L’assemblée d’automne 2022 de la Conférence des évêques de France (CEF), qui se termine mardi 8 novembre 2022 à Lourdes, a été particulièrement bouleversée par la révélation des véritables raisons de la démission de Mgr Michel Santier en 2021, évêque émérite de Créteil, pour des abus commis dans les années 1990 et non pour maladie. Le programme de cette assemblée a d'ailleurs été ajusté et une réflexion a été lancée pour "des changements dans nos procédures, dans notre façon de les mener comme d’en communiquer les résultats", selon Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la CEF. Lors de son homélie le 6 novembre 2022, diffusée sur France 2, il n’a pas hésité à revenir sur l'affaire Mgr Michel Santier, sans toutefois mentionner son nom.
Les évêques et l’affaire Santier
Après avoir prêché sur la deuxième lettre de saint Paul aux Thessaloniciens, Mgr Éric de Moulins-Beaufort a assuré qu’il aurait aimé pouvoir reprendre sans hésiter la suite des paroles de l’apôtre : "Priez aussi pour nous, frères, afin que la parole du Seigneur poursuive sa course, et que, partout, on lui rende gloire comme chez vous" (2 Th 3, 1). "Il me faut cependant être conscient que chez beaucoup d’entre vous, une certaine confiance est brisée", a-t-il déclaré à l’assemblée, en faisant référence à l’affaire Santier. Et de poursuivre : "Vous avez pu avoir l’impression que les évêques camouflaient l’un des leurs et vous pouvez craindre qu’ils en camouflent d’autres."
Après avoir affirmé penser "aux personnes victimes, une fois de plus, ceux et celles qui ont été atteintes dans leur chair et dans leur âme par la concupiscence de tel ou tel de nos frères", mais aussi à ceux qui ont été "ébranlés dans leur foi dans l’Église et dans le Christ", il a indiqué que les évêques sont aussi atteints par ces révélations. "Atteints dans la confiance que nous nous faisons les uns aux autres. Nous ne nous choisissons pas, mais nous sommes donnés les uns aux autres pour appartenir au collège épiscopal et nous y soutenir fraternellement. Nous aussi, nous sommes stupéfiés qu’un prêtre puisse abuser de la confiance de jeunes et abuser aussi de la sainteté des sacrements."
Nous sommes bouleversés par les souffrances imposées aux personnes victimes.
Et d’expliquer qu’ils désirent aussi "que ceux qui doivent être remis à la justice de notre pays le soient, que ceux qui doivent être punis ou sanctionnés par la justice de l’Église le soient". "Nous sommes bouleversés par les souffrances imposées aux personnes victimes dont nous nous demandons comment les aider mieux. Nous sommes meurtris par le mystère d’un homme, par le bien qu’il peut faire et le mal qu’il peut commettre. Nous nous interrogeons sur la voie juste entre le respect de la vérité due à beaucoup et le respect des personnes victimes et aussi des personnes coupables", a-t-il encore affirmé.
Et de conclure par ces paroles : "Dieu n’est pas le Dieu des morts mais celui des vivants" (Lc 20, 38). "Il n’est pas un Dieu que l’on peut tromper par des gestes religieux extérieurs. Il n’est pas le Dieu des hommes de religion qui seraient protégés par un statut spécial. Il est le Dieu des âmes, le Dieu de toute personne qui entre pour de vrai dans le combat contre le mal et les forces de la mort, de toute personne qui ne se satisfait pas de ses réussites extérieures, qui déteste toutes ces complicités fortes ou faibles avec ce qui abîme les autres et qui tremble toujours de manquer à la vérité de la charité. Il est le Dieu de toute personne qui cherche avec élan à servir la fécondité de la vie que donne le Dieu vivant."