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La fête de tous les saints n’est pas le grand spectacle des winners de la foi chrétienne mais la célébration de la destinée finale qui attend tous les baptisés. Tant que nous regardons la Toussaint de l’extérieur, nous avons peu de chances d’entrer spirituellement et avec profit dans le mystère que l’Église nous donne à contempler et à célébrer ce jour-là.
Répondre à l’appel de Dieu
La fête de tous les saints nous concerne au premier chef pour la simple raison que Dieu nous appelle à faire partie du cortège des bienheureux qui Le verront — vision de Dieu qui est notre destinée finale. Aussi le chrétien de base est-il parfaitement fondé à se projeter mentalement dans la ronde des élus telle que l’a peinte de façon sublime Fra Angelico. S’il ne le fait pas, alors la Toussaint reste pour lui un spectacle à observer à distance.
Or, cette résignation de sa part s’apparente à une désertion, pire à une auto-condamnation, comme s’il renonçait au but pour lequel Dieu l’a créé : vivre avec Lui pour toujours. Car la définition la plus simple d’un saint se résume à cette identité : une personne qui a répondu à l’appel de Dieu de vivre ici-bas en amitié avec Lui en attendant, au-delà du clair-obscur de la foi, d’aller Le rejoindre définitivement après sa mort.
Une question de légitime ambition
Dans ces conditions, la première question que doit se poser un croyant à l’occasion de la fête de tous les saints est celle-ci : "Est-ce que j’ai l’ambition de faire partie moi aussi de l’immense cortège de tous les saints ? Est-ce que je me projette dans le futur parmi la foule immense décrite dans le livre de l’Apocalypse de ceux qui se tiennent devant le trône de Dieu et devant l’Agneau (Ap 7,9) ?" Si je réponds par la négative, alors la Toussaint ne me concerne pas. Car le 1er novembre, nous ne fêtons pas en vrac les saints que nous honorons tout le long de l’année de façon individuelle.
Nous célébrons le mystère du rassemblement de tous ceux qui ont et auront vécu en compagnie de Dieu sur cette terre et de ceux qui vivront de Lui et avec Lui dans l’éternité.
Non, à la Toussaint, nous célébrons le mystère du rassemblement de tous ceux qui ont et auront vécu en compagnie de Dieu sur cette terre et de ceux qui vivront de Lui et avec Lui dans l’éternité. Et quel malheur que d’en être exclu ou de s’en exclure soi-même par une fausse modestie ou pour un autre motif !
À la limite, la Toussaint est la fête de l’année liturgique qui nous est la plus proche après Pâques. D’ailleurs, elle est le fruit le plus excellent de Pâques parce que c’est la mort et la résurrection de Jésus qui ont fait de nous les amis de Dieu et donc qui nous ont introduits dans la maison de Dieu où seuls les saints sont admis. Aussi, la première question que nous devons nous poser en ce premier novembre est celle-ci : "Veux-je en être ?"