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Il y a 25 ans, en 1998, des chercheurs du Wisconsin isolaient des cellules souches à partir d’embryons humains. L’avènement d’une "révolution médicale", croyait-on. Pourtant, plus de vingt ans plus tard, relève la revue du Massachussets Institute of Technology, MIT Technology Review, il n’existe aucun traitement sur le marché basé sur ces cellules. Cela n’empêche pas les chercheurs de poursuivre leurs efforts. Ainsi, une étude de 2023 indique que "près de 70 nouveaux essais sur des volontaires ont été lancés au cours des quatre dernières années, soit le triple du rythme précédent". Des études diverses qui portent sur le diabète, la cécité ou encore l’épilepsie. Fin 2021, d’après la revue Stem Cells, plus de 3.000 patients auraient ainsi reçu des greffes de cellules souches pluripotentes, embryonnaires ou induites.
Un amalgame éthique
Entre cellules souches embryonnaires (CSEh) ou iPS (pluripotentes induites), certains chercheurs font mine de ne plus faire de différence. Lancée avec la recherche sur les CSEh, car elles seules existaient alors, la recherche sur les cellules souches est devenue moins polémique avec la découverte des cellules iPS, reprogrammées à partir de cellules adultes et n’induisant donc pas la destruction d’embryons humains. Mais les cellules iPS sont chères à produire quand les cellules embryonnaires sont disponibles "sur étagère", fournies par les embryons "surnuméraires" fabriqués lors des cycles de fécondation in vitro.
Quand certains ont voulu dresser des garde-fous, d’autres ont brandi le droit des patients en attente de traitements. Ainsi, en 2004, la Californie a fait de la recherche sur les cellules souches un "droit constitutionnel" dans l’État et a alloué 3 milliards de dollars de subventions à la recherche sur une période de dix ans. Avec des promesses de créations d’emplois et d’économies à la clé : traiter le diabète de type 1, par exemple, permettrait d’économiser 122 milliards de dollars en insuline et autres coûts. La fin justifierait les moyens ?
Vers la création d’embryons pour la recherche
Et bien que la recherche sur l’embryon ne donne rien de probant, des chercheurs tentent de s’abstraire de toute contrainte. Ils entendent en effet développer des "embryons de synthèse", autrement dit des embryons fabriqués pour la recherche sans passer par la fécondation de gamètes humains. Et pour mieux enfouir toute considération éthique, ils les dotent de noms plus ou moins explicites : "modèles embryonnaires", "embryoïdes", "blastoïdes", voire "idiscoïdes" ou encore "e-assembloïdes" et "péri-gastruloïdes". Cacher cet embryon que je ne saurais voir. Pour mieux l’utiliser. L’ABM vient d’ailleurs de publier ce 21 septembre une proposition de « cadre », plus lâche encore que celui en vigueur pour l’embryon humain.
Mais les chercheurs sont parfois rappelés à l’ordre. Des règles existent, bien que, de loi de bioéthique en loi de bioéthique, elles soient de plus en plus laxistes. La Fondation Jérôme-Lejeune a récemment eu gain de cause dans un recours contre une autorisation de recherche sur l’embryon humain délivrée par l’Agence de la biomédecine (ABM). Au terme de huit années de procédure les juridictions administratives ont tranché : l’autorisation a été annulée. Car l’ABM n’aurait pas dû autoriser un protocole de recherche sur l’embryon humain dès lors que les chercheurs pouvaient, en l’espèce, travailler sur des embryons de souris. L’embryon humain n’est pas encore tout à fait une souris de laboratoire.