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Au Congrès des leaders des religions mondiales et traditionnelles, le pape François n’a pas parlé de la guerre en Ukraine comme il l’avait fait la veille en présence du président kazakh ou, quelques heures après, lors de la messe célébrée en présence de la petite communauté catholique. On a pu deviner le fond de sa pensée sur le sujet quand il s’est exclamé : "Que le sacré ne soit pas l’accessoire du pouvoir et que le pouvoir ne soit pas l’accessoire du sacré !". En effet, la phrase reprenait le fond de la critique qu’il avait formulée au printemps au patriarche Kirill, soutien indéfectible du Kremlin, quand il avait déclaré à la presse italienne que celui-ci ne pouvait pas être "l’enfant de chœur de Poutine".
Pendant la "table ronde" du Congrès, pendant laquelle plusieurs chefs religieux se sont exprimés sur le rôle des religions, le représentant du patriarche orthodoxe russe au congrès, le métropolite Antoine était assis à deux places de l’évêque de Rome. Interrogé peu après, à la sortie d’une rencontre à huis clos d’un quart d’heure avec le pape, le "ministre des affaires étrangères" du Patriarcat a déploré les mots critiques du pontife dans son interview de mai dernier au Corriere della Sera, affirmant qu’ils n’étaient "pas utiles pour l’unité des chrétiens". Présent, le cardinal Kurt Koch, préfet du Dicastère pour l’Unité des chrétiens, s’est montré plus précautionneux que lorsqu’il avait qualifié d’hérésie en juin dernier l’attitude de Kirill, affirmant cette fois-ci à la presse allemande qu’il ne fallait pas "se retirer de la table avec Moscou".
Le Pape n’a pas été le seul à éviter d’évoquer l’Ukraine lors de la conférence : aucun des principaux interlocuteurs ne s’est risqué à froisser les représentants orthodoxes russes dans un pays où ils représentent plus d’un habitant sur cinq. Et l’Ukraine n’était pas le seul conflit en arrière-plan des rencontres. Alors que les hostilités ont repris à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, le pape s’est retrouvé assis pendant le congrès à quelques places du cheikh azéri Allahchukur Pachazadé, chef de la Direction des Musulmans du Caucase et important soutien de Bakou. Là encore, le pape François a attendu la messe dans l’après-midi pour évoquer le sujet. Un silence qui semble devenir une condition indispensable du dialogue interreligieux si on considère comme le pape François que la résolution des conflits nécessite "un dialogue avec tous".