Rassurez-vous, le Conseil de l’Europe ne s’est pas fixé pour objectif prioritaire de vous empêcher d’envoyer votre enfant dans sa chambre. Il a semble-t-il simplement l’intention de réactualiser une brochure sur la parentalité positive datant de 2008. Ladite brochure comporte entre autres une recommandation portant sur le "time out", sanction consistant à isoler l’enfant dans sa chambre plutôt que de lui taper dessus… Pour certaines associations, la question mérite d’être posée : le time out est-il une violence éducative ?
Du simple bon sens
La réponse est d’une évidence absolue, qui relève du simple bon sens. Isoler un enfant âgé d’un an, en l’enfermant toute une après-midi dans le garage au motif qu’il n’a pas fini sa purée, oui, c’est une violence qui n’a rien d’éducatif. Refermer la porte derrière un enfant de huit ans qui se roule par terre en hurlant qu’il tuera sa sœur, sa mère et le chien si on ne lui donne pas son Pokémon Go tout de suite, c’est un geste adulte. Pour se calmer, on a besoin de calme : même les adultes feraient bien de s’en inspirer ! Sur le papier, tout le monde est d’accord. Dans la vraie vie, reconnaissons que le simple bon sens a tendance à se mettre aux abonnés absents lorsque fatigue, manque de sommeil, décibels domestiques, se conjuguent au sentiment de solitude que vivent bon nombre de jeunes parents. Voilà comment un "Reste un peu dans ta chambre" dégénère en "Voilà pour toi !", porte fermée à double tour (de l'extérieur…).
Connaître les besoins de son enfant demande de l’attention et du temps ; satisfaire ses besoins demande en outre de l’énergie.
Or éduquer, c’est aussi s’éduquer soi-même. Connaître les besoins de son enfant demande de l’attention et du temps ; satisfaire ses besoins demande en outre de l’énergie. Plus ce temps, cette attention et cette énergie sont employés ailleurs, moins il en reste pour notre enfant, c’est d’une logique imparable. Or de quoi a besoin un enfant, notamment celui qui se roule par terre, qui asticote sa sœur, ou repeint le canapé au ketchup ? De temps avec vous, de moments passés à vos côtés, de petits compliments qui font chaud au cœur, rien de bien compliqué en soi. (Et aussi de quelques consignes élémentaires sur la vie en commun évidemment).
Du repos dans sa chambre
Mais pourquoi est-ce si difficile pour nous ? Parce que les journées n’ont que vingt-quatre heures et qu’il faut bien aussi gagner sa vie et faire tourner une maison. Mais aussi parce que ce rythme nous écarte de l’intériorité nécessaire à l’éducation.
Nous aussi, adultes avons besoin de prendre du temps seuls dans notre chambre : "Tout le malheur des hommes est de ne pas savoir demeurer au repos dans une chambre" écrivait Pascal, bien avant que les inventeurs du time out ne repeignent d’un anglicisme ronflant une réalité toute simple. Quelques minutes de silence et de solitude volées à la course du jour sont une source d’énergie pour aller vers ceux que nous aimons et qui ont simplement besoin de notre présence.
Voilà comment aller dans sa chambre fait du bien à tout le monde, ni punition ni récompense, c’est une nécessité. Il sera toujours temps de réfléchir au problème suivant : comment faire sortir nos ados de leur chambre ? On attend les préconisations du Conseil de l’Europe…