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Des chefs-d’œuvre dans nos églises : le Rembrandt du Mas-d’Agenais

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Sophie Roubertie - publié le 18/11/22
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Certaines églises de France recèlent de trésors artistiques inestimables. Comme l'église Saint-Vincent, à Mas-d’Agenais, petite commune du Lot-et-Garonne, qui peut se targuer d’abriter depuis des décennies un Rembrandt.

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Nos églises recèlent parfois des trésors. Ils sont rares, mais parfois tellement précieux qu’ils attirent les convoitises. Il est alors difficile pour les communes de les maintenir dans les lieux de culte sans la détermination de ceux qui en ont la charge. A l’image du retour récent de ce "Christ sur la croix" de Rembrandt dans l’église du Mas-d’Agenais, petit village de 1.500 âmes du Lot-et-Garonne.

Comment une œuvre de Rembrandt peut-elle arriver dans une église de campagne ? Tout simplement grâce à la générosité d’un paroissien. Un natif du village acquiert ce tableau en salle des ventes, à l’autre bout de la France, pour en faire don à la paroisse de son village. Nous sommes en 1804. Lors de la séparation de l’Église et de l'État, la commune en devient propriétaire. Mais l’œuvre reste dans la collégiale et continue de faire partie de l’environnement familier des Massais.

Une sacrée découverte 

En 1959, les restaurateurs du Louvre, auxquels le tableau est confié pour restauration, découvrent une signature, cachée au fil des ans, et l’authentifient. Il aura fallu plus de cent cinquante ans pour que les habitants découvrent qu’ils passaient non seulement devant un beau tableau, mais aussi devant une œuvre de Rembrandt, artiste présent dans les plus grands musées du monde. 

Il était (...) inenvisageable de laisser presque sans protection une toile susceptible d’attirer la convoitise des trafiquants d’art.

Pourtant, le Rembrandt a quitté Le Mas-d’Agenais pendant plusieurs années. Les communes n’ont pas toujours la possibilité d’assurer dans de bonnes conditions la sécurité de leurs trésors. À l’origine d’un transfert, des conditions de conservation insuffisantes pour assurer la sécurité du tableau dans la petite église romane. Il était en effet inenvisageable de laisser presque sans protection une toile susceptible d’attirer la convoitise des trafiquants d’art. C’est la cathédrale Saint-André de Bordeaux qui l’a accueillie, le temps que soit installée une nouvelle vitrine ultra-sécurisée reproduisant une ventilation naturelle, et un système de sécurité digne de ce nom. La collégiale Saint-Vincent, fraîchement rénovée, fait un écrin magnifique à l’objet, classé monument historique, qui a désormais vocation à y rester, après ses six ans d’exil.

Que nous dit Rembrandt au Mas-d’Agenais ?

En 1631, Rembrandt a 25 ans lorsqu’il peint ce Christ en croix. Il s’agit donc d’une œuvre de jeunesse, mais l’artiste est déjà en pleine possession de ses moyens. Il sait montrer toute la douleur d’un homme à l’agonie. Les yeux sont tournés vers le Ciel, la bouche est ouverte, comme en un cri vers le Père. Si le corps est souffrant, il semble rayonner d’une lumière qui éclaire le fond nu de la toile. Une œuvre propice à la méditation du mystère de la Passion.

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