Tant d'hommes et de femmes saints ont été lésés par les dirigeants de l'Église. Saint Thomas d'Aquin a vu certaines de ses œuvres supprimées, saint Jean de la Croix a été emprisonné par ses supérieurs religieux, sainte Jeanne d'Arc a été brûlée sur le bûcher sur accord des évêques… De nos jours aussi, de nombreuses personnes sont blessées par l’Église ou l’un de ses membres, imparfaits et pécheurs. Si une personne de l’Église vous a fait du tort, sachez que vous pouvez vous confier à saint Alphonse Liguori. Bien avant qu'il ne soit canonisé, déclaré Docteur de l'Église et nommé patron des théologiens moraux, ce fondateur de la congrégation du Très Saint Rédempteur a vécu une persécution sans fin de la part de ses pairs.
Arrêté et frappé par la maladie
Après avoir été ordonné prêtre à Naples en 1726, il consacra sa vie aux pauvres et travailla à combattre le jansénisme. Mais son groupe finit par être dénoncé par les dirigeants de l'Église. Un archevêque lui vint en aide mais, afin qu’il ne fonde pas une congrégation, Alphonse Ligouri fut envoyé loin de Naples. En 1932, il réussit tout de même à fonder la Congrégation des Rédemptoristes sous le patronage de saint François de Sales.
Le coup suprême survint à la fin de sa vie. De mai 1768 à juin 1769, Alphonse Liguori fut victime de rhumatismes articulaires aigus. La maladie a fini par le laisser paralysé jusqu'à la fin de ses jours. Incapable de poursuivre son ministère, il demanda à démissionner de son évêché. Deux papes ont refusé avant que le pape Pie VI ne lui donne finalement son repos.
Trahis par ses amis
Malgré son état de santé, le saint tenait à obtenir, par l'intermédiaire de son ami Mgr Testa, le grand Aumônier, l'approbation de sa Règle. Il espérait que le roi Ferdinand IV donne lui confère une autorisation indépendante. Son ami, malheureusement, le trahit. Les Pères Majone et Cimino, qu'il avait envoyé pour négocier avec le grand Aumônier, le trahirent aussi. Même son confesseur, le Père Andrea Villani, vicaire général dans le gouvernement de son Ordre, participa à la conspiration.
À la fin, la Règle fut si changée qu'elle en devint à peine reconnaissable, les vœux de religion eux-mêmes étant abolis. À cette Règle altérée ou "Regolamento", comme on en vint à l'appeler, le saint fut encouragé à mettre sa signature. La Règle fut ensuite approuvée par le roi et imposée à la congrégation, stupéfaite par l'immense pouvoir de l'État. La commotion fut effrayante. Alphonse lui-même ne fut pas épargné. Des rumeurs vagues d'une trahison imminente lui avaient été transmises, mais il avait refusé de les croire. "Vous avez fondé la congrégation et vous l'avez détruite", lui dit un Père. À ses traîtres, le saint dit par la suite : "Je n'ai jamais pensé que je pourrais être trompé par vous".
Trois conseils pour réussir à pardonner
Ce fut l’épreuve la plus difficile de sa vie. Toutefois, le saint ne s'est pas laissé gagner par l'amertume et a laissé quelques bons conseils à ceux qui se font léser par les dirigeants de l’Église.
Concentrez-vous sur le bien, conseillait le saint. Et de préciser : "Le passé ne t'appartient plus ; l'avenir n'est pas encore en votre pouvoir. Vous n'avez que le présent pour faire le bien". Il recommandait également de penser à la présence de Dieu partout et non aux péchés de ses représentants : "Lorsque nous voyons un bel objet, un beau jardin ou une belle fleur, pensons que nous y voyons un rayon de la beauté infinie de Dieu, qui a donné existence à cet objet".
Enfin, le saint Docteur de l’Église recommandait de surtout de prier. "Si vous demandiez quels sont les moyens de vaincre les tentations, je répondrais : le premier moyen est la prière ; le second est la prière ; le troisième est la prière. Et si vous me le demandiez mille fois, je répéterais la même chose", disait-il.