Les affaires de corruption et de dopage se sont multipliées ces derniers mois, affectant même des jeunes dans des clubs amateurs. Avec le thème de l'incarnation, l'Église catholique a-t-elle un message particulier à transmettre aux sportifs concernant la dimension de la sobriété, le respect des autres, de soi-même et de son corps ?
Mgr Emmanuel Gobilliard : Oui, et ce colloque au Vatican a permis de se pencher sur les quatre dimensions de la personne : la dimension physique, psychologique, spirituelle et sociale. Quand ces quatre dimensions font une unité, alors on découvre combien toute notre personne peut être mobilisée en faveur de la fraternité, et en faveur de la charité qui doit faire "l’unité dans la perfection", comme le dit saint Paul. L'objectif est donc de rappeler cela, et de dire aussi que quand ces finalités ne sont pas respectées, il y a des dérives terribles. Les leaders dans le monde du sport ont des droits, ils ont reçu beaucoup de gloire, beaucoup d’argent, mais ils ont aussi des devoirs car ils influencent l’humanité. Quel évènement, aujourd’hui, rassemble toute l’humanité, toutes religions confondues ? Mis à part l’enterrement de la reine d’Angleterre, ce sont les grandes compétitions sportives. Les leaders dans le monde du sport ont donc une grande responsabilité. Cette responsabilité peut être exaltante, comme, par exemple, l’image que Roger Federer et Rafael Nadal ont donnée, les yeux embués de larmes, le regard dans le vide… Ces deux adversaires qui sont des amis de toujours, c’est une belle image. Les grands champions ont donc une responsabilité considérable, qu’ils peuvent très bien utiliser… ou très mal utiliser.
Mgr Emmanuel Gobilliard, évêque auxiliaire de Lyon et délégué de l’épiscopat français pour les Jeux olympiques de Paris, a participé fin septembre au congrès “Le sport pour tous” organisé au Vatican. Il donne aujourd'hui son regard sur les opportunités pastorales liées au sport mais aussi les dérives qui apparaissent quand il devient une "idole".