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Le grand ménage de printemps, quand après leur hibernation nos maisons ouvrent leurs fenêtres, quand les oiseaux reprennent du service, quand l’herbe pousse et que, miracle, nous découvrons que l’air est devenu plus tiède dehors que dedans, ne doit pas nous faire oublier le grand ménage de fin d’automne, lessive intérieure à grande eau du début de l’année liturgique : c’est le temps de l’Avent. Comme au printemps, il faut ouvrir portes et fenêtres. Mais ce sont nos portes et nos fenêtres intérieures que nous ouvrons sur le monde invisible. Ce sont nos cœurs qui passent à la lessive. L’heure est au dépouillement joyeux.
La prière des anciens
Pour un homme de ma génération, l’Avent est de plus en plus le moment où les morts viennent nous visiter. En installant la crèche, nous mettons à jour l’inventaire de ces proches disparus qui, mystérieusement, se tiennent près de nous et nous disent où placer les santons. Ils seront présents à Noël pour fêter comme autrefois la naissance de Jésus loin des tracas extérieurs devenus dérisoires. La fureur du monde se tait devant la crèche, remplacée par la prière des anciens. Les familles sont enfin réunies au complet.
À Noël, le silence sera plus éloquent que les bavardages. Et nous savons qu’ils seront là.
Parvenus à l’âge où nous avons davantage d’amis au ciel que sur la terre, il est bon de les savoir si proches. Il y a ceux qui ont vécu une longue vie, qui ont accompagné nos enfances il y a bien longtemps, peuplant ce paradis perdu qui avait le goût du ciel, et aussi ceux que la mort a surpris jeunes, les préservant de la vieillesse, et que nous sommes étonnés de ne pas voir en chair et en os. Nous n’en parlons jamais, non par pudeur, mais parce que nous ne trouverions pas les mots. Avec eux nulle communication : de la communion. À Noël, le silence sera plus éloquent que les bavardages. Et nous savons qu’ils seront là. Il n’est pas de trop de s’y préparer pendant quatre semaines.