Selon une étude de l’Insee, 237.000 mariages entre un homme et une femme ont été célébrés en France en 2022. On en comptait environ 400.500 en 1970. De plus, les mariages sont de plus en plus tardifs : si la moyenne d’âge est de 31,5 ans pour les femmes et de 33,1 pour les hommes en 2020, elle était de 22,6 ans pour les Françaises et de 24,7 ans pour les Français en 1970.
Les raisons pour lesquelles il y a de moins en moins de mariages, et de plus en plus tardivement, sont multiples : les gens consacrent davantage de temps à leurs études, ils souhaitent rechercher un emploi stable avant de s’engager dans une vie à deux. Sans compter que de nos jours, il est souvent conseillé de ne pas se marier trop jeune et d’avoir d’abord fait d'autres expériences dans sa vie. Peut-être avez-vous reçu des conseils similaires.
Pourtant il existe encore des couples qui osent franchir le pas et il est toujours étonnant de voir un homme et une femme prendre un engagement aussi important, quel que soit leur âge. Sont-ils conscients finalement que le mariage est une croix, qu'ils devront partager la télécommande de la télévision, qu'ils n'auront pas toujours l'impression d'être amoureux ? L'un d'eux mangera inévitablement le dernier yaourt ou refusera de se lever à 3 heures du matin pour s’occuper du bébé. Pourtant, certains couples continuent à suivre la préparation au mariage, déterminés à se présenter devant l'autel pour le sacrement du mariage.
En fin de compte, la décision de deux personnes de confier leur cœur l'un à l'autre est une question de foi. La foi est un ferme assentiment de l'esprit aux choses invisibles. C'est une décision intellectuelle qui saisit un bien particulier qui n’est, par définition, que partiellement compris ou connu. Dans un mariage, avoir foi signifie accepter que, malgré tout ce que vous pouvez connaître de votre conjoint, en un certain sens, il restera toujours un mystère.
L’exemple de saint Thomas
Le passage de l’Évangile où saint Thomas montre ses réticences et son incrédulité est bien connu : "Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas !" (Jn 20,25).
Plus tard, Jésus n'accuse pas Thomas d'infidélité ou d'immaturité. Il n'informe pas Thomas qu'il n'est pas encore prêt à s'engager en tant que chrétien. Au contraire, Jésus lui donne des preuves raisonnables. Il laisse Thomas toucher ses mains et son côté. Ce ne sont pas des preuves scientifiques de la véracité de l'Évangile, du fait qu’Il est réellement le Messie ou du fait qu’Il a rendu possible le salut des hommes. Cependant Thomas répond avec joie : il change de vie, la consacre à la fondation de l'Église, devient lui-même martyr et il accomplit tout cela avec foi. Il s'agit d'une foi raisonnable, mais néanmoins de foi. C'est un bon modèle du type de foi que les époux devraient avoir l'un envers l'autre.
Accepter les preuves
Lorsque quelqu'un prend la décision de se lier à une personne, il pose un acte de foi. Il apprend d’abord à connaître son caractère, à savoir comment elle réagit face aux échecs, comment elle se comporte lorsqu’il y a un désaccord ou quand il faut pardonner. Au fur et à mesure qu'ils passent du temps ensemble, ils apprennent de nouveaux aspects de leur personnalité. Il est toutefois impossible de savoir à l’avance comment cette personne se comportera face aux nouvelles situations de la vie, comme la maternité ou la souffrance, ou si un défi inattendu la changera.
Cependant, au moment du mariage, les futurs époux s'appuient sur ce qu’ils ont pu apprendre l’un de l’autre et ils font un acte de foi : ils sont heureux de ce qu’ils ont vu et sont prêts à prendre le risque, malgré l'inconnu qui s'ouvre à eux parce qu’il ne s’agit pas d’un choix infondé. La foi n'est pas aveugle, mais elle est ouverte aux possibilités. Au cours de la vie, les conjoints continuent à grandir dans leur foi mutuelle même si tout peut basculer du jour au lendemain - mais la foi des époux doit être assurée que ce ne sera pas le cas.
L'habitude de la foi
Le pape Benoît XVI, dans sa lettre encyclique Spe salvi [2007], dit que "la foi est un “habitus”, c’est-à-dire une disposition constante de l’esprit". Cela signifie que nous acquérons la foi au fil du temps en la pratiquant. Lorsque vous avez des doutes, comme saint Thomas, la meilleure réponse n'est pas d'abandonner ou de refuser de prendre un risque, mais d'utiliser les preuves que vous avez et votre raison pour éclairer votre foi. Un homme et une femme ne peuvent pas tout savoir l'un sur l'autre. Ils ne le sauront probablement jamais. Lorsqu'ils envisagent de s'engager dans le mariage, les doutes sont peut-être légitimes, peut-être exagérés, mais le fait est que la foi est la meilleure méthode de connaissance car elle permet de tendre la main pour saisir ce que l’on a perçu de bien.
Si vous ne franchissez jamais le pas, vous pourriez passer à côté de beaucoup de bienfaits. Cependant si vous avez foi en une personne, la récompense sera une vie partagée ensemble et une aventure constante qui deviendra chaque jour plus gratifiante.