Le sanctuaire de Rocamadour est certainement l’un des plus hauts lieux spirituels de France. Et pour cause : une histoire millénaire imprègne cet écrin taillé dans le roc, fixé à une falaise vertigineuse, comme suspendu dans les airs. Miracle ou folie humaine, on hésite, mais Rocamadour n’est en tout cas pas éternel. C’est ce que semble rappeler Mgr Laurent Camiade, évêque de Cahors, dans un appel lancé le 19 mars 2023. "Ce sanctuaire est un patrimoine spirituel, culturel et historique", souligne l’évêque, "nous devons le sauvegarder pour continuer d’y accueillir tous les visiteurs, pèlerins et vacanciers".
La raison de cet appel est simple : fissures, infiltrations… Le château de Rocamadour, situé à 80 mètres au-dessus du sanctuaire et dominant la vallée de l’Alzou, est dans un état critique. "Le château est un peu la base arrière du sanctuaire", explique à Aleteia Pierre-Henri de la Fage, directeur du sanctuaire. "C’est en quelque sorte un lieu stratégique pour son animation, surtout l’été. Sa restauration est une nécessité pour maintenir la mission d’accueil et d’évangélisation portée par ce lieu emblématique", poursuit-il. Un important chantier est donc prévu pour la fin de l’année 2023, dans un but précis : ouvrir ce lieu au grand public. Jusqu’ici, il ne pouvait accueillir que quelques prêtres, séminaristes et bénévoles pendant l’été. L’objectif est de démultiplier les capacités d’accueil, tant pour les bénévoles et les membres du clergé que pour les visiteurs, touristes et pèlerins qui voudraient venir se reposer au sanctuaire.
Un lieu de rencontre oecuménique
Le rez-de-chaussée sera rénové de sorte à en faire un historama, une sorte de frise historique pour découvrir l’histoire du lieu au fil des siècles. Aux premier et deuxième étages, des chambres et des studios seront aménagés et dans les combles enfin, des dortoirs. Mais surtout, le chantier prévoit l’installation d’un centre d’études marial œcuménique, avec un scriptorium, le tout avec une vue plongeante sur la vallée. Un budget global de 900.000 euros y sera employé. Environ cinq ans de travaux sont prévus, pour un coût total de 5 à 6 millions d’euros. Toutefois, si la façade du château bénéficiera du soutien de la Fondation du Patrimoine, seuls les dons et le mécénat permettront au sanctuaire de réaliser les travaux de la partie interne du château, raison pour laquelle une campagne de collecte a été lancée durant l’été 2022.
"Nous voulons en faire un véritable centre spirituel et un lieu de ressourcement au sens large, c’est-à-dire d’un point de vue spirituel mais pas uniquement. Il doit être ouvert à tous pour permettre sa découverte", confirme le père Florent Millet, recteur du sanctuaire. Cette vocation d’accueil est ancienne : au 12e siècle déjà, le château recevait en son sein la garnison qui protégeait le sanctuaire.