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La chambre de Louis XIV telle qu'il la voyait. C'est l’expérience inédite que propose une exposition temporaire au château de Versailles jusqu’au 16 juillet prochain. Inédite car c’est la première fois depuis la fin du XVIIe siècle que neuf chefs-d'œuvre issus de la collection personnelle de Louis XIV, d'ordinaire dispersés, se trouvent pour un temps réunis dans ce qui fut d'abord un salon, puis, en 1701, la chambre officielle du roi.
Sur les neuf œuvres présentées au public, sept représentent des épisodes bibliques. D'abord, les célèbres évangélistes de Valentin de Boulogne (1591-1632) : Saint Luc, Saint Jean, Saint Mathieu et Saint Marc, présentés pendant la rédaction des Évangiles, accompagnés de leurs attributs (l'ange de Matthieu, le lion de Marc, le taureau de Luc et l'aigle de Jean). Le peintre, "le plus italien des caravagesques français", témoigne du goût de Louis XIV pour ce courant : contre le maniérisme, utilisation du clair-obscur mais aussi humanisation du fait religieux, présenté dans sa quotidienneté.
Le roi s'était entouré d'autres tableaux tirés d'épisodes bibliques. Le Denier de César par exemple, de Valentin de Boulogne également, représente la scène où les Pharisiens, voulant mettre en défaut Jésus, lui présentent un denier à l'effigie de César, lui demandant si selon lui il est permis de payer l'impôt. Jésus répond alors : "Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu." (Mt 22, 21). Le Mariage mystique de sainte Catherine par Alessandro Turchi (1578-1649) figurait également dans la collection du roi : l'Enfant Jésus passe l'anneau à sainte Catherine d'Alexandrie, symbolisant ainsi sa consécration. Enfin, Agar secourue par l’ange par Giovanni Lanfranco (1582-1647), chef-d’œuvre du caravagisme de la prestigieuse collection du banquier Everhard Jabach, représente Agar, la servante d'Abraham chassé par lui avec leur fils, Ismaël. Errant dans le désert de Beer-Sheva, assoiffés, ils seront secourus par un ange.
Un éclairage sur le rapport du roi à la religion ?
Selon Alexandre Maral, historien de l'art et auteur de Le Roi-Soleil et Dieu. Essai sur la religion de Louis XIV, il est "difficile de faire la part des choses entre le sujet représenté et l'œuvre d'art, ajoutant néanmoins que concernant l'œuvre Le Roi David jouant de la harpe du Dominiquin, situé dans le salon de Mercure, le roi a toujours "voulu l'avoir sous les yeux, le faisant même traduire sous forme de reliefs à la chapelle", témoignant ainsi d'un intérêt pour le sujet représenté. Il est probable que Mazarin, le plus grand collectionneur du XVIIe siècle, passionné d'art, ait contribué à la formation du goût esthétique de Louis XIV.
Pour le reste, difficile de se prononcer donc, puisque ces tableaux dont s'entourait le roi – de plus en plus pieux à la suite de son mariage avec Madame de Maintenon – pouvaient aussi bien être de l'ordre, selon l'historien, de la simple "délectation esthétique".
Pratique :