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L’Église catholique a toujours encouragé les croyants à lire les Saintes Écritures. Pourtant, à plusieurs périodes de l’histoire, elle s’est vue contrainte d’interdire la lecture de certaines éditions. Quelles en étaient les raisons ? Au Moyen Âge, plusieurs conciles, comme celui de Toulouse en 1229, interdisent aux fidèles de lire des traductions de la Bible dans des langues vernaculaires.
Avec le concile de Tarragone en 1234, certaines traductions des textes sacrés furent même brûlées. La seule version autorisée était la Vulgate de saint Jérôme, en latin. Ces décisions ont été prises pour limiter la diffusion de certaines hérésies de l’époque, comme l’hérésie cathare, dont la doctrine était infusée dans les traductions de la Bible, ce qui avait pour conséquence de répandre des idées contraires à la foi chrétienne. Ces interdictions de la part de l’Église avaient toutefois un caractère local et n’étaient en vigueur que dans certaines régions d’Europe.
Craintes de traductions erronées
Après le concile de Toulouse et de Tarragone, l’interdiction de traduire, lire ou posséder certaines versions de la Bible en langues vernaculaires a été réitérée à plusieurs reprises au cours de l’histoire. Ainsi, au début de l’époque moderne, au XVIe siècle, alors que la Réforme protestante se propage comme une traînée de poudre, les évêques craignent que des traductions erronées, rédigées dans des milieux protestants, n’arrivent entre les mains des catholiques. Ils mirent donc à l’Index des livres interdits, toutes les traductions de la Bible qui n’avaient pas été préalablement autorisées par l’autorité ecclésiastique. En 1559, l’Index recensait 45 versions en langues vernaculaires, traduites par des auteurs suspects, qui présentaient des erreurs, des hérésies ou des commentaires polémiques contre l’Église Catholique.
En France, les traductions de la Bible étaient nombreuses, mais très peu furent autorisées par le Saint-Office. La Bible de Jacques Lefèvre d’Étaples (1528), traduite à partir de la Vulgate, était considérée comme fiable et conforme à l’enseignement de la foi. Cette édition fut la première traduction intégrale de la Bible autorisée en français.
Favoriser la médiation des prêtres
Cependant, après un premier moment de grand enthousiasme, où la lecture directe de la Bible en langue vernaculaire fut possible pour les fidèles, l’Église jugea plus prudent de favoriser la médiation des prêtres, et elle interdit donc à nouveau la lecture de la Bible en langue vernaculaire. Cela permettait d’éviter des lectures contraires à la foi, et donc le développement de nouvelles hérésies ou déformations. Du côté protestant, le même choix fut appliqué à la même époque, pour les mêmes raisons, par Zwingli, Calvin et Luther qui favorisent alors la lecture des Écritures par les ministres du culte ou par des personnes suffisamment formées.
Cette interdiction de l’Église catholique fut levée en 1758, par la volonté du pape Benoît XIV. Cependant, ce ne fut qu’au XXe siècle que la lecture privée de la Bible a réellement commencé à se répandre parmi les laïcs : ce phénomène fut facilité par un meilleur accès à l’éducation et par la publication de nombreuses éditions bon marché. En 1920, avec l’encyclique Spiritus Paraclitu, le pape Benoît XV explique l’importance des études bibliques et invite les fidèles à se familiariser notamment avec l’Ancien Testament qui, à l’époque, était très négligé par les laïcs.
Ainsi, la traduction de la Bible en langue moderne, qui a favorisé son accès plus direct aux fidèles, a posé plusieurs problèmes, notamment celui de l’interprétation non canonique des Écritures, et donc l’émergence de plusieurs mouvements hérétiques. Le manque de formation théologique des fidèles a conduit l’Église à la prudence, et a justifié l’importance de la médiation des prêtres dans la lecture des Écritures. Le but n’a cependant jamais été de bloquer l’accès des fidèles à la Bible, mais à veiller à ce que son sens ne soit jamais trahi ou mal interprété, et à ce que des erreurs contraires à la foi ne se répandent pas parmi le peuple.