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"Il faut savoir terminer une grève" : aucune phrase de Maurice Thorez n’a été davantage citée que celle-ci par les gouvernements de droite et de gauche empêtrés ces dernières années dans les conflits sociaux. Nicolas Sarkozy en 2007, François Hollande en 2016, Édouard Philippe en 2020 ont tous trois répété le même sentence, et sur le même ton solennel, "il faut savoir terminer une grève". Tout trois en ont appelé à la célébrité communiste qui l’avait prononcée le premier, Maurice Thorez. Mais ils ont tous les trois oublié de préciser que cette phrase a été dite non pas en 1947, au moment des grèves insurrectionnelles, mais après la signature des accords de Matignon consécutive aux élections du Front populaire, en 1936, et que la citation exacte disait : "Il faut savoir terminer une grève dès que la satisfaction a été obtenue."
Sauver la face
La fin des grèves est comme la dispersion des manifestations : c’est le moment de tous les dangers. Il ne s’agit pas seulement de sauver les meubles — en général, on y parvient — mais de sauver la face, et ça, c’est un travail de titan, ou d’orfèvre. La situation de la France d’aujourd’hui ne ressemble ni à celle de 1936, ni à celle de 1968, elle n’a rien de joyeux ; en revanche, elle évoque par certains côtés le désordre insurrectionnel de 1947. En cette année noire, le pays s’enfonce dans la violence et la tristesse, et aussi dans la faim. À la jouer "droit dans ses bottes", le gouvernement Ramadier souffle sur les flammes.
Le Parti communiste, aux ordre de Moscou, attend le signal pour faire tomber le régime et tenter de prendre le pouvoir par la force. Il y a partout des grèves, des pénuries, et surtout il y a des morts. Un train saboté par la CGT déraille et tue 16 personnes. La classe politique est désespérée ou révoltée. Le général de Gaulle jette l’éponge et se retire à Colombey. Le maréchal Leclerc, héros national, libérateur de Paris et de Strasbourg, vient de se tuer dans un accident d’avion. Il n’y a plus d’avenir.
Prier pour la France
Quand le pèlerin arrive à L’Île-Bouchard, il est frappé par la masse paisible des très vieilles maisons de ce bourg bâti en pierre de Touraine faciles à sculpter mais dont les siècles ont effacé les angles. Les façades du village paraissent onduler, aucune ligne n’est droite, les perrons se sont évadés de leur géométrie initiale, ils coulent comme du miel sous les générations de sabots qui les ont gravis, comme pour prouver qu’au- delà des catastrophes de chaque siècle, il existe une solidité française, une foi souvent malmenée, mais inexpugnable.
Il faut croire que la prière des enfants est plus puissante que les gouvernements et les partis : le conflit social se dénoua mystérieusement un mois après la visite de la Vierge.
Au centre de ce village fortement arrimé dans le sol sur la rive droite de la Vienne, l’église Saint-Gilles, du plus pur roman, récapitule les maisons. Elle a reçu en mars 1429 Jeanne d’Arc venue y entendre la messe avant de rencontrer Charles VII à Chinon. C’est dans cette même église intacte que la vierge Marie , quatre siècles plus tard, apparaît à quatre fillettes pour leur dire : "Dites aux enfants de prier pour la France, car elle en a grand besoin."
Il faut croire que la prière des enfants est plus puissante que les gouvernements et les partis, plus forte même que la CGT de la SNCF : le conflit social et politique de 1947 se dénoua mystérieusement un mois après la visite de la Vierge. En mars 1429, la jeune fille Jeanne n’avait aucun pouvoir : elle fut choisie pour sauver le pays. En novembre 1947, les jeunes filles de L’Île-Bouchard n’avaient rien à elles, elles furent choisies. Pour sortir dignement d’un conflit social, il est une méthode salutaire : inviter les enfants à prier pour la France, plus tôt que citer de travers Maurice Thorez.