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Génocide arménien : 100 ans après l’histoire se répète-t-elle ?

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Des soldats de la paix russes sont vus déployés dans le corridor de Latchine, la seule liaison terrestre de la région séparatiste du Haut-Karabakh peuplée d'Arméniens.

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Charles des Minières - publié le 09/05/23
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L’installation par l’Azerbaïdjan d’un checkpoint fin avril à l’entrée du corridor de Latchine, seul axe routier reliant l’Arménie au Haut-Karabagh, inquiète, ravivant dans les mémoires le souvenir du génocide arménien. Décryptage.

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L’installation fin avril par l’Azerbaïdjan d’un premier checkpoint à l’entrée du corridor de Latchine, axe vital pour l’Arménie dans la mesure où il s’agit du seul axe routier reliant l’Arménie au Haut-Karabagh, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase des inquiétudes et des peurs du peuple arménien, ravivant le souvenir glaçant du génocide arménien.  Le Haut-Karabagh est une région peuplée d’arméniens enclavée dans l’Azerbaïdjan. Depuis la guerre des 44 jours en 2020, ces plateaux se trouvent enfermés sur le territoire azéri. La communication et l’approvisionnement ne peut se faire que par le moyen d’un couloir reliant Goris à Stepanakert en Artsakh. 

Jusqu’à décembre 2022, le ravitaillement de cette région s’effectuait très simplement par le couloir de Latchine. Mais le blocus du corridor par des manifestations illégales puis l’installation d’un checkpoint azéri à la frontière fin avril a pour conséquence le contrôle par l’Azerbaïdjan de tout le flux de produits entrant dans le Haut-Karabagh. Les camions d’approvisionnement ne parviennent ainsi plus dans le Haut-Karabagh et la région manque de tout ; autant de produits alimentaires que médicales ou encore d’essence pour les véhicules. Les rayons sont vides dans les magasins, des tickets de rationnements sont mis en place et une grande partie du carburant est réquisitionné. La population est à la merci de ses geôliers qui veillent scrupuleusement à ce que le ravitaillement ne pénètre que peu ou pas du tout dans leur terre natale. En d’autres termes, les arméniens du Haut-Karabagh se retrouvent “prisonniers” dans leur pays, tout est fait pour leur rendre la vie impossible et les contraindre à quitter les lieux. 

Vider le territoire de sa population

Depuis la fin du mois de mars les soldats azéris ne cessent d’agresser l’Arménie non loin du village de Tegh à proximité du couloir de Latchine. La vision défendue par l’Azerbaïdjan est claire et l’objectif précis, le président Ilham Aliyev ne s’en cache pas.Le Haut-Karabagh est azerbaïdjanais et doit donc être vidé de toute présence arménienne. Terrorisme, destruction, ostracisation… Le gouvernement azéri multiplie les actions en ce sens. En détruisant les Khachkars, pierres traditionnelles arméniennes ou en expulsant les prêtres d’un monastère, le parti azéri vient par exemple épurer les traces du passage de la culture arménienne sur un territoire. En effet l’unité et la particularité du peuple arménien, au-delà de sa langue, est faite par une architecture distinct et un rite orthodoxe proprement arménien. Dans ces choses chaque arménien va fonder son identité propre et se reconnaître. 

L’agression de la part de l’Azerbaïdjan ou le blocage du couloir de Latchine ne sont donc pas de simples faits divers mais le résultat de la volonté d’un peuple sur un autre. Les arméniens du Haut-Karabagh se retrouvent aujourd’hui face au dilemme tragique des chrétiens d’Orient. Les maisons qu’ils habitent sont les leurs depuis plusieurs générations ; la terre qu’ils cultivent a forgé leur identité et leur nation. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si le mont Ararat est présent au centre du drapeau arménien. Ils ne peuvent donc pas quitter ce territoire qu’ils habitent depuis plusieurs générations car il fait partie intégrante de leur identité. Une identité plus que jamais menacée.

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