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Le musée d’Amiens présente, du 24 septembre 2022 au 26 février 2023, les célèbres peintures des quatre évangélistes de la chambre de Louis XIV. Ces peintures d’une immense virtuosité sont l’œuvre de Valentin de Boulogne (1591-1632), tenu par le critique d’art Roberto Longhi comme "le plus énergique et le plus passionné des suiveurs naturalistes de Caravage". Objet d’un prêt exceptionnel de la part du château de Versailles, elles sont pour la première fois visibles depuis leur restauration entre 2015 et 2020.
Habituellement exposées à dix mètres du sol au niveau supérieur de la chambre à coucher du roi au château de Versailles, il s’agit là d’une occasion rare de pouvoir les admirer à hauteur d’homme. Représentatives du caravagisme en France — courant qui eut les faveurs du roi —, les quatre peintures figurent saint Luc, saint Matthieu, saint Marc et saint Jean, pris à différents âges de leur vie et accompagnés de leurs attributs, au moment de la rédaction des évangiles. Les figures se détachent sur l’unité du fond sombre et la délicatesse de l’exécution rend parfaitement l’inspiration divine. D’un grand raffinement, les œuvres frappent par leur monumentalité et paraissent insensiblement porter, par les postures des sujets, la présence de l’Esprit Saint qui inspira les quatre rédacteurs.
Le prêt comprend, outre ces quatre tableaux, trois autres œuvres. On pourra notamment admirer Le Denier de César, également peint par Valentin de Boulogne et tiré de l’épisode des Évangiles : partisans de l’ancienne loi, les Pharisiens demande au Christ s’il est permis de payer l’impôt dû à César en lui tendant un denier à l’effigie de l’empereur Tibère. Le Christ leur répond alors : "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu." (Lc 20, 25). Également prêtés, Agar et l’ange par Giovanni Lanfranco (1582-1647), chef-d’œuvre du caravagisme dans le style d’Orazio Gentileschi provenant de la célèbre collection du banquier Everhard Jabach, et un buste très réaliste de Louis XIV d’Antoine Coysevox (1640-1720).
Plein de courtisans lors des levers et des couchers du roi ainsi que l’exigeait le protocole, le salon "où le roi s’habille" devint la plus célèbre des chambres royales, dite "de 1701". Situé en plein axe du soleil levant, le roi le réaménagea partiellement pour en faire tout à la fois sa chambre de parade et sa chambre à coucher. La pièce se devait donc d’être sublimement décorée, même dans ses hauteurs — ramenées, pour quelques temps, au niveau du regard.
Pratique :
De Versailles à Amiens : chefs-d’œuvre de la chambre du Roi-Soleil, du 24 septembre 2022 - 26 février 2023, musée de Picardie, Amiens.