Devant quelques milliers de pèlerins réunis sur la place Saint-Pierre pour l'audience générale du 17 mai, le pape François a montré à quel point la figure de saint François-Xavier, patron des missions catholiques et évangélisateur de l’Asie, constitue une inspiration pour les missionnaires. "C’est grand, de sortir de sa patrie pour prêcher l’Évangile", a-t-il reconnu. Le Pape a souhaité encourager les vocations missionnaires et exhorté à oser entrer en contact avec des cultures différentes, notamment la Chine.
Saint François-Xavier était un "grand rêveur" qui avait compris que "le pays décisif pour la mission en Asie" était la Chine. "Avec sa culture, son histoire, sa grandeur, elle exerçait une domination de fait sur cette partie du monde", a détaillé le Pape. "Aussi aujourd’hui, la Chine est un pôle culturel, une grand seuil, une histoire très belle", a encore affirmé François, qui a établi en 2018 un accord controversé avec le régime communiste actuel sur les nominations d’évêques, avec des résultats très mitigés pour le moment.
L’amour du Christ a été la force qui l’a poussé jusqu’aux frontières les plus éloignées, au prix de fatigues et de dangers constants.
Faisant peut-être écho à ses propres difficultés, le Pape a reconnu que son confrère jésuite avait échoué : saint François Xavier est mort aux portes de la Chine, "sur la petite île de Schangchuan, attendant en vain de débarquer sur le continent, près de Canton". "Le 3 décembre 1552, il meurt dans un abandon total, seul un Chinois se tient à ses côtés pour veiller sur lui. Ainsi s’achève le voyage terrestre de François Xavier", à seulement 46 ans. Cet homme provenant d’un milieu cultivé s’est éteint aux portes du "pays le plus cultivé de cette époque", accompagné par un Chinois : "tout un symbole", s’est-il émerveillé.
"L’amour du Christ a été la force qui l’a poussé jusqu’aux frontières les plus éloignées, au prix de fatigues et de dangers constants, surmontant les échecs, les déceptions et le découragement, et lui offrant même la consolation et la joie de le suivre et de le servir jusqu’au bout", a expliqué le Pape.
Une inspiration pour les missionnaires d’aujourd’hui
"Il y a tant de missionnaires cachés qui aujourd’hui aussi font tant de choses, même plus que saint François Xavier", a reconnu le Pape, avant de rendre hommage aux nombreux prêtres, laïcs et religieuses qui osent encore aujourd’hui l’aventure de la mission, notamment en partant de l’Italie.
Il a confié notamment avoir remarqué, en étudiant les dossiers des candidats à l’épiscopat, que de nombreux prêtres ont vécu des expériences en dehors de leur pays d’origine, parfois durant une décennie. Il a invité à cultiver cet élan missionnaire en s’inspirant de saint François Xavier, revenant en détail sur le parcours de celui qui fut l’un des premiers compagnons de saint Ignace de Loyola.
Né en 1506 en Navarre et étudiant à Paris, François Xavier était "un jeune intelligent, mais mondain", qui a finalement abandonné toutes ses ambitions de carrière ecclésiastique pour devenir missionnaire, à la suite de saint Ignace de Loyola. Il a accepté de partir en voyage vers l’Orient, et donc vers des "mondes inconnus".
Regardez l’horizon du monde, regardez les peuples qui ont tellement de besoins, tant de gens qui souffrent, tant de gens qui ont besoin de connaître Jésus
"C’est ainsi que commence la première d’une longue série de missionnaires passionnés, prêts à endurer d’immenses difficultés et dangers, à se rendre sur des terres et rencontrer des peuples de cultures et de langues totalement inconnues" afin de "faire connaître Jésus-Christ et son Évangile", s’est émerveillé François. "À l’époque, les voyages en bateau étaient très difficiles et dangereux. Nombreux étaient ceux qui mouraient en route, victimes de naufrages ou de maladies", a rappelé le pape François, faisant aussi allusion aux migrants que "nous laissons mourir en Méditerranée".
Un voyage de 11 ans en Inde, en Indonésie et au Japon
Saint François Xavier a passé sur des bateaux un tiers de ses 11 ans de mission en Asie, de l’Inde au Japon. Après une première expérience d’évangélisation à Goa, "lors d’une prière nocturne sur la tombe de l’apôtre Saint Barthélemy, il sent qu’il doit aller au-delà de l’Inde". Il part alors pour les Moluques, dans l’archipel indonésien, où il traduira le catéchisme dans la langue locale, évangélisant les populations par le chant. Cette expérience le fera "pleurer de joie", a raconté le Pape.
"Un jour, en Inde, il rencontre un Japonais qui lui parle de son pays lointain, où aucun missionnaire européen n’est jamais allé. François Xavier décide de partir au plus vite, et y arrive après un voyage aventureux sur la jonque d’un Chinois. Les trois années passées au Japon sont très dures, en raison du climat, de l’adversité et de l’ignorance de la langue, mais même là, les graines plantées porteront de nombreux fruits."
Que le Seigneur nous donne à tous la joie d’évangéliser, de porter en avant ce message qui nous rend heureux, et qui rend tout le monde heureux.
François a donc appelé à faire de saint François Xavier un modèle inspirant pour les si nombreux jeunes "qui ne savent pas quoi faire de leur inquiétude". "Regardez l’horizon du monde, regardez les peuples qui ont tellement de besoins, tant de gens qui souffrent, tant de gens qui ont besoin de connaître Jésus", a exhorté François, sortant de son texte avec enthousiasme.
"Il y a aujourd’hui aussi des jeunes courageux », a-t-il ajouté, évoquant notamment les missionnaires actuels en Papouasie Nouvelle-Guinée, dont lui ont récemment parlé les évêques du pays en visite ad limina. "Que le Seigneur nous donne à tous la joie d’évangéliser, de porter en avant ce message qui nous rend heureux, et qui rend tout le monde heureux", a insisté le Pape, revenant ainsi à la racine de sa propre vocation jésuite.