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Ce que Benoît XVI a dit aux Français

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Benoît XVI célébrant la messe sur l'esplanade des Invalides, 13 septembre 2008.

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Valdemar de Vaux - publié le 27/08/23 - mis à jour le 13/09/23
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C’était en septembre 2008. Voulant honorer les 150 ans des apparitions de Lourdes, Benoît XVI venait en France. L’occasion de délivrer aux Français, catholiques ou non, quelques messages et encouragements. Retour sur ce moment historique.

Le 10 septembre 2008, avant même d’atterrir à Paris le 12, Benoît XVI parlait de la France comme de "cette Nation bien-aimée". Et, dans son allocution à l’Élysée devant les autorités de l’État, le Pape d’expliquer l’objectif des quatre jours passés dans l’hexagone : "C’est une foi, c’est un amour que je viens célébrer ici". Si l’on a retenu le grand discours adressé au monde de la culture au collège des Bernardins, le Saint-Père a pourtant davantage encore encouragé les catholiques français dans leur foi et prié avec les malades devant la grotte de Lourdes.

La "laïcité positive" du Pape

Après l’entretien qu’il accordait toujours aux journalistes avant ses voyages apostoliques, Benoît XVI a commencé son périple par un discours à l’Élysée. Dans ces deux interventions, il est revenu sur la laïcité, une spécificité française qui est tout à fait conforme à la foi si elle permet la liberté religieuse et surtout si elle sait reconnaître l’importance de la religion pour la société tout entière. "Il me semble évident aujourd’hui que la laïcité en soi n’est pas en contradiction avec la foi. Je dirais même qu’elle est un fruit de la foi parce que la foi chrétienne était, dès le commencement, une religion universelle", explique-t-il dans l’avion. 

Devant le président Sarkozy, il évoque son discours du Latran :

Vous avez d’ailleurs utilisé la belle expression de ‘laïcité positive’ pour qualifier une compréhension plus ouverte […]. Il est en effet fondamental, d’une part, d’insister sur la distinction entre le politique et le religieux, afin de garantir aussi bien la liberté religieuse des citoyens que la responsabilité de l’État envers eux, et d’autre part, de prendre une conscience plus claire de la fonction irremplaçable de la religion.

La foi est ferment de culture

L’on a souvent retenu du passage de Benoît XVI en France, à bon droit, son discours au monde de la culture au collège des Bernardins. Le Pape y démontrait magistralement, en partant de l’édifice cistercien qui l’accueillait, que la culture européenne dont on est fier aujourd’hui avait pour origine la recherche de Dieu des moines médiévaux. C’est la prière et le travail – le fameux binôme de la Règle de saint Benoît – qui ont eu pour effet presqu’oblique de produire une telle civilisation. 

Une leçon tout à fait actuelle : "Une culture purement positiviste, qui renverrait dans le domaine subjectif, comme non scientifique, la question concernant Dieu, serait la capitulation de la raison, le renoncement à ses possibilités les plus élevées et donc l’échec de l’humanisme, dont les conséquences ne pourraient être que graves. Ce qui a fondé la culture de l’Europe, la recherche de Dieu et la disponibilité à l’écouter, demeure aujourd’hui encore le fondement de toute culture véritable."

Cette articulation entre la foi et la raison irriguait d’ailleurs toutes ses interventions. "Jamais Dieu ne demande à l’homme de faire le sacrifice de la raison ! Jamais la raison n’entre en contradiction directe avec la foi !", dira-t-il pendant son homélie sur l’esplanade des Invalides, après avoir rappelé aux membres de l’Institut : "Rabelais affirmait fort justement en son temps : ‘Science sans conscience n’est que ruine de l’âme’". Et, quand, pour résumer son voyage, le pape prononce quelques mots avant de remonter dans l’avion, il explique : "La culture et ses interprètes sont les vecteurs privilégiés du dialogue entre la foi et la raison, entre Dieu et l’homme".

L’Esprit saint et la Croix, "deux trésors" pour les jeunes

Le vendredi 12 septembre 2008, après avoir célébré les vêpres dans la cathédrale Notre-Dame de Paris avec les consacrés, Benoît XVI s’adresse aux jeunes qui entament une veillée de prière. Avec souffle, il les conforte, "L’Église vous fait confiance", et les engage à témoigner : "Vous êtes à l’âge de la générosité. Il est urgent de parler du Christ autour de vous, à vos familles et à vos amis, sur vos lieux d’études, de travail ou de loisirs. N’ayez pas peur !". 

Pour appuyer ce témoignage et leur vie de foi, le Saint-Père leur confie "deux trésors". L’Esprit saint d’abord, reçu à la confirmation :

L’Esprit, qui est Amour, peut ouvrir vos cœurs pour recevoir le don de l’amour authentique. […] Confiez-vous à l’Esprit saint pour découvrir le Christ. L’Esprit est le guide nécessaire de la prière, l’âme de notre espérance et la source de la vraie joie.

La Croix, ensuite :

Ce n’est pas un ornement, ni un bijou. C’est le symbole précieux de notre foi, le signe visible et matériel du ralliement au Christ. […] Elle est non seulement le signe de votre vie en Dieu et de votre salut, mais elle est aussi le témoin muet des douleurs des hommes et, en même temps, l’expression unique et précieuse de toutes leurs espérances. Chers jeunes, je sais que vénérer la Croix attire aussi parfois la raillerie et même la persécution. La Croix compromet en quelque sorte la sécurité humaine, mais elle affermit, aussi et surtout, la grâce de Dieu et confirme notre salut.

La liturgie comme remède à l’idolâtrie

Devant la foule des 250.000 fidèles qui assistent à la messe du dimanche sur l’esplanade des Invalides, le 13 septembre, le Pape commente en particulier l’épître de saint Paul aux Corinthiens (1 Co 10, 14) :

"L’idole est un leurre, car elle détourne son serviteur de la réalité pour le cantonner dans le royaume de l’apparence. Or n’est-ce pas une tentation propre à notre époque, la seule sur laquelle nous puissions agir efficacement ? Tentation d’idolâtrer un passé qui n’existe plus, en oubliant ses carences, tentation d’idolâtrer un avenir qui n’existe pas encore, en croyant que, par ses seules forces, l’homme réalisera le bonheur éternel sur la terre !"

Pour fuir cette tentation, les sacrements et la liturgie nous apprennent, explique Benoît XVI, à "discerner ce qui, en nous, obéit à l’Esprit de Dieu". Il approfondit :

"Célébrer l’Eucharistie signifie reconnaître que Dieu seul est en mesure de nous offrir le bonheur en plénitude, de nous enseigner les vraies valeurs, les valeurs éternelles qui ne connaîtront jamais de couchant. Dieu est présent sur l’autel, mais il est aussi présent sur l’autel de notre cœur lorsque, en communiant, nous le recevons dans le Sacrement eucharistique. Lui seul nous apprend à fuir les idoles, mirages de la pensée."

Dans ce combat spirituel, le successeur de Pierre exhorte les chrétiens à demeurer dans l’espérance. Pour les prêtres :

"N’ayez pas peur de donner votre vie au Christ ! Rien ne remplacera jamais le ministère des prêtres au cœur de l’Église ! Rien ne remplacera jamais une Messe pour le Salut du monde !" Contre le risque de désespoir sur l’Église : "L’espérance demeurera toujours la plus forte ! L’Église, bâtie sur le roc du Christ, possède les promesses de la vie éternelle, non parce que ses membres seraient plus saints que les autres hommes, mais parce que le Christ a fait cette promesse à Pierre." Pour tous : "Fuyez le culte des idoles, ne vous lassez pas de faire le bien !"

Benoît XVI prie parmi les pèlerins de Lourdes

Objet et fin de son voyage, le Pape termine son séjour à Lourdes où son fêtées les 150 ans des apparitions. Lors de la messe de la fête de l’Exaltation de la Croix, il rappelle ce qu’il a dit aux jeunes deux jours auparavant : "C'est par sa Croix que nous sommes sauvés. L'instrument de supplice qui manifesta, le Vendredi-Saint, le jugement de Dieu sur le monde, est devenu source de vie, de pardon, de miséricorde, signe de réconciliation et de paix." Il confie aussi les fidèles à la Vierge Marie tant priée à la grotte, pour qu’elle devienne une "confidente".

Surtout, lors de la traditionnelle procession eucharistique, Benoît XVI se mêle à la foule des pèlerins pour adorer et prier le Seigneur Jésus en son eucharistie :

Que nous marchions – ou que nous soyons cloués sur un lit de souffrance, que nous marchions dans la joie – ou que nous soyons dans le désert de l'âme, Seigneur, prends-nous tous dans ton Amour : dans l'Amour infini, qui est éternellement Celui du Père pour le Fils et du Fils pour le Père, celui du Père et du Fils pour l'Esprit, et de l’Esprit pour le Père et pour le Fils. […] Mes frères, mes sœurs, mes amis, acceptons, acceptez de vous offrir à Celui qui nous a tout donné, qui est venu non pour juger le monde, mais pour le sauver, acceptez de reconnaître la présence agissante en vos vies de Celui qui est ici présent, exposé à nos regards. Acceptez de Lui offrir vos propres vies !

[EN IMAGES] Les grandes dates du pontificat de Benoît XVI :

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