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Soudan : et soudain la guerre

SUDAN CONFLICT

Khartoum, capitale du Soudan, théâtre de violents combats entre les paramilitaires et l’armée régulière, 19 avril 2023.

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Jean-Baptiste Noé - publié le 20/04/23
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Déchiré par les factions rivales, le Soudan subit une violente instabilité politique depuis 2020. Le coup d’État de 2021 à Khartoum n’en finit pas avec l’éclatement du conflit entre les alliés d’hier, constate le géopoliticien Jean-Baptiste Noé.

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Ce samedi 15 avril, Khartoum se réveille sous le feu et le choc. Des troupes paramilitaires prennent d’assaut l’aéroport de la capitale ainsi que plusieurs points essentiels du pays. Le bilan est lourd : 56 morts parmi les civils, des dizaines parmi les militaires, des centaines de blessés, dont beaucoup ne peuvent être acheminés à l’hôpital. Un avion de la Saudi Airlines est incendié. Le pays est bloqué, à l’arrêt, pris en tenaille par des factions rivales. 

Luttes de factions

La cause de ces affrontements revient à une lutte de faction entre le général Abdel Fattah al-Burhan et Mohammed Hamdan Dagalo, surnommé Hemedti. Le premier issu de la formation militaire, originaire du centre du pays. Le second est issu d’une famille nomade du Darfour et dirige la FSR, la milice des Forces de soutien rapide. Il est également le vice-président du premier, ce qui complique d’autant plus leurs relations. 

Les deux hommes ont réalisé un coup d’État le 25 octobre 2021 et se partagent depuis lors le pouvoir. Un partage sur des bases institutionnelles, ethniques et géographiques. Partage auquel Hemedti souhaite mettre un terme pour accaparer la totalité du pouvoir. Début mars, les deux hommes ont fait venir leurs troupes à Khartoum, moyen à la fois d’accroître la pression sur le rival et de se protéger d’une éventuelle action militaire. Depuis lors, la tension n’a cessé de croître dans la capitale et dans les grandes villes. Choc militaire, choc ethnique aussi entre les populations du Darfour et celles du centre du pays. Les FSR sont nées de la volonté de l’ancien président, le général Omar el-Béchir, de structurer les forces paramilitaires du Darfour pour les intégrer dans l’armée régulière et ainsi, espérait-il, limiter leurs actions.

Une capitale en feu

El-Béchir utilisa ces milices du Darfour pour mater des rébellions qui sévissaient dans d’autres régions du pays. De là sont nées les FSR de Hemedti, au départ un petit groupe armé, qui ont pris de plus en plus d’importance. Au point de revendiquer une autonomie et de participer au coup d’État d’octobre 2021, lequel a chassé les civils et mis les militaires au pouvoir. Face à la pression de la communauté internationale, les dirigeants militaires ont accepté un accord en décembre 2022 stipulant la mise en place d’un gouvernement civil, le renvoi des militaires et l’intégration de la FSR au sein de l’armée. Pour Abdel Fattah al-Burhan, c’est une bonne façon de se débarrasser de Hemedti. En menant son coup d’État le 15 avril, la FSR a visiblement agi pour éviter d’être chassée du pouvoir.

Cinq jours après le début des hostilités, la situation dans la capitale est toujours opaque. Les avions d’al-Burhan répondent à l’artillerie de Hemedti. Les associations humanitaires présentes sur place évoquent des hôpitaux à l’arrêt, des blessés qui ne trouvent pas de soin faute de poches de sang et de médicaments, des coupures d’électricité. S’il est impossible pour l’heure de savoir qui arrivera à se maintenir au pouvoir, les deux camps ne négligent nullement l’emploi de la force, quitte à tirer sur les civils et les quartiers d’habitation. En dépit des appels au cessez-le-feu du secrétaire d’État américain, Antony Blinken, et de l’ONU, rien n’a pu enrayer la violence. Si les causes du conflit sont d’abord et avant tout internes, les pays limitrophes vont bien évidemment tenter d’en tirer avantage. Éthiopie, Tchad et Égypte sont vigilants quant à la suite des opérations, ayant grandement intérêt à avoir un allié à Khartoum, ville qui contrôle l’axe nilotique (la vallée du Nil, ndlr). Sans compter Port-Soudan, l’un des grands ports de la mer Rouge, crucial pour un certain nombre d’échanges économiques dans la région. Cette lutte de pouvoir dépasse donc largement le cadre du Soudan et ébranle l’ensemble de la région.

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