Pour l’élection présidentielle d'Indonésie qui aura lieu le mercredi 14 février prochain, les électeurs sont invités à se rendre dans leurs bureaux de vote, ouverts seulement le matin, entre 7 heures et 13 heures. Des horaires pendant lesquels pourraient avoir lieu les offices du Mercredi des cendres. Alors, soucieux que les fidèles catholiques ne manquent pas l'occasion de participer à ce vote important pour la vie démocratique du pays, les évêques indonésiens ont pris la décision exceptionnelle de modifier le calendrier liturgique et de déplacer le Mercredi des cendres à un autre jour de la semaine.
Mardi, jeudi ou dimanche
Il faut dire que dans ce pays à très forte majorité musulmane (près de 87%), et qui compte 267 millions d'habitants, les chrétiens ne représentent qu'environ 10% de la population indonésienne, et les catholiques, environ 3%, soit près de 9 millions de personnes. Aussi, les responsables de l'Église de cet archipel d'Asie du Sud-Est et d'Océanie estiment qu'il est important que leur petite voix ne devienne pas encore plus discrète, si ces électeurs catholiques ne se rendaient pas aux urnes le Mercredi des cendres. Le cardinal Ignatius Suharyo de Jakarta a ainsi déclaré que "la décision de ne pas célébrer la messe du Mercredi des cendres le mercredi matin est principalement basée sur la prudence pastorale, c'est-à-dire pour permettre aux catholiques d'avoir suffisamment de temps pour se rendre au bureau de vote et voter".
Selon les diocèses, plusieurs propositions ont été faites. Pour certains, les offices de prières et de jeûne auront lieu la veille, le mardi. Dans l'archidiocèse de Jakarta, les fidèles observeront quant à eux le Mercredi des Cendres le lendemain, le jeudi 15 février. Sur l'île de Flores, à majorité catholique, les missions situées dans des zones reculées seront quant à elles autorisées à célébrer la liturgie du Mercredi des cendres le premier dimanche de Carême, soit le 19 février. C'est ce qu’a déclaré l'évêque de Ruteng, Mgr Siprianus Hormat, dans une lettre pastorale.
Devoir de citoyen et devoir de chrétien
Cette élection présidentielle doit permettre de désigner un nouveau président, un nouveau vice-président ainsi que 711 membres de l'Assemblée Nationale. Un moment important dans la vie du pays. "Les élections générales et le Mercredi des cendres sont importants pour nous en tant que catholiques et indonésiens", a ainsi déclaré Mgr Antonius Subianto Bunjamin, l’évêque de Bandung par ailleurs président de la Conférence épiscopale indonésienne. "Nous avons comme responsabilité de remplir notre devoir de citoyen et notre appel au repentir en tant que chrétien. Et nous devons vivre comme des catholiques à 100% et des Indonésiens à 100%", a-t-il ajouté. Pour rappel, dans certaines régions du pays, les chrétiens doivent rester discrets et les conditions de la liberté religieuse "restent médiocres", selon le dernier rapport annuel de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale.