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Le calendrier a été bien conduit, comme une insulte à la visite française. Quelques jours de visite officielle, de charme et de réceptions diplomatiques puis, sitôt l’avion présidentiel retourné à Paris, une démonstration de force dans le détroit de Taïwan. Une telle opération ne se décidant pas du jour au lendemain, elle était prévue et planifiée de longue date pour coïncider avec la fin du voyage français. Une façon de montrer au monde que la Chine agit seule et fait ce qu’elle veut dans ce qu’elle considère être son territoire national. Puisque Taïwan, pour Pékin, fait partie de la Chine et doit être réunifié, ses opérations militaires ne sont que des manœuvres de police intérieure. Tout autre est bien évidemment l’appréciation faite par les États de la région.
Roulements de guerre
L’armada engagée impressionne. Nom de code de l’opération : Joint Sharp Sword "Épée acérée". Un entraînement pour tester les capacités de l’Armée populaire de libération (APL) à contrôler les espaces aériens, terrestres et maritimes. Soixante-dix avions engagés, dont des chasseurs et des bombardiers, onze navires, dont un porte-avions. L’APL n’a pas fait les choses à moitié. La Chine a en outre simulé des attaques de précision visant des cibles taïwanaises essentielles : pistes d’atterrissage, installations logistiques militaires, centres de communication, nœuds urbains. Taïwan se réveille encerclé par la flotte chinoise, avec un territoire qui subit des simulations d’attaques et de bombardements. La stratégie de la tension menée par la Chine est montée d’un cran, en dépit des appels à la paix lancés par Emmanuel Macron la veille. L’Europe s’est faite avoir et devra bien en tirer les conséquences nécessaires.
Quelle stratégie chinoise ?
Les experts militaires divergent quant à la stratégie suivie par la Chine. Deux options sont possibles. La première : un entraînement en vue d’une invasion. Préparation de la coordination de la marine entre elle et avec les autres forces militaires, entraînement de l’aviation chinoise et des forces de débarquement. Une opération militaire classique serait ainsi en préparation : d’abord attaques cyber pour empêcher la résistance de Taïwan, puis bombardements stratégiques de l’île, avec l’aviation et la marine, et enfin débarquement de l’armée de terre. Le tout avec rapidité et précision pour stupéfier Taïwan et empêcher toute réaction occidentale. Un scénario possible mais qui n’est pas sans problème. L’île a en effet adopté la stratégie du "porc-épic" et tient à le faire savoir. Lourdement défendue et armée elle vise à infliger le plus de dégâts possibles à la Chine. Quitte à perdre et à se faire envahir, autant marquer au fer rouge l’adversaire pour le conduire à une victoire à la Pyrrhus.
D’où la seconde stratégie possible. Il s’agirait non pas d’envahir l’île mais d’exercer une pression psychologique et militaire telle que Taïwan finisse par céder. Par ses interventions, la Chine contraint Taïwan à s’équiper en matériels lourds et coûteux. Elle met à l’épreuve ses défenses, notamment aériennes, usant son matériel. Elle crée une pression psychologique qui pourrait conduire Taïwan à un faux pas : une riposte contre un vol aérien, une attaque défensive contre un navire, qui pourrait alors servir de casus belli à Pékin pour intervenir.
Blocus de fait
Cette opération crée aussi un blocus de fait. Difficile pour Taïwan d’avoir une activité économique normale et de faire des échanges avec l’étranger quand on est encerclé par la flotte chinoise, même à l’entraînement. Son économie en pâtit. Une lassitude qui pourrait s’immiscer dans la population : à quoi bon résister puisque l’annexion est actée ? Autant rejoindre la Chine de suite et passer à autre chose. Pour Pékin, ce serait une façon de "réunifier" l’île sans avoir à sortir l’épée, même acérée.