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Lors du second semestre 2022, François a consacré quatorze audiences publiques à une catéchèse sur le discernement spirituel. En exhortant à considérer les éléments d’un bon discernement, il a donné une leçon de vie essentielle. Bien discerner n’est pas seulement nécessaire lors des grands choix de vie (études, vocation professionnelle, mariage ou autre état de vie), mais c’est un acte du quotidien qui a des répercussions sur sa relation à Dieu et au prochain, et aussi sur son accomplissement personnel en tant qu’enfant de Dieu. En voici quelques clefs.
Clef N°1Décider sa vie en permanence
Le pape François constate que "dans toutes les actions ordinaires de la vie, nous avons à prendre position", et ceci "en fonction des réalités qui se présentent". Et de fait, c’est vrai. Chaque jour, nous devons décider quelle nourriture nous allons manger, quels vêtements nous allons porter, comment nous allons occuper notre journée de 24h. Nous pouvons bien sûr nous mettre en mode "pilote automatique" sans porter ces choix à notre conscience, mais ceci aussi est un choix. François le souligne volontiers "Dans tout cela se concrétise un projet de vie et également notre relation à Dieu."
Alors la première leçon à retenir est celle-ci : nous n’avons certes pas choisi notre lieu et époque de naissance, ni notre situation sociale, ni toutes sortes de réalités qui se sont présentées à nous, au cours de notre vie. En revanche, ici et maintenant, nous avons tous à "décider notre vie en permanence".
Clef N°2Exercer sa liberté
Dieu nous aime infiniment, au point d’avoir fait de nous ses fils et ses filles adoptifs. Or, comme le souligne le pape François, "l’amour ne peut être vécu que dans la liberté". Le discernement est donc un cadeau de Dieu, indissociable de notre liberté. Nous avons tous rêvé un jour "d’avoir Dieu au bout du fil" et de lui demander qu’il prenne les bonnes décisions pour notre vie à notre place. Mais telle n’est pas la volonté de Dieu. Le pape François nous invite à méditer cette vérité lourde de conséquence pour notre vie : "Dieu nous invite à évaluer et à choisir : il nous a créés libres et veut que nous exercions notre liberté".
Clef N°3Ausculter son cœur
Le Saint Père nous rappelle qu’un bon discernement demande une bonne connaissance de soi-même. Cela implique de prendre un temps d’arrêt chaque jour, de "désactiver le pilote automatique" pour une prise de conscience salutaire. Durant ce temps d’introspection quotidien, qui ne demande selon le Pape que quelques minutes, nous pouvons nous poser ces questions toutes simples : "Que s’est-il passé dans mon cœur aujourd’hui ? Qu’est-ce qui l’a rassasié, comblé ? Qu’est-ce qui, au contraire, l’a rendu triste ?".
Voilà un examen de conscience accessible, et qui peut même se pratiquer avec les enfants. Examiner notre cœur, nos pensées, nous aide à prendre de la distance vis-à-vis de nos ruminations et à les rationaliser. Nous apprenons à discerner ce qui donne de la joie ou au contraire ce qui ôte la lumière de notre âme, ou encore à reconnaître nos "points d’entrée du mauvais esprit", c’est-à-dire les points les plus faibles de notre personnalité par lesquels le malin cherche à s’infiltrer pour nous éloigner de Dieu.
Clef N°4Collecter les perles précieuses de sa vie
Dans sa sixième catéchèse sur le discernement spirituel, le pape François va plus loin encore dans sa définition du discernement. Celui-ci se caractérise par "une approche narrative", nous dit-il. Autrement dit, pour discerner nos projets à venir, nous avons besoin de nous tourner un moment vers notre passé et de faire une "lecture narrative des moments heureux et des moments difficiles, des consolations et des désolations" que nous avons expérimentées au cours de notre vie.
Pour le Pape, "l’histoire de notre vie est le plus précieux livre qui nous a été donné". C’est un "ingrédient indispensable au discernement". Avant de prendre une grande décision, suivons donc le conseil du pape François en procédant à un "travail de collecte de ces perles précieuses et cachées que le Seigneur a enfouies dans notre terre".
Quand nous retraçons le fil de notre vie, et si possible en effectuant cet exercice avec une personne sage et à l’écoute, nous redécouvrons la présence du Seigneur dans les miracles de notre propre vie, et nous sommes mieux à même de comprendre ce à quoi le Seigneur nous appelle, autrement dit quelle est notre "vocation".
Clef N°5Ne pas se flageller pour un mauvais choix passé
Même si nous avons une vie de prière, et que nous pratiquons l’examen de conscience et d’autres méthodes encore fort utiles, il reste que le discernement est un exercice d’intelligence et de sagesse difficile. Il peut nous arriver de prendre une mauvaise décision, ou bien de ne pas réussir à persévérer dans un bon choix que nous avons fait. L’apôtre Paul lui-même l’expérimente : "Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas." (Rm 7, 19). Selon le Saint-Père, le remords, la saine inquiétude, voire même l’état de "désolation" sont des invitations de Dieu à grandir, à commencer un nouveau chemin, à changer notre vie en nous rapprochant de Lui. Des saints et saintes, comme par exemple Marie-Madeleine, Augustin d’Hippone ou encore Charles de Foucauld ont vécu une semblable "secousse de l’âme".
Lorsque la conscience "mord et ne laisse pas en paix", nous pouvons entrer dans un "état de désolation" que le pape François définit comme "une nuit obscure de l’âme". "La désolation, c’est ne rien ressentir, tout est sombre : mais tu cherches Dieu dans la désolation". Lorsque nous prenons conscience que nous avons pris une mauvaise décision, cela favorise en nous notre vigilance, notre humilité, et notre dépendance vis-à-vis de Dieu. Ne nous flagellons donc pas pour nos mauvais choix passés, mais souvenons-nous en afin de réaliser notre petitesse, et à quel point nous avons besoin de la lumière divine pour nous éclairer.
Clef N°6Ne pas rester seul
Lors de nos grands tournants de vie, le discernement peut sembler un acte de liberté vertigineux pour lequel nous ne nous sentons pas toujours préparés. Bien discerner suppose d’avoir reçu une éducation solide en termes de valeurs, et aussi d’avoir pu rencontrer personnellement le Christ et Sa Parole de Vie. La Parole de Dieu, la doctrine de l’Eglise catholique, la prière familière et confiante à Jésus, "le don de l’Esprit saint" sont, selon le Pape, des points d’appui pour développer un juste discernement.
Le Pape nous encourage aussi à expérimenter la grâce de l’accompagnement spirituel, avec un prêtre, un religieux ou un laïc, pourvu qu’il soit "docile à l’Esprit saint". En partageant avec cette personne de confiance notre "fragilité", nous mettons "en lumière les nombreuses pensées qui nous habitent et qui nous perturbent avec leurs refrains insistants". Cet exercice nous aide à "démasquer des malentendus graves dans la considération que nous avons de nous-même et dans notre relation avec le Seigneur". Le but d’un tel accompagnement est de "nous sentir aimés et estimés par le Seigneur tels que nous sommes, capables de faire de bonnes choses pour Lui".
Avant tout, rappelle le Saint-Père, "le discernement est un don de Dieu, qu'il faut toujours demander, sans jamais prétendre être expert et autosuffisant". Il nous invite donc à dire cette prière : "Seigneur, donne-moi la grâce de discerner dans les moments de la vie ce que je dois faire et ce que je dois comprendre. Donne-moi la grâce de discerner, et donne-moi la personne qui m’aide à discerner".
Aliénor Strentz est fondatrice du blog "Chrétiens heureux" et Missionnaire de l’Immaculée Père Kolbe. Elle est aussi docteur en ethnomusicologie et formatrice pour adultes.