Par Cyprien Viet, envoyé spécial à Lisbonne. "J'apprends les JMJ", s'émerveille Annalia en accueillant les pèlerins à l'aube. "Je suis super heureuse d'être ici, et mes parents le sont encore plus !" s'amuse Léontine, 22 ans, jeune fille venue de l'Essonne avec un groupe de scouts, "embauchée" comme volontaire avec son amie afin de distribuer drapeaux et éventails aux jeunes Français.
Dans les allées menant aux lieux du rassemblement résonnent des airs liés à l'ambiance 'Jmjiesque', de "Comment ne pas te louer" au moins canonique "Nathalie, mon amour des JMJ", chant parodique finalement adopté par les jeunes pèlerins comme un hymne rempli d'amour autant que d'humour. Quelques mètres plus loin, autour d'une jeune fille victime d'une entorse et portée sur les épaules d'un camarade de pèlerinage, Charles Aznavour est réinterprété : "Emmenez-moi à la pharmacie, emmenez-moi au pays des attelles", chantent-ils, suscitant l'hilarité de la "blessée" du jour.
Le "Temps des Français" donne l'occasion aux jeunes venus de l'Hexagone d'un moment de communion nationale avant de replonger dans la dimension internationale propre aux Journées mondiales de la Jeunesse. Certaines délégations se montrent particulièrement imposantes, des 900 jeunes du diocèse de Rennes aux 3.000 jeunes du diocèse de Versailles.
Une trentaine de dominicains accompagnent 300 jeunes, venus pour certains en voiliers, au départ de Bretagne et de Marseille. Le frère Marie-Olivier Guillou, aumônier de la Marine nationale à Toulon, est dans son élément en ce lieu portuaire. "Venant de Marseille, avec les traditions de Provence qui nous disent que l'Évangile est venu par la mer, c'est beau de se retrouver au Portugal, à l'extrémité de la Péninsule ibérique, devant l'océan", se réjouit ce dominicain qui a fait de la navigation avec des jeunes une occasion d'évangélisation.
Un groupe de l'Arche est venu de Lyon avec plusieurs personnes porteuses de handicap, notamment Arthur, trisomique, qui avait déjà participé aux JMJ de Cracovie en 2016. "Je chante fort car je suis heureux ici", explique-t-il, impatient de revoir le pape François. La responsable de ce groupe, Aude, raconte qu'au total 250 personnes porteuses de handicap et prises en charge au sein de l'Arche sont venues aux JMJ.
La foule, qui s'est densifiée au fil de la matinée, montre le visage jeune de l'Église de France, redonnant du baume au cœur à leurs accompagnateurs et aux évêques français qui s'inclinent en demandant de recevoir leur bénédiction. Tout au long de la matinée se succèdent des temps festifs et de moments de recueillement, notamment un temps d'adoration qui verra se mettre à genou, dans un silence profond et respectueux, ces mêmes milliers de jeunes qui criaient et dansaient quelques minutes plus tôt.
Des chants de louange aux chants d'adoration traditionnels, du rap à la musique électronique, il y en aura eu pour tous les goûts durant cette matinée. "La culture a besoin de Dieu", lance l'un des animateurs de la matinée, en exhortant tous les jeunes à mobiliser leurs talents pour faire vivre la foi chrétienne dans tous les milieux contemporains, même là où ne l'attend pas forcément, comme dans le milieu du sport de haut niveau : les "Holy Games" organisés dans le cadre des JO de Paris 2024 suscitent une réponse enthousiaste des jeunes.
Des jeunes interpellés par Olivier Giroud
"Que vous êtes beaux! Vous êtes un signe d'espérance", leur lance le footballeur Olivier Giroud, dans un message diffusé en vidéo. Voir ces milliers de jeunes "réunis pour la foi en Jésus" émeut le champion du monde 2018 qui exhorte les jeunes : "Devenez des athlètes de Dieu ! Assumez sereinement votre foi en Dieu !", lance le footballeur, protestant évangélique soucieux de l'unité des chrétiens. "Marchons ensemble à la suite de Jésus ressuscité !", insiste-t-il. Les jeunes se montrent particulièrement interpellés par sa question : "Et si Jésus était en face de toi, que voudrais-tu lui dire?".
Soyez les porte-parole et les "porte-cœur" de l'eucharistie.
Lucie, 23 ans, étudiante en master de psychologie, est venue de Paris avec 800 jeunes de la communauté de l'Emmanuel. Elle se réjouit de trouver dans cet évènement un "ancrage spirituel" qui montre que ce rassemblement n'est pas un simple "festival de jeunes".
La foule, très variée, témoigne d'une réelle soif de Jésus. "Jeunes de France, ouvrez grand votre cœur à la présence du Seigneur", leur lance à la fin le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille. Cette jeunesse enthousiaste, pleine d'énergie et de foi, semble prête à répondre à l'invitation lancée sur scène par le comédien Medhi Djaadi, passé de l'islam au protestantisme puis au catholicisme : "Soyez les porte-parole et les "porte-cœur" de l'eucharistie".