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Le cantique des cantiques semble parler de l’Église quand il parle de l’épouse "noire mais belle" (Ct 1, 5). Si elle est bien la « mère » des croyants, elle en a les défauts. Quelle mère, en effet, en est exempte ? Les affaires d’abus, de quelque sorte qu’ils soient, la gestion des évêques, les divisions liturgiques…rien ne semble la préserver. Pourtant, Dieu a voulu que l’on croie par la médiation de cette institution. Son humanité certaine est le creuset de l’action du Père, ses imperfections révèlent l’infinie bonté du créateur qui ne craint pas d’user de faibles instruments pour dispenser sa grâce. La communauté des croyants rappelle ainsi à chacun qu’il advient à la foi par et avec d’autres, et que cette foi ne va pas sans la charité fraternelle qui s’exerce d’abord dans l’Église elle-même. Si elle est sombre du péché de ses membres, elle est surtout belle de l’amour de l’Époux, le Christ qui s’est livré pour elle, et de tous les fidèles, souvent anonymement saints, qui la composent. Voici quelques idées de lectures pour être confortés dans l’espérance au sujet de cette mère souvent indigne.
Une prise de conscience
Histoire d’une âme de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus
"Dans le cœur de l’Église, je serai l’amour". Cette phrase, qui vient de l’Histoire d’une âme, compilation d’écrits autobiographiques de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, est célèbre. Elle est le fruit d’une prise de conscience de la jeune carmélite. Alors qu’elle est dans la dernière année de sa vie, la religieuse lexovienne voit sa foi soumise à l’épreuve de la nuit. Thérèse veut alors épouser toutes les vocations, par désir d’absolu :
Être carmélite, […] cela devrait me suffire… il n’en est pas ainsi… […] je sens en moi d’autres vocations, je me sens la vocation de GUERRIER, de PRÊTRE, d’APÔTRE, de DOCTEUR, de MARTYR […] je voudrais mourir sur un champ de bataille pour la défense de l’Église.
La petite Thérèse sent bien qu’elle n’est aucun de ces membres-là de l’Église et ne pourra l’être :
La Charité me donna la clef de ma vocation, poursuit-elle, […] je compris que l’Église avait un Cœur, et que ce Cœur était BRÛLANT d’AMOUR. Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de l’Église, […] Je compris que l’AMOUR RENFERMAIT TOUTES LES VOCATIONS, […] Alors, dans l’excès de ma joie délirante, je me suis écriée : Ô Jésus, mon Amour… ma vocation, enfin je l’ai trouvée, MA VOCATION, C’EST L’AMOUR !… Oui j’ai trouvé ma place dans l’Eglise et cette place, ô mon Dieu, c’est vous qui me l’avez donnée… dans le Cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’AMOUR… ainsi je serai tout… ainsi mon rêve sera réalisé !
Un texte théologique
Lumen gentium, constitution dogmatique du concile Vatican II
Les textes du concile s’ouvrent par cette constitution et ces mots : "Le Christ est la lumière des peuples". Puisque le Fils est désormais auprès du Père, l’Église est chargée d’annoncer au monde cette lumière qui resplendit sur son visage. Ce préambule ouvre un traité théologique sur la nature de l’Église et sa mission. Sur ses membres aussi, le peuple de Dieu constitué de la hiérarchie ecclésiastique et des laïques, tous appelés à la sainteté qui est la "vocation universelle" dans l’Église. Figure de l’Église, la Vierge Marie est également évoquée, en particulier comme "signe d’espérance" pour les croyants : "Tout comme dans le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et inaugure l’Église en son achèvement dans le siècle futur, de même sur cette terre, en attendant la venue du jour du Seigneur, elle brille déjà devant le Peuple de Dieu en pèlerinage comme un signe d’espérance assurée et de consolation."
3Une méditation
Méditation sur l’Église du cardinal de Lubac
Le texte est assurément théologique et parfois complexe. Fruit d’entretiens pour des retraites, cet ouvrage est une réflexion qui a fait date. Le jésuite Henri de Lubac – dont le procès de béatification vient d’ailleurs d’être ouvert – développe en effet dans ces pages des idées qui se verront confirmées par la constitution de Vatican II sur l’Église Lumen gentium. Dès l’avant-propos, le théologien contemple l’Épouse du Christ comme la Jérusalem d’en haut : "Cette Patrie de la liberté, "notre Mère", nous est apparue dans sa majesté royale et son céleste rayonnement, au cœur même de notre réalité terrestre, au sein des obscurités et des lourdeurs inévitables qu’entraîne sa mission au milieu des hommes." La méditation s’attache aussi à "la face obscure" de l’Église. Elle est "pour l’incroyant que le Père n’attire pas encore un obstacle" et, même, "pour le croyant elle peut être une épreuve, et il est bon qu’elle le soit". La difficulté mise ici en évidence renvoie à celle de croire que Dieu s’est incarné et use de médiations humaines malgré, ou du fait de, sa toute-puissance : "Combien plus ‘scandaleuse’ encore, combien plus ‘folle’, cette croyance à une Église où non seulement le divin et l’humain sont unis, mais où le divin s’offre obligatoirement à nous à travers le ‘trop humain’ !".
Une page de littérature
Jeanne relapse et sainte de Georges Bernanos
"Car l’heure des saints vient toujours. Notre Église est l’église des saints." Cette affirmation, le littérateur la proclame avec force. Dans une magnifique fresque sur Jeanne d’Arc, Bernanos met en avant son esprit d’enfance autant que son héroïsme mêlé d’angoisse. Relire le procès de la pucelle d’Orléans est aussi l’occasion de parler de l’Église qui, en quelque sorte, est des deux côtés du tribunal. Justement, dit-il, il ne faut pas se fier aux apparences : "Qui s’approche d’elle avec méfiance ne croit voir que des portes closes, des barrières et des guichets, une espèce de gendarmerie spirituelle. Mais, ajoute-t-il, notre Église est l’église des saints". En effet, tous, et même les prélats les plus apparemment endurcis, désirent la sainteté, cette "admirable aventure", "la seule aventure". Ainsi ordonnée au ciel, l’institution prend une autre dimension : "Tout ce grand appareil de sagesse, de force, de souple discipline, de magnificence et de majesté n’est rien de lui-même, si la charité ne l’anime." Malgré son constat sans appel sur l’état de l’Église – "la médiocrité n’y cherche qu’une assurance solide contre les risques du divin" – Bernanos le redit tel un refrain : "Notre Église est l’église des saints".
Une prière
Le chapitre 3 du livre de Daniel
Ce cinquième texte est tiré de l’écriture. Et, même de l’Ancien testament, ce qui pourrait paraître étrange puisque l’Église est instituée par le Christ sur les Douze apôtres. Mais elle est déjà préfigurée dans le peuple d’Israël, qui s’appuie sur les douze tribus issues des fils de Jacob. En exil à Babylone, trois jeunes gens Hébreux refusent l’idolâtrie imposée par le roi Nabudochonosor II. Une fois jetés dans la fournaise pour se refus, l’un d’eux, Azarias, prononce un cantique au Seigneur : "Béni sois-tu, Seigneur, Dieu de nos pères, loué sois-tu, glorifié soit ton nom pour les siècles !" Le peuple de Dieu est certes humilié parce qu’il a oublié son Dieu, mais le Créateur oublie-t-il ses promesses ? Le texte semble presque évoquer les tourments actuels de l’Église : "Car nous avons péché ; quand nous t’avons quitté, nous avons fait le mal : en tout, nous avons failli. […] À cause de ton nom, ne nous livre pas pour toujours et ne romps pas ton alliance […] nous voici, ô Maître, le moins nombreux de tous les peuples, humiliés aujourd’hui sur toute la terre, à cause de nos péchés." La conscience du péché tourne cependant le cœur des pécheurs vers le Dieu de miséricorde : "Que notre sacrifice, en ce jour, trouve grâce devant toi, car il n’est pas de honte pour qui espère en toi." La prière est suivie du cantique dit "des trois enfants" : épargnés par le feu, les trois jeunes hébreux louent Dieu pour tous ses bienfaits et pour le salut donné : "Toutes les œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur : à lui, haute gloire, louange éternelle !"