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[HOMÉLIE] À la Toussaint, un coin du voile sur le monde céleste est levé

"Le Paradis", de Tintoret.

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Jacques de Longeaux - publié le 31/10/22
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Le père Jacques de Longeaux, curé de la paroisse Saint-Pierre du Gros Caillou (Paris VIIe), commente les lectures de la solennité de la Toussaint (Ap 7, 2-14 ; Ps 23 ; 1Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12). Nos célébrations eucharistiques sont un reflet de la liturgie céleste, la liturgie des saints et des anges qui chantent leur cantique d’action de grâce.

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La première lecture de cette fête de tous les saints est tirée de l’Apocalypse de saint Jean. Le mot "apocalypse" signifie non pas "destruction", "catastrophe", mais "révélation", "dévoilement". Un coin du voile qui dérobe à nos yeux terrestres la vue des réalités du monde céleste est levé. Une image nous est donnée : celle d’une foule innombrable, venue de tous les horizons, d’hommes et de femmes en robe blanche — symbole de pureté — tenant chacun une palme à la main — symbole de victoire. Ce sont les saints. Ils ont suivi Jésus crucifié jusqu’au bout du don d’eux-mêmes. Ils sont sortis victorieux du combat contre le mal. Ils ont triomphé de la persécution. Ils sont demeurés fidèles à travers les épreuves. Ils sont issus de tous les peuples de la terre. Ils sont immensément nombreux. 

Ils ont pris au sérieux la parole du Christ 

La sainteté est le succès du projet de Dieu pour l’homme. Elle est le fruit surabondant de la grâce divine. Les saints canonisés ne sont qu’une petite partie — la partie visible — du monde de la sainteté. Ils nous servent d’exemples, de guides, d’amis dans notre vie chrétienne. Mais la plupart des saints demeurent inconnus, sauf de leur entourage qu’ils ont éclairé de leur présence, mais aussi bousculé par leur vie évangélique. Les saints sont très divers. Tous les types humains sont représentés dans "l’immense cortège de tous les saints". Ils ont cependant ceci en commun : leur désir de suivre le Christ, d’aimer en acte Dieu et leur prochain a été jugé excessif. Ils sont allés au-delà des convenances religieuses et sociales, au-delà des règles d’un christianisme confortable. Ils ont pris au sérieux la parole du Christ, ils ont cherché à suivre à la lettre ses enseignements (songeons à François d’Assise).

La messe sur terre, à l’image de la liturgie céleste, est une assemblée des saints.

Les voici rassemblés devant le Trône de Dieu. Ils goûtent la béatitude promise par Jésus aux pauvres de cœur, à ceux qui pleurent, aux doux, aux affamés et assoiffés de justice, aux miséricordieux, aux cœurs purs, aux artisans de paix, à ceux qui sont persécutés pour la justice du Royaume. Ils rendent gloire à Dieu qu’ils voient face à face après l’avoir cherché et aimé dans l’obscurité. Ils le louent d’une voix forte, ils rendent grâce à gorge déployée pour le salut que Dieu accomplit par Jésus-Christ, l’Agneau immolé.

La liturgie du Ciel

Ils ne sont pas seuls au ciel : autour du Trône il y a les quatre vivants, que la tradition chrétienne identifie aux quatre évangélistes, ainsi que les vingt-quatre anciens. On peut y voir les douze fils de Jacob et les douze apôtres. Ils représentent le peuple de la première alliance et le celui de la nouvelle alliance unis pour louer et adorer Dieu. Et puis, tous les anges sont là. Ils se prosternent devant Dieu et chantent un cantique d’action de grâce : "Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen !" (Ap 7, 12.) Ce qui se déroule devant nos yeux au ciel, c’est une liturgie, une action de grâce qui s’élève jusqu’à Dieu, un chant de joie, un hymne de reconnaissance. 

Nos célébrations eucharistiques sont un reflet de la liturgie céleste, une participation anticipée au culte que célèbrent les saints et les anges. Nos messes sont un moment de ciel sur la terre. Rassemblés autour de l’autel pour la célébration eucharistique, nous chantons le Dieu trois fois saint dont la gloire remplit le ciel et la terre et nous bénissons Celui qui vient en son nom. Chantons Dieu à pleine voix et non du bout des lèvres ! Que nos voix, que nos personnes soient unies au sacrifice d’action de grâce (à l’Eucharistie) de Jésus !

Déjà saints par la grâce du baptême

La messe sur terre, à l’image de la liturgie céleste, est une assemblée des saints. Nous sommes bien loin d’être des saints, direz-vous. C’est malheureusement vrai. C’est pourquoi nous avons encore besoin au début de chaque messe d’implorer le pardon de nos péchés. Et pourtant nous sommes déjà saints par la grâce du baptême, renouvelée à chaque fois que nous nous confessons. Dieu nous sanctifie pour que nous puissions lui offrir, dans l’Esprit, le culte véritable. À chaque messe nous recevons l’appel et le don de la sainteté. Puissions-nous vivre en cohérence avec ce que nous célébrons, pour goûter un jour la béatitude des saints et des anges.

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