Le pape François a appelé des bénédictines d’Argentine à venir occuper le monastère Mater Ecclesiae au Vatican, qui fut la demeure du pape émérite Benoît XVI pendant près de 10 ans, de sa renonciation en 2013 jusqu’à sa mort le 31 décembre 2022. Le monastère retrouve ainsi sa « destination originelle » comme lieu de prière pour l’Église, explique un communiqué du Saint-Siège publié le 13 novembre 2023. Ce monastère niché sur une petite colline, dans la verdure des Jardins du Vatican, avait été érigé par Jean-Paul II en 1984, pour accueillir des religieuses de vie contemplative – c’est-à-dire cloîtrées. Le pontife polonais souhaitait qu’elles puissent prier depuis le Vatican pour le Pape et sa mission.
C’est dans ce monastère de près de 300 mètres carrés qu’en 2013, au moment de sa renonciation comme 265e pape, Benoît XVI s’était retiré avec son secrétaire Mgr Georg Gänswein et quatre Memores Domini, des laïques consacrées appartenant au mouvement italien Communion et Libération. Le pape allemand avait choisi d’y terminer ses jours dans la discrétion. Neuf mois après la mort du pape émérite, le pape François a disposé, dans une lettre datée du 1er octobre 2023, que le monastère Mater Ecclesiae soit à nouveau habité par des religieuses contemplatives, pour soutenir le chef de l’Église catholique par "la prière, l’adoration, la louange et la réparation, en étant une présence priante dans le silence et dans la solitude". Le Pape a choisi de faire venir des bénédictines de l’abbaye de Sainte-Scholastique de Victoria, de la province de Buenos Aires. Six religieuses arriveront au monastère dans les premiers jours de janvier, précise la note.
L’histoire du Monastère Mater Ecclesiae
Le monastère Mater Ecclesiae, construit entre 1992 et 1994 à partir d’un ancien bureau de la Gendarmerie vaticane, a été occupé par des clarisses de 1994 à 1999 ; par des carmélites déchaussées de 1999 à 2004 ; par dix bénédictines de 2004 à 2009 ; et par des visitandines de 2009 à la fin de l’année 2012. À la fin de l’année 2012, les religieuses visitandines ont été invitées dans le plus grand secret à regagner leur monastère, afin de permettre de lancer des travaux de réaménagement, rapporte le journaliste italien Massimo Franco dans son ouvrage, Il Monastero (Solferino, 2022). Ce ne sera que plusieurs mois plus tard qu’on apprendra que Benoît XVI, après sa démission, comptait s’y installer.
Les travaux à Mater Ecclesiae se sont poursuivis jusqu’au 2 mai 2013, jour où le pape émérite est rentré de son séjour à Castel Gandolfo pour y demeurer. Le pape allemand n’en était quasiment jamais sorti, excepté ses balades régulières dans les Jardins du Vatican, quelques rares apparitions officielles et un voyage en Allemagne en 2020 peu avant la mort de son frère Georg. Depuis le décès de Benoît XVI, les consacrées qui vivaient à ses côtés sont reparties, et son secrétaire Mgr Georg Gänswein a été renvoyé dans son diocèse d’origine en Allemagne, sans charge.
Le statut du pape émérite, encore à définir
En rendant au monastère sa mission d’origine, le pape François semble écarter l’éventualité de suivre les pas de son prédécesseur. Dans un entretien à AP publié le 24 janvier dernier, il expliquait que si lui-même devait démissionner, il irait s’installer dans la résidence pour prêtres retraités du diocèse. Le Pape – qui fêtera ses 87 ans le 17 décembre prochain – confiait aussi qu’il ne souhaitait pas encadrer le statut de "pape émérite" ni régulariser les retraites papales, afin de ne pas contraindre les futurs papes qui pourraient vouloir agir différemment. Dans son propre cas, il précisait qu’il ne serait pas ‘pape émérite’, mais ‘évêque émérite de Rome’.
François convenait que Benoît avait "ouvert la porte" à de futures démissions en renonçant et qu’il avait trouvé une "bonne solution intermédiaire" en s’installant au Monastère Mater Ecclesiae. Le pape allemand, ajoutait son successeur, avait choisi de vivre sa retraite de pape "asservi, dans le bon sens du terme, en ce qu’il n’était pas complètement libre, car il aurait aimé retourner en Allemagne et continuer à étudier la théologie".