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En début de carême, beaucoup se posent les questions : quelles privations vais-je m’imposer ? Quels actes de charité vais-je poser ? Comment intensifier ma vie de prière ? Et souvent, nous restons perplexes. Le souvenir des carêmes précédents nous a désillusionnés parce que nous avons tenu rarement nos résolutions. Est-ce une raison pour renoncer à se fixer un programme d’ascèse, à faire des efforts pour le Seigneur ?
Goûter la qualité de l’air du carême dans l’Esprit
Et si nous prenions l’affaire par un côté différent ? Si, au lieu de réfléchir à ce que pouvons faire pour Dieu, nous pensions d’abord à nous appuyer sur Lui pour vivre intensément le chemin qui mène à Pâques ? À défaut de nous crisper au sujet des résolutions contraignantes, pourquoi ne pas profiter de la grâce du temps privilégié du carême pour prendre le train en marche et demander à l’Esprit saint de nous inspirer les actes à poser, les efforts à fournir, les expériences spirituelles à creuser ?
Car dans la vie chrétienne, le temps n’est pas une durée étale et plane mais une dimension qualitative de l’existence, variable selon les étapes du plan rédempteur de Dieu. Ce qui signifie que certaines périodes représentent des moments privilégiés, ce que l’on appelle des "kairos", des temps propices. Or, ces périodes privilégiées possèdent leurs qualités propres, leurs grâces particulières. C’est éminemment le cas avec le carême qui est la période la plus décisive de l’année liturgique. Dans ces conditions, inutile de se creuser longtemps la tête si nous avons du retard à l’allumage pour le temps de désert qui précède Pâques.
De même qu’il existe une grâce spécifique au temps pascal, à la Semaine sainte, à l'avent, au temps de Noël, de même le carême possède une "qualité de l’air spirituel" qui lui est propre.
Car nous ne sommes pas isolés : c’est toute l’Église qui entre en carême et qui tente de retourner à Dieu. Cette dimension collective est nettement perceptible pour peu que nous pratiquions : lectures de la Parole, chemins de croix les vendredis, retraites en ligne, conférences, soirées de jeûne, partage et prière, initiatives diverses, etc. Surtout, l’Esprit saint actualise en notre faveur la grâce de ce moment favorable.
De même qu’il existe une grâce spécifique au temps pascal, à la Semaine sainte, à l'avent, au temps de Noël, de même le carême possède une "qualité de l’air spirituel" qui lui est propre. À nous de la saisir et de la respirer. À cette fin, n’hésitons pas à prier l’Esprit saint d’infuser en nous la saveur des quarante jours de désert qui précèdent Pâques.
Une train qui s’arrête à chaque gare sur un simple signe de la main !
Peut-être avons-nous pris un faux départ. Qu’à cela ne tienne ! L’important est de sauter dans le train en marche ! Une fois sur les rails, l’Esprit saura bien nous inspirer l’effort, la privation, la prière qui purifieront notre cœur afin que nous puissions contempler et goûter la Révélation inouïe de l’Amour suprême de la Croix et de la Résurrection, et plus encore de participer activement au Mystère pascal en compagnie de Jésus, au côté de la Vierge. L’important n’est pas tant de s’agiter dans tous les sens que de renaître d’en haut, comme Jésus le dit à Nicodème (Jn 3, 3) : "À moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu" (Jn 3, 5). La grâce du carême est une qualité spirituelle à demander à Dieu et à vivre le plus possible en Église.
Ce n’est pas nous qui conduisons le train qui se dirige vers Pâques mais l’Esprit. Si nous sommes à court d’inspiration concernant les "efforts de carême" à fournir, sautons dans un wagon ! Dieu se met à la portée de tous et sa locomotive n’est pas un TGV. L’Esprit se contentera de notre bonne volonté et nous indiquera le meilleur moyen de parvenir à Pâques de façon à faire de nous des hommes nouveaux, ressuscités avec Jésus. Dieu n’a jamais repoussé les retardataires ! Le train de l’Esprit s’arrêtera à chaque gare sur un simple signe de la main de notre part si nous sommes encore à quai.
L’Esprit, notre meilleur compagnon de carême
Dieu se fait une joie de recevoir les privations que Lui offrent Ses enfants. Toutefois, c’est surtout pour notre bénéfice spirituel qu’il est conseillé de se placer en priorité, avant toute initiative de notre part, sous la mouvance de l’Esprit saint afin de tirer le meilleur parti possible du carême. Une chose est sûre : celui qui va au désert avec l’Esprit ne sera pas malheureux parce que la compagnie de la troisième Personne de la Trinité est toujours source de joie et de paix, même au milieu des privations et des purifications.
D’ailleurs, tenir quarante jours sans joie excède les forces humaines. Le Seigneur ne nous demande pas de nous autodétruire. Pour l’accompagner à Jérusalem durant la Semaine sainte, il est préférable en effet d’être en bonne santé spirituelle ! En vivant nos jours de désert dans et avec l’Esprit, nous sommes assurés, non seulement d’arriver à l’heure à Jérusalem, mais surtout d’y parvenir en pleine forme pour consoler Jésus, l’accompagner au Calvaire et ressusciter avec lui le dimanche de Pâques.