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Le FBI considère-t-il vraiment les catholiques traditionalistes comme une menace ?

FBI, USA

Christopher Wray auditionné par la commission judiciaire du Sénat le 5 décembre 2023.

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Cécile Séveirac - publié le 08/12/23
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Le directeur du FBI, Christopher Wray, s'est expliqué cette semaine devant la commission judiciaire du Sénat américain après la fuite d'un mémorandum pointant les catholiques "traditionalistes" comme une menace pour la sécurité intérieure du pays.

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"Je vous cite, Monsieur Wray : “Le FBI utilise tous les outils à sa disposition pour combattre le terrorisme domestique”. Ce qui, apparemment, inclut aujourd’hui le crime d’être catholique", assène sans préambule le sénateur républicain Josh Hawley. Face à lui, Christopher Wray, directeur de l’agence de renseignement du FBI (Federal Bureau of Investigation), auditionné mardi 5 décembre après la publication la veille d’un rapport de La Commission judiciaire de la Chambre des représentants des États-Unis. Ce document de trente pages détaille les résultats de l’enquête parlementaire consécutive à la fuite d’un mémorandum interne au FBI en février 2023, dans lequel le service de renseignement classe les catholiques américains “traditionalistes” comme une menace potentielle pour la sécurité de l’État. Obtenu par une source du bureau du FBI à Richmond, en Virginie, ce mémo a été publié par Kyle Seraphin, ancien agent du FBI suspendu l’année dernière.

Introduisant la notion de "catholiques radicaux-traditionalistes", (qui revient sous l’acronyme de RTC) la synthèse du FBI notait une collusion entre ces derniers et le mouvement nationaliste et suprémaciste blanc, les décrivant porteurs d’une idéologie antisémite, anti-immigrants, ou encore anti-LGBTQ. Elle les distingue des "catholiques traditionalistes", qui "préfèrent simplement la messe latine traditionnelle et les enseignements pré-Vatican II".

Le document recommandait l’infiltration de paroisses catholiques célébrant la messe selon le rite extraordinaire. Il s’appuyait par ailleurs sur une liste de "groupes haineux" constituée par le Southern Poverty Law Center (SPLC), une organisation à but non lucratif de défense des droits humains, fréquemment critiquée pour ses positions d’extrême-gauche, partiales à l’égard des groupes chrétiens conservateurs. L'un des analystes en charge de la rédaction du mémo a lui-même reconnu que "le SPLC est connu pour ses biais politiques". Certains des individus mentionnés sont toutefois connus pour leurs positionnements extrêmes, à l'image de Nick Fuentes, qui se décrit comme catholique et entretient une rhétorique antisémite et suprémaciste. Certains des groupes ne sont pas reconnus par l'Église catholique, à l'image des "Slaves of the Immaculate Heart of Mary" (Serviteurs du Coeur Immaculé de Marie) de Richmond. D'autres, en revanche, le sont. Ainsi, après la révélation du mémorandum, l'évêque du diocèse de Richmond, Mgr Knestout, s'était exprimé, regrettant la mention d'ordres religieux comme la Fraternité Sacerdotale Saint Pierre. "Le document divulgué devrait être troublant et offensant pour toutes les communautés religieuses, ainsi que pour tous les Américains", avait-il réagi. "S’il existe des preuves d’extrémisme, il faut les éradiquer, mais pas au détriment de la liberté religieuse."

Une atteinte au premier amendement

Devant la polémique, le FBI avait supprimé le document en question, considéré comme une violation du premier amendement de la Constitution sur la liberté de religion. "Ce document – diffusé uniquement au sein du FBI – concernant l'extrémisme violent à motivation raciale ou ethnique ne répond pas aux normes rigoureuses du FBI", indiquait en février l’agence à Catholic News Agency.

"Alors que le FBI affirme qu’il “ne mène pas les enquêtes sur le terrorisme intérieur sur la base des croyances religieuses – y compris le catholicisme –”, c’est exactement ce qu’a fait un mémorandum du FBI émanant de son bureau extérieur à Richmond (Virginie)", dénoncent ainsi les représentants de la Chambre dans leur rapport du 4 décembre. "Sous couvert de s’attaquer à la menace du terrorisme intérieur, le mémorandum dépeint certains “catholiques radicaux-traditionalistes” (RTC) comme de violents extrémistes", relèvent-ils encore. Alors que Christopher Wray avait assuré en juillet qu’aucun informateur n’avait été recruté au sein des paroisses visées, le rapport parlementaire met en évidence que deux prêtres et un chef de chorale de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X ont bien été approchés afin de fournir de fournir du renseignement humain, et qu’une liste de paroisses de rite traditionnel a bien été constituée.

Des sanctions requises

Au cours de l'audience, le sénateur Hawley s'est insurgé qu'aucune mesure de licenciement n’ait été prise depuis la publication de la note. "Pour l’amour de Dieu monsieur le directeur, il s’agit de l’une des enquêtes les plus outrageantes, vous avez mobilisé votre division, la plus puissante du monde, contre les catholiques traditionalistes (...) et vous nous dites que vous n’avez pas licencié une seule personne", s’indigne-t-il. Face à la colère de l’édile, le directeur du FBI a maintenu que les investigations concernaient un cas en particulier, celui d’un homme connu des services pour préparer des cocktails Molotov et poster sur ses réseaux sociaux des messages menaçants. Au sujet des sanctions, Christopher Wray a assuré que les analystes qui ont rédigé le document – dont certains seraient eux-mêmes catholiques selon les dires de Christopher Wray–, ont été réprimandés et que leurs salaires pourraient être affectés.

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