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Violences à Jénine : un horizon sombre pour la Terre sainte

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Jénine, en Cisjordanie occupée, 4 juillet 2023, après un raid militaire meurtrier mené par Israël.

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Manuella Affejee - published on 06/07/23
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Quarante-huit heures de combats, une dizaine de morts et une centaine de blessés, de lourdes destructions : c’est le tragique bilan établi au terme de l’offensive militaire menée par l’armée israélienne ces derniers jours dans la région de Jénine, en Cisjordanie occupée, contre des groupes armés palestiniens. Les violents affrontements ont également causé des dégâts à l’église catholique de la ville, suscitant la réaction immédiate du Patriarcat latin de Jérusalem.

"Une agression israélienne sans précédent". Les mots employés par Mgr Pierbattista Pizzaballa ne sont pas exagérés. La ville et le camp de réfugiés palestiniens de Jénine, situés dans le nord de la Cisjordanie, n’avaient en effet rien vu de tel depuis 2002. Déclenchée lundi 3 juillet matin à l’aube, l’opération terrestre et aérienne de Tsahal a déployé un millier de soldats, ainsi que des drones et des bulldozers pour un assaut d’une rare violence. Objectif : "neutraliser" les groupes armés – Hamas et Jihad islamique en tête – dont Jénine se retrouve être, de longue date, le bastion. 

Épicentre des tensions

Considérée comme une plaque tournante du terrorisme par l’État hébreu – mais comme un symbole de résistance par les Palestiniens –, Jénine est le théâtre d’incursions récurrentes des forces israéliennes. Leur rythme s’est toutefois accru au cours de ces derniers mois, coûtant à chaque fois de nombreuses vies. Ces raids meurtriers s’insèrent dans un contexte général de regain de tensions imputable à l’arrivée au pouvoir, à Tel-Aviv, d’une coalition sous l’égide du Premier ministre Benyamin Netanyahu. Le climat sécuritaire n’a, dès lors, cessé de se dégrader. Selon Israël, plus de cinquante attentats ont été menés sur son sol depuis le début de l’année ; la plupart d’entre eux aurait été organisés à Jénine même. De là, sa décision de frapper fort en ce début du mois de juillet.

L’offensive qui a fait rage durant deux jours aurait ainsi permis, selon les informations communiquées par l’armée israélienne, de détruire un "centre d’opération", des caches d’armes et des ateliers de fabrication d’explosifs. Mais elle a aussi réduit plusieurs parties du camp de réfugiés à l’état de ruines, touché les populations civiles palestiniennes et entraîné la fuite de 3.000 habitants. Les combats, acharnés, ont également endommagé l’église latine de Jénine, nichée au cœur même de la ville et donc particulièrement exposée. Impossible pour le moment de savoir qui est responsable de ces dégâts ou s’ils ont été causés délibérément.

La mission des chrétiens : prier sans relâche

C’est, quoi qu’il en soit, un coup dur pour la communauté catholique locale, numériquement très faible – environ 150 âmes sur une population d’environ 40.000 habitants. Interrogé par Vatican News, le curé de la paroisse latine décrit des scènes de guerre "avec des explosions, des avions et des chars" utilisés contre "des jeunes qui ont le droit de défendre leur terre". Le père Labib Deibes assure aujourd’hui se tenir aux cotés des habitants de la ville, chrétiens et musulmans, et n’avoir qu’un espoir : que le "peuple palestinien récupère tous ses droits".

Réagissant à ces dégradations, le patriarche latin de Jérusalem en a profité pour condamner l’offensive israélienne, avant de demander "un cessez-le-feu immédiat", seul moyen, selon lui, de prévenir "d’autres futures attaques injustifiées contre la population". Le vicaire patriarcal pour Jérusalem et la Palestine a pour sa part exprimé la "tristesse" de l’Église en Terre sainte face à ce nouveau cycle de violences qui dérobe des vies "innocentes", aussi bien israéliennes que palestiniennes. Pour Mgr William Shomali, la situation est simple : tant que des efforts "sérieux et responsables" ne seront pas mis en œuvre pour résoudre ce conflit vieux de 75 ans, le schéma actuel sera voué à se perpétuer. Victimes, comme les autres, de cette inextricable situation, les chrétiens sont appelés à prier sans relâche, pour que se lèvent, des deux côtés, des hommes de bonne volonté. Tel est le vœu formulé par Mgr Shomali alors que l’horizon s’obscurcit pour la Terre sainte.

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