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Attaque d’une paroisse à Gaza : “Cela aggrave une situation déjà dramatique”

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Blessés lors d'une attaque de l'armée israélienne, des catholiques communient dans la paroisse de la Sainte-Famille de Gaza, dimanche 17 décembre 2023.

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Manuella Affejee - publié le 18/12/23
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L’unique paroisse catholique de l’enclave palestinienne n’est pas épargnée par les combats. Samedi 16 décembre, deux femmes y ont été "tuées de sang-froid" par des snipers de l’armée israélienne. "Devant le mal qui se déchaîne, nous devons toujours considérer le Bien suprême : la vie éternelle", rappelle auprès d'Aleteia le père Gabriel Romanelli curé de la paroisse catholique de La Sainte-Famille de Gaza.

Située au cœur de la ville de Gaza, le complexe paroissial de la Sainte-Famille – qui englobe l’église, plusieurs locaux et le couvent des Missionnaires de la Charité de Mère Teresa – a été ciblée ce samedi 16 décembre par des snipers de l’armée israélienne. Deux femmes, une mère et sa fille, ont perdu la vie. Un événement que le pape François a de nouveau dénoncé avec force lors de l’Angélus ce dimanche. "Certains disent : ‘C’est du terrorisme, c’est la guerre’. Oui, c’est la guerre, c’est le terrorisme", s’est-il agacé, dénonçant en filigrane les justifications données à l’assaut israélien sur Gaza après l’attaque du Hamas du 7 octobre dernier. La paroisse de la Sainte-Famille est devenue un point de ralliement dès le début de la guerre entre Israël et le Hamas. Les quelque 150 fidèles catholiques du territoire y ont en effet rapidement trouvé refuge après avoir vu leurs maisons détruites par des frappes israéliennes. D’autres familles chrétiennes orthodoxes les ont rejoints. Plus de 600 personnes s’y trouvent à l’heure actuelle et refusent de partir, en dépit des combats incessants qui les environnent et des injonctions de Tsahal à rejoindre le sud de l’enclave. 

"Cette attaque est incompréhensible car notre paroisse est signalée depuis le début de la guerre comme un lieu de culte. En tous cas, elle aggrave une situation qui était déjà dramatique", affirme auprès d’Aleteia le père Gabriel Romanelli, missionnaire argentin, qui est le curé de cette paroisse. Il ne se trouvait pas à Gaza au moment des attaques du Hamas contre Israël (7 octobre) et du déclenchement de la guerre ; il n’a donc pu rentrer auprès de ses ouailles. Coincé à Jérusalem, il est en contact permanent avec son vicaire sur place, les religieuses et fidèles de sa petite communauté souffrante. Entretien. 

Aleteia : Quelles sont les informations dont vous disposez sur cette attaque de samedi ?
Père Gabriel Romanelli
: Cela s’est passé vers midi environ. Un sniper israélien a tiré sur deux paroissiennes, Naheda et Samar, alors qu’elles se rendaient au couvent des Missionnaires de la Charité de Mère Teresa. Elles ont été tuées de sang-froid, à l’intérieur de nos locaux, alors qu’aucun belligérant ne s’y trouvait. Sept autres personnes ont été blessées par des tirs, alors qu’elles essayaient de protéger ceux qui se trouvaient à l’intérieur de la paroisse. Il n’y a eu aucun avertissement de l’armée.

Les 54 personnes handicapées qui vivaient là ont dû être déplacées, certaines sont privées de respirateurs nécessaires à leur survie.

Plus tôt dans la matinée, un char israélien a lancé des roquettes sur le couvent des sœurs de Mère Teresa, détruisant un générateur d’électricité et endommageant la maison. Les 54 personnes handicapées qui vivaient là ont dû être déplacées, certaines sont privées de respirateurs nécessaires à leur survie. D’autres bombardements ont détruit des panneaux solaires ainsi que des citernes d’eau dont a besoin toute la communauté…Cette attaque est incompréhensible car notre paroisse est signalée depuis le début de la guerre comme un lieu de culte. En tous cas, elle aggrave une situation qui était déjà dramatique.

Que pouvez-vous nous dire de ces deux paroissiennes qui ont perdu la vie ?
Nous les connaissions très bien, elles étaient des membres importants et actifs de la paroisse. Naheda Anton (Um Emad) était la mère de sept enfants, presque tous mariés, et grand-mère d’une vingtaine de petits-enfants. Samar était l’une de ses filles. Elle était aussi la cuisinière des sœurs de Mère Teresa et nous aidait beaucoup sur la paroisse, notamment au sein de la Légion de Marie. Toujours au service, discrète, très pieuse. On la voit sur presque toutes les photos de la paroisse, elle était présente à toutes les célébrations, aux prières du chapelet. C’est une grande douleur.

Dans un tel contexte de violence et d’angoisse, quel sens l’Avent et la célébration de la naissance du seigneur revêtent-il pour les chrétiens de Gaza ?
J’ai 28 ans d’expérience missionnaire au Moyen-Orient et je peux vous dire qu’ici, les personnes croient en Dieu, même celles qui se disent athées ! Et c’est peut-être parce qu’il s’agit de la Terre sainte. La terre où Dieu s’est manifesté, déjà à l’époque de l’Ancien Testament, la terre de l’Incarnation. Dieu a marché sur ces routes, Il est mort et ressuscité ici. Ici est née l’Église qu’il a fondée. Tout cela a laissé une empreinte spéciale.

Dans ce contexte de guerre, l’Avent revêt un sens très spirituel. Il nous invite à élever notre âme, à regarder vers le Ciel d’où viennent le Salut et la paix qui ont été proclamés le soir de naissance du Seigneur.

Notre petite communauté est donc très croyante, fervente, attachée à la Vierge Marie et à la célébration des sacrements. Et aujourd’hui, dans ce contexte de guerre, l’Avent revêt un sens très spirituel. Il nous invite à élever notre âme, à regarder vers le Ciel d’où viennent le Salut et la paix qui ont été proclamés le soir de naissance du Seigneur. Nous prions pour que cette paix soit donnée au monde, surtout à Gaza, qu’un cessez-le-feu soit enfin décrété, que la guerre s’arrête. Bien sûr, ce n’est pas facile, car nos fidèles sont épuisés, affligés. Mais ils tiennent bon. Un exemple : les paroissiens qui ont été blessés samedi sont revenus dès le lendemain à la messe et ils ont communié. Cela ne veut pas dire qu’ils sont saints ou parfaits. Cela veut dire que ce sont des hommes et des femmes de foi, qui désirent la sainteté et savent que, pour l’obtenir, il faut prier, pardonner, être pardonné, recevoir les sacrements, vivre ce qui nous est donné de vivre. Et le Seigneur a permis qu’ils soient, aujourd’hui, sur le Calvaire de la guerre.

La messe de Noël aura-t-elle lieu malgré tout ?
Bien sûr ! Elle sera célébrée plus tôt, si Dieu veut, et sans les festivités qui l’accompagnent habituellement.

Quel message désirez-vous transmettre aujourd’hui aux chrétiens qui vous liront ?
Devant le mal qui se déchaîne, nous devons toujours considérer le Bien suprême : la vie éternelle. Même si ce temps de l’Avent est marqué par la souffrance, et cela, en de nombreuses parties du monde, nous ne devons pas céder à la tristesse, au contraire ! Pensons à mettre de l’ordre dans notre vie, à nous repentir de nos fautes, à pratiquer la charité, à beaucoup prier. Et puis, interrogeons-nous, chacun : combien de temps est-ce que je consacre à la diffusion de l’Évangile, à la proclamation de la Vérité ? Combien de temps est-ce que je consacre aux autres ? Il est terrible de voir à quel point, dans nos sociétés actuelles, les personnes âgées, handicapées ou les enfants sont abandonnés. Qu’est-ce je fais, moi, pour ces personnes ? Nos jeunes de Gaza, dont certains ont été blessés samedi, sont très actifs au sein de notre paroisse : l’un d’eux est chef scout, l’autre est en charge des servants d’autel… Depuis le début de la guerre, ils ont formé des petits comités pour s’occuper de la surveillance et la sécurité du complexe paroissial, des enfants, des personnes handicapées, etc. Ils nous montrent l’exemple.

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