"Ce n’est pas parce que parfois, à bout de forces, à bout de souffrances, nous demandons la mort que vous devez l’accepter comme si nos vies étaient négligeables. Rassurez-nous, soulagez-nous, retenez-nous. Dites-nous que vous comprenez l’angoisse, le manque, la peur qui nous étreint." 110 personnes, malades (lymphome en seconde rechute, maladie de Charcot, myopathie…), lourdement handicapées moteur, malades psychiques, personnes âgées, porteurs de trisomie 21 mais aussi proches aidants et personnes âgées ont signé une tribune diffusée ce mercredi 28 juin dans Le Figaro afin de s’opposer à la légalisation de l’euthanasie en France.
Alors qu’un projet de loi sur la fin de vie doit être présenté par le gouvernement d’ici la fin de l’été, les débats et offensives médiatiques en faveur de l’euthanasie se multiplient. Parmi elles, un "Manifeste des 109" a été publié le 15 mars dernier dans l’Obs. Ce nouveau texte porté par 110 personnes handicapées, malades ou âgées en est une bouleversante réponse. "Venez, approchez-nous, extrayez-vous de ces injonctions à la rapidité, au dynamisme, à la performance, et laissez-vous exister avec nous. Vous évaluez souvent la qualité de notre vie, et vous la jugez mal. Posez-vous avec nous", écrivent les signataires parmi lesquels on retrouve Philippe de Cuverville, 62 ans, atteint d’un lymphome en seconde rechute, Caroline Schürr, 37 ans, lourdement handicapée moteur ou encore Marc Henri d’Alès, 45 ans, atteint d’Infirmité Motrice Cérébrale.
Laissez-nous aussi le temps d’apprendre à mourir. C’est un métier d’homme difficile, un processus qui peut sembler long, mais il est essentiel. Pour nous, comme pour vous.
"Vous apprendrez auprès de nous combien nous sommes vivants au présent. Et laissez-nous le temps d’exister avec la maladie, le handicap qui nous contraignent. Laissez-nous aussi le temps d’apprendre à mourir. C’est un métier d’homme difficile, un processus qui peut sembler long, mais il est essentiel. Pour nous, comme pour vous." Et de conclure : "Légaliser l’euthanasie, c’est suggérer que nos vies, parce qu’elles sont limitées physiquement et souvent douloureuses, sont un poids, inutile. Et nous refusons la légalisation d’un droit de mourir à la demande, parce qu’il finira par s’imposer à nous comme un devoir de mourir."