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Sœur Luisidia, “l’ange du labo” qui dupa les nazis pour sauver ses patients

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Silvia Lucchetti - publié le 31/01/23
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Sœur Luisida est décédée à l’âge de 104 ans, le 7 janvier 2023. Cette religieuse de Vérone, au nord de l’Italie, était infirmière dans un laboratoire d’analyses de l’hôpital de Borgo Trento. Elle avait dupé les occupants allemands pendant la Seconde Guerre mondiale grâce à un stratagème rusé pour poursuivre ses soins envers ses patients.

Vérone pleure sœur Luisidia Casagrande. Pendant 68 ans, contre vents et marées, la religieuse italienne a travaillé sans relâche à l'hôpital Borgo Trento. Celle que les Italiens surnomment affectueusement "l’ange du laboratoire" est décédée, le 7 janvier 2023, à l’âge de 104 ans. Sœur Luisidia – de son nom civil Lina – était infirmière en chef du laboratoire d'analyses de Borgo Trento. En 1938, alors qu’elle est âgée de 20 ans, elle prononce ses vœux au sein de la communauté des sœurs de la Miséricorde, après avoir découvert sa vocation religieuse à 14 ans. Diplômée et infirmière, elle décide d’allier foi et science et est intégrée au personnel de l’hôpital de Borgo Trento le dimanche de Pâques, en 1939. Elle est affectée au laboratoire d’analyses, et devient la première religieuse à prendre du service dans cette structure. 

En 1943 débute l’occupation allemande de l’Italie. La petite ville de Vérone est elle aussi prise dans la déferlante nazie. Mais cela n’est pas suffisant pour empêcher sœur Luisidia de poursuivre son travail. La jeune religieuse se montre plus rusée que les occupants en employant un stratagème original pour duper les unités de la Wehrmacht. Pendant un an, sœur Luisidia arrive très tôt le matin à l’hôpital — désormais consacré aux militaires —, et met de côté un certain nombre d’outils d’analyse qu’elle accumule dans quatre cercueils. Puis, elle appelle le corbillard, dirigé par une personne de confiance. Une fois les quatre cercueils chargés dans la voiture, la religieuse y monte, mais au lieu de prendre la direction du cimetière, elle se fait déposer à l'hôpital situé Piazzetta Santo Spirito, où les patients civils sont hospitalisés. Sœur Luisidia poursuit immédiatement ses tests et analyses pour ses patients, dans des conditions chaotiques. Dans la nuit du 5 juillet 1944, alors qu’elle se trouve à l'hôpital, un bombardement tue 45 patients hospitalisés au sein du service de chirurgie et cinq sœurs de sa communauté, malgré ses efforts désespérés pour les sauver de la mort. 

Après la guerre, sœur Luisidia consacre sa vie entière au service de ses patients, avec une humanité et une bienveillance sans faille, ce qui lui vaut de recevoir plusieurs décorations. En 1976, les Instituts hospitaliers de Vérone lui décernent la médaille d'or du mérite, et en 2007, elle reçoit le titre de Chevalier de l'Ordre du mérite de la République italienne.

Encore aujourd’hui, sœur Luisidia laisse derrière elle un véritable exemple pour les soignants. La religieuse a vécu son travail comme une véritable mission, une manière particulière de prendre soin des hommes, et à travers eux du Seigneur, plus vivant et présent que jamais parmi les malades.

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