Campagne de dons de Noël
Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu.
Et ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
Dans la tradition spirituelle, l’écoute a une place de choix. Que l’on pense au "chema", cette prière du peuple Hébreux qui est aussi un commandement, une attitude première à adopter et à toujours se réapproprier : "Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique." (Dt 6, 4). Que l’on pense aussi au premier mot de la Règle de saint Benoît, promise à une impressionnante fécondité : "Écoute, ô mon fils". Même la psychologie actuelle insiste sur l’importance de l’écoute, qualifiée d’ "active" ou de "bienveillante" et attachée à tant de "bienfaits".
La liturgie elle-même laisse une grande part à l’écoute, en particulier dans celle de la Parole de Dieu, à la messe et, depuis Vatican II, dans tout rite, de la bénédiction d’un chapelet au sacrement de réconciliation en passant par le moindre office quotidien. Cependant, certains fidèles apprécient, en même temps qu’ils écoutent – mais est-ce vraiment possible ? – lire le texte proclamé sur la feuille de messe, un Magnificat voire…leur téléphone.
Le mystère de l’Incarnation
Cette habitude, qui n’est pas mauvaise en soi, a pourtant tendance à faire passer au second plan l’essentiel : "Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous" (Jn 1, 14). Le prologue de l’évangile de Jean, lu à la messe le matin de Noël, le proclame solennellement : le christianisme n’est pas une religion du livre, mais la foi en une personne, le Christ. La vénération et l’usage des Écritures, si bons soient-il, sont ordonnés à la rencontre de chacun avec Dieu.
Ainsi, dans la liturgie de la Parole, durant l’eucharistie, Dieu est présent. Et, singulièrement, pendant la proclamation (et non la lecture) de l’Évangile, d’où la station debout alors adoptée par l’assemblée. Peut-on être nous-mêmes présents à lui en regardant une feuille ou un téléphone ? La réponse n’est pas évidente, mais elle nécessite d’être posée, de sorte de reprendre conscience de la valeur de ce moment essentiel.
Jean, toujours lui, dans sa première lettre, évoque la transmission de la foi des apôtres à leurs successeurs et disciples. La phrase est reprise par le concile Vatican II pour introduire la constitution dogmatique sur la Révélation divine : "Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons" (1 Jn 1, 1 et Dei Verbum §1). Ici encore, ce n’est pas un texte qui est donné à méditer, mais une rencontre sensible.
Lire d’abord, écouter ensuite
Évidemment, lire les textes du jour permet de s’en imprégner, de rester concentré, d’être plus attentif aux détails quand on les entend. L’écoute peut ainsi être plus profitable, mais la lecture peut ne pas être concomitante. Pourquoi ne pas lire les textes la veille au soir ou le matin, pour se réveiller, comme le prophète, avec la Parole (cf. Is 50, 4) ?
Quelle que soit le moyen retenu pour écouter toujours mieux le Seigneur, la Présentation générale du lectionnaire romain rappelle que l’Esprit saint est le seul maître de l’inscription des mots qu’il a lui-même inspirés dans le cœur des fidèles : "La parole de Dieu proclamée sans cesse dans la liturgie est toujours vivante et efficace par la puissance de l'Esprit Saint" (§ 4). Le seul maître, aussi, de leur traduction dans l’agir, puisque, si Dieu a parlé aux hommes, c’est pour qu’ils se tournent vers Lui et les autres : "Puisque Dieu lui-même communique sa parole, il attend toujours une réponse, qui est écoute et adoration […]. L'Esprit saint, en effet, rend efficace cette réponse, de sorte que les paroles entendues dans l'action liturgique passent aussi dans la vie, selon cet enseignement: ‘Mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l'écouter’ (Jc 1,22 )" (§ 6).