Originaire de Vénétie, en Italie, fille de paysans, avant-dernière de neuf enfants, Bertilla Antoniazzi (1944-1964) est atteinte à neuf ans d’une endocardite rhumatismale qui l’empêche d’être scolarisée. Alternant des semaines d’hospitalisation et des périodes à la maison, elle affronte courageusement son mal, se donnant pour mission de consoler ceux qui souffrent et d’offrir méthodiquement ses souffrances au Christ pour des causes universelles. Elle décède à l’âge de 20 ans, non sans avoir marqué son entourage par son courage, sa joie de vivre et son désir d’intercession.
A 8 ans, Bertilla Antoniazzi attrape une mauvaise grippe, suivie d'une infection intestinale. A peine remise, elle est frappée par de fortes douleurs articulaires, puis par des difficultés respiratoires considérables. Le diagnostic tombe, impitoyable. Il s’agit d’une endocardite rhumatismale, une maladie cardiaque qui lui coupe le souffle et annihile ses forces, la contraignant à rester au lit une grande partie de la journée.
Au fur et à mesure des années, les hospitalisations se font de plus en plus fréquentes et prolongées. Mais au lieu de subir sa maladie, Bertilla décide de l’offrir et de "l’utiliser" : dans un carnet datant de sa première hospitalisation en août 1953, elle note minutieusement, jour après jour, "à qui" elle offre ses souffrances. Son désir d'intercession est orienté principalement vers ses proches, et notamment vers son petit frère Egidio, devenu sourd et muet à cause d'un traitement médical. Elle n’a alors que neuf ans.
Sa "vocation" de malade : prier et consoler
A 13 ans, son désir d’intercession prend déjà une dimension universelle : le lundi, elle prie pour les âmes du purgatoire, le mardi, pour les missionnaires et les non-croyants, le mercredi, pour la conversion des pécheurs mourants, le jeudi, pour les prêtres, le vendredi, pour réparer les offenses au Cœur de Jésus, le samedi, pour la conversion des pauvres pécheurs et le dimanche pour la conversion de la Russie.
À l'âge de 15 ans, elle rejoint le "Centre des volontaires de la souffrance", fondé par le bienheureux Luigi Novarese. Elle trouve alors pleinement le sens et la valeur de son existence qui, aux yeux du monde, peut sembler "misérable", "pitoyable", "inutile", mais qui, vécue en union avec le Christ, devient "une prière incessante".
Les membres de sa famille l'entendent souvent murmurer : "Tout pour l'amour de Dieu". Au début, ils n'attachent pas beaucoup d'importance à cette phrase, pensant qu'elle la répète pour se donner du courage. Mais en réalité, tout faire, tout offrir, pour l’amour de Dieu, est pour elle une véritable vocation.
Ma vocation est d'être malade et je n'ai pas le temps de penser à autre chose !
Bertilla prie, inlassablement, mais tisse aussi des liens très profonds avec son entourage, notamment avec les autres malades de l’hôpital avec qui elle entretient une intense correspondance épistolaire. Elle se fait proche également de son cousin Aldo, atteint de sclérose en plaques et l’engage, dans une de ses lettres, à remettre sa souffrance à Jésus : "Je t'exhorte à ne pas laisser passer un seul instant de ta souffrance, sans l'avoir remis entre les mains de Jésus. Tu verras qu'il te donnera toute l'aide".
"Malade", une "vocation" qu’elle embrasse avec tant de fougue qu’elle ne lui laisse que peu de répit : "Je n'ai jamais pris la peine de me demander si j'avais vocation à devenir religieuse, car ma vocation est d'être malade et je n'ai pas le temps de penser à autre chose !", répond-elle à son curé, Don Antonio Rizzi, qui lui demande si elle envisage de devenir religieuse une fois guérie. Elle a 19 ans.
Vœu de Lourdes : la sainteté plus que la guérison
À l'automne 1963, les médecins donnent finalement leur accord pour qu’elle puisse se rendre à Lourdes, à l'occasion du pèlerinage organisé par l'évêque de Vicence pour son 50e anniversaire de sacerdoce. A la grande surprise de Bertilla, son cœur ne lui cause pas de souci pendant le pèlerinage, et se remplit de consolation en priant Notre-Dame et en participant aux différentes célébrations. Le lendemain de son retour, elle écrit à sa sœur : "Je te le dis en vérité, chère sœur, je suis heureuse de pouvoir souffrir un peu pour Jésus, pour la conversion des pécheurs et je suis sûre que Notre-Dame, si bonne, va faire de moi une sainte comme je le lui ai demandé au pied de la grotte". La reconnaissance de ses vertus héroïques par le Pape – première étape dans le processus de reconnaissance de la sainteté – laisse penser qu’elle a bien été entendue par la Vierge.
Bertilla est rappelée à Dieu le 22 octobre 1964, à l'hôpital public de Vicence. 50 ans plus tard, le 8 février 2014, dans ce même lieu, l'évêque de Vicence, Mgr Beniamino Pizziol, ouvre la phase diocésaine du procès sur les vertus héroïques de Bertilla Antoniazzi. De nombreux témoignages affluent, rapportant des grâces singulières attribuées à l’intercession de la jeune fille. Le cas le plus frappant est la guérison de Lorena Vona, une petite fille née prématurément à Crotone, en Calabre, guérie miraculeusement. C’est la sœur de Bertilla, Rita, devenue dans les ordres Sœur Pialuigia, qui avait suggéré aux parents du bébé d'invoquer l'intercession de Bertilla.
Prière pour la canonisation de Bertilla Antoniazzi :
Seigneur Jésus,
Tu as permis à la Servante de Dieu Bertilla Antoniazzi de vivre le mystère de la souffrance dès l'enfance et de le partager avec toi, transformant son lit d'hôpital en un lieu d'encouragement et d'espérance pour les malades, pour l’équipe médicale et pour les membres de sa famille.
Par son intercession, nous prions pour tous ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit. Inspirez dans leur cœur ce même désir de Dieu qui a donné la force à Bertilla, afin que personne ne soit écrasé par le poids de la croix et que la maladie devienne une occasion privilégiée de témoigner de l'amour de Dieu.
Accorde-nous, selon ta volonté, par l'intercession de Bertilla, la grâce que nous implorons dans l'espoir qu'elle sera bientôt comptée parmi les saintes.
Amen.