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La porte-parole du ministère des Affaires étrangères a confié mercredi 14 décembre avoir reçu par voie diplomatique un message du cardinal secrétaire d’État du Saint-Siège, Pietro Parolin, dans lequel il présente "ses excuses à la partie russe".
En cause : les propos du pape François tenus fin novembre dans un entretien au magazine America sur les minorités tchétchènes et bouriates. Le Pape avait en effet déclaré qu’ "en règle générale, les plus cruels [dans l’armée russe], peut-être, sont ceux qui viennent de Russie mais n’adhèrent pas à la tradition russe, comme les Tchétchènes, les Bouriates et ainsi de suite".
L'ire du Kremlin
Si les mots du Pape avaient initialement pour objectif de faire la différence entre les troupes de Russie et celles des groupes ethniques cités, l’effet escompté n’a pas fonctionné et a même été contreproductif. Loin de permettre un rapprochement avec Moscou, cette affirmation avait en effet déclenché l’ire du Kremlin, la considérant comme une "perversion de la vérité". François avait été accusé de vouloir diviser les forces russes.
Une charge suivie par les condamnations toutes aussi indignées des représentants politiques et religieux des minorités concernées. Ramzan Kadyrov, à la tête de la République tchétchène, avait estimé que le Pape était "victime de la propagande et de l’acharnement des médias étrangers". L’ambassadeur de Russie près le Saint-Siège, Alexandre Avdeev, avait aussi protesté auprès des services diplomatiques du Vatican. "J’ai exprimé mon indignation après ces insinuations et indiqué que rien ne pouvait ébranler la cohésion et l’unité du peuple multinational russe", avait-t-il déclaré.
Une friction diplomatique malencontreuse, mais qui a semble-t-il été tempérée par une tentative de rapprochement de la part du Saint-Siège. Le cardinal Parolin aurait ainsi écrit dans son message que "le Saint-Siège a un profond respect pour tous les peuples de Russie, leur dignité, leur foi et leur culture, ainsi que pour les autres pays et peuples du monde".
Le Vatican et les eaux troubles du conflit russo-ukrainien
Le pape François s’est toujours efforcé de maintenir une forme de distance avec le conflit russo-ukrainien. Ses prises de position étaient donc relativement nuancées. Une position impartiale –ne pas prendre parti–, et non pas neutre –condamner la guerre et appeler à la paix–. Le fait de refuser de condamner ouvertement la Russie avait fini par lui attirer les foudres de l’opinion publique internationale. Plusieurs prises de parole ont toutefois rompu cette posture nuancée adoptée par le Pape. Outre l’entretien évoqué précédemment, son interview dans le Corriere della Sera, le 3 mai 2022, avait déjà suscité la colère côté russe, lorsque François avait déclaré que le patriarche Kirill de Moscou "ne peut pas devenir l’enfant de chœur de Poutine".