L’origine du mois de Marie
Il est probable que l’origine de cette dévotion ne tienne qu’à un certain jeu de mot, auquel invitait la ressemblance du nom de Maria avec celui de Maia, la déesse que l’Antiquité attribua au cinquième mois de l’année. Le roi de Castille Alphonse X semble être le premier, au XIIIe siècle, à user de cette proximité sémantique pour chanter Notre Dame dans ses Cantigas de Santa Maria. Dès le XVIe siècle, franciscains, dominicains et jésuites, surtout en Italie, rivalisent d’initiatives pour encourager le peuple chrétien à faire du premier jour de mai, puis de tout le mois, un temps propice au souvenir de la Vierge. On cueille alors les premières fleurs de l’année pour les offrir à sa Mère, et les roses à peine écloses forment un vivant rosaire.
Si le dépôt de gerbes et de bouquets auprès des effigies de Marie a pris de l’ampleur, c’est qu’il a une valeur symbolique : la fleur convient bien à Marie, elle qui précède son fils, fruit du salut, comme les fleurs dont se parent les arbres pour annoncer leur fruit. Le printemps, dont la fraîcheur évoque l’aube, convient à la Mère comme l’été s’accorde au Fils, "soleil de justice qui porte la guérison en ses rayons" (Ml 3,20). La papauté reconnaîtra et promouvra cette consécration mariale du mois de mai assez tardivement (1815), et ce n’est que par la suite que l’Église consacrera le mois de juin au Sacré-Cœur (1873), soulignant ainsi que Marie mène immanquablement à son Fils, et que l’on honore l’une que pour mieux aller à l’autre.
Traditions locales
Dans toutes les contrées catholiques, les traditions locales adaptent cet élan de prière mariale. Le plus souvent la famille érige à la maison un autel à Marie, mettant à l’honneur la statue ou l’image de la Vierge et la gardant fleurie tout le mois, et ornée de bougies ; la famille se retrouve pour dire le chapelet chaque jour du mois autour de cet autel domestique, ou encore plusieurs familles auprès d’une statue dressée au coin de rues ou à la croisée des chemins. Là brûlent quelques veilleuses et des bouquets de fleurs s’interdisent de sécher.
Chaque saison nous dit quelque chose du mystère de Dieu, et la création s’offre au chrétien comme un vivant psautier, qu’il peut vénérer et chérir à ce titre.
Ces pratiques parfois oubliées trouvent aujourd’hui une nouvelle pertinence. À l’heure où tant de chrétiens se rendent justement attentifs à la sauvegarde de la Création, ils doivent saisir l’opportunité de contempler celle-ci dans sa valeur symbolique : toute cette vivante beauté qui les entoure n’est pas un but en soi, mais un appel à Dieu. Chaque créature et chaque saison nous dit quelque chose du mystère de Dieu, et la création s’offre au chrétien comme un vivant psautier, qu’il peut vénérer et chérir à ce titre.
La louange des saisons
Au don magnifique du Créateur à l’homme, doit répondre l’hommage de l’homme et de tout le cosmos, pour chanter ses louanges au moyen des saisons, des fleurs et de tout ce qui respire. Les chrétiens d’aujourd’hui ont tout intérêt à se saisir de leurs pieuses traditions : elles répondent aux besoins d’une époque avec bien plus de souffle et de poésie qu’un arsenal inquiet de recommandations matérielles. L’Église a commencé à honorer la création bien avant que les premiers écologistes n’élaborent leurs lexiques. Elle offre aujourd’hui à ceux qui s’en soucient de nouveaux motifs d’engagements, et quelque chose comme une hauteur de plus, en célébrant le Donateur présent derrière son don, et en décelant en chaque créature la bénédiction de son Auteur.
[EN IMAGES] Découvrez le sanctuaire de Fatima aujourd’hui :