous, une lutte entre le bien et le mal. "Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas" (Rm 7, 19), constate déjà saint Paul. Deux mille ans plus tard, nous en sommes toujours là ! Trop longtemps, on a associé le combat spirituel à de grands combats mystiques alors qu’il commence dans des situations toutes simples. C’est cet enfant qui ment, cette lycéenne qui fait défiler des vidéos sur les réseaux sociaux alors que ses devoirs l’attendent, ce couple qui ressasse ses rancœurs à la table du dîner, ce prêtre qui a du mal à se réjouir pour un confrère qui vient de vivre une belle réussite pastorale, ce père de famille qui rentre volontairement tard du travail…
Pourquoi y a-t-il nécessairement un combat ?
A partir du moment où l’on peut exercer sa liberté, où l’on a cette capacité à faire le bien mais aussi à se détourner du bien, il y a une idée de combat. Le combat naît avec l’exercice de notre liberté. Il commence dans la vie de tous les jours, parce que tous les jours, on vit notre relation à Dieu, donc tous les jours, on engage notre liberté. Chacune de nos actions concourt au bien ou au mal : le combat se trouve dans cette liberté d’orienter nos actions et nos pensées. Mais le bien et le mal ne sont pas au même niveau : le bien, c’est Dieu, nous sommes faits pour le bien, nous avons le désir du bien mais il y a en nous cette inclination au mal. Notre liberté nous pousse vers ce qui est bon mais à cause de notre faiblesse, de nos blessures, on peut dévier et rater sa cible. En hébreu, "pécher" signifie justement "manquer sa cible".
Mais alors, notre vie se réduit-elle à un combat incessant contre le mal ?
Non. L’exercice de la liberté ne se réduit pas au combat spirituel. Il peut se faire paisiblement, sans avoir à mener un combat rude ou violent. En effet, à certains moments, le choix du bien et la facilité à faire le bien est spontané, naturel et joyeux. Le combat n’est qu’un des aspects de l’exercice de notre liberté. Notre liberté est bien plus grande. Et puis plus on grandit dans la liberté et dans les vertus, plus certains combats disparaissent. D’autres apparaissent parfois ! Il y a toujours des combats.
Pour parler du péché, vous citez la Genèse en disant que "le péché est accroupi à la porte de notre cœur" (Gn 4, 6-7). Le péché est-il extérieur ou intérieur à l’homme ?
Le péché n’appartient pas à la nature de l’homme - nous sommes nés dans le bien, pour le bien - mais il appartient à notre existence. Le péché est extérieur à l’homme pour une part puisqu’il est "accroupi à la porte" de son cœur, mais il peut aussi naître du dedans, d’un cœur marqué par le péché. L’homme demeure libre de s’y soumettre ou, ouvert à la grâce, de le dominer. Le péché est cette inclination à faire le mal, ce détournement, par fragilité ou par blessure. Mais même chez le pire des pécheurs, il y a cet appel à la miséricorde. Il y a toujours cette étincelle de l’âme dans le cœur de l’être humain qui fait qu’il peut revenir vers la source de son être.
Avec le combat spirituel, Dieu met-il l’homme à l’épreuve ?
En théologie, on parle de la permission du mal. Dieu ne peut pas vouloir le mal, Dieu est sans idée du mal, Dieu permet des épreuves, et c’est vrai que c’est mystérieux. Mais dans cette permission, Dieu ne nous éprouve jamais au-delà de nos forces. Il enverra toujours des grâces à celui qui les lui demandera.
A quoi bon le combat spirituel ? Qu’y gagne-t-on au juste ?
Le combat est inévitable, il est inhérent à la nature humaine. Il n’y a pas de déploiement de la liberté sans passer par l’expérience du combat. Ce qu’on y gagne ? La joie de la victoire. Victoire d’une liberté retrouvée. Cela dynamise la vie spirituelle. Il y a certes des victoires, mais il peut y avoir aussi des échecs. Mais même au milieu des échecs, il y a toujours la miséricorde. Soulignons aussi qu’on ne peut pas mener tous les combats d’un coup. Il est bon de se demander quels sont les combats prioritaires. Par exemple, pendant le carême, identifions le combat que nous avons envie de mener cette année. Et rassurons-nous, de la même manière que le péché est en cascade, la grâce aussi est en cascade : si on remporte telle victoire, d’autres vont en découler.
L’Esprit saint est un allié dans ce combat à mener. Quel est son rôle ? De quelle manière intervient-il ?
L’Esprit saint est cette force que nous recevons le jour de notre baptême, puis de notre confirmation, et qui agit en nous. Son action ne se réduit pas à des émotions ou à des expériences sensibles. C’est quotidiennement que l’Esprit saint agit en nous. Souvent, on sait l’invoquer, mais rarement on le remercie. Or faire preuve de gratitude à l’égard de l’Esprit saint est une manière de prendre conscience de son action quotidienne en nous : plus je rends grâce, plus je me rends compte que c’est avec Dieu que j’ai fait certaines choses. Mais la plus grande manière de croire que l’Esprit saint est en nous, c’est en exerçant la charité. "L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné", nous dit saint Paul (Rm 5, 5). Quelque chose de cette vie de l’Esprit passe par la charité. Enfin, la paix, la joie et la miséricorde sont les signes qu’il y a vraiment une vie de l’Esprit en nous.
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