1Pourquoi le Pape reste-t-il silencieux sur le Nicaragua ?
Le pape a lancé un court appel lors du dernier Angélus dominical concernant la situation au Nicaragua. Quelques heures plus tôt, un évêque du pays avait été arrêté par la police avec quelques compagnons. Le média américain The Pillar rapporte que certains, au Nicaragua, ont trouvé l’appel du pape relativement faible. « Il est nécessaire de demander la liberté. Nous ne devons pas négocier avec la personne [d’Ortega] », a commenté l’évêque auxiliaire de Managua. Deux options peuvent expliquer l’attitude du pape et sa prudence, analyse The Pillar. La première, portée par les détracteurs de François, consiste à penser que le pape argentin est proche idéologiquement des idées socialistes du régime d’Ortega en matière d’économie notamment. L’autre thèse, plus sérieuse, assure que le pape risquerait d’aggraver la situation si sa dénonciation des privations de liberté par le régime se faisait plus insistante. Ainsi, le pape serait soucieux de ne pas attiser la crise dans ce pays ou de provoquer une plus grande répression contre les chrétiens. Dans une Amérique plus sécularisée que lors du pontificat de Jean-Paul II, la diplomatie vaticane serait en outre devenue plus humble dans sa manière d’aborder les crises, afin d'obtenir des résultats réalisables,”aussi petits soient-ils”, conclut le journaliste.
2François comprend l’Église américaine, assure le cardinal McElroy
Certains évêques américains estiment que le pape François ne connaît pas l’Église aux États-Unis. Mais pour Mgr Robert McElroy, évêque de San Diego – qui sera créé cardinal le 27 août - le pontife argentin a une compréhension "profonde" de cette Église. "Quand je parle avec lui, il a une connaissance assez fine d'un certain nombre de sujets qu'il aborde", a déclaré Mgr McElroy au National Catholic Reporter. Le futur cardinal est un bergoglien : il a souvent fait écho à la priorité accordée par le pape à l’écologie, à la justice économique et à la nécessité pour l'Église d'accueillir davantage les personnes LGBTQ. Il a également mis en garde contre la "militarisation" de la communion à des fins politiques. Il retourne d’ailleurs la question : selon Mgr McElroy, c’est l’Église américaine qui a "tendance à regarder les choses à travers une lentille américaine". Il explique ainsi l’approche théologique de François : "respecter les questions de doctrine et de dogme, et, bien sûr, l'Écriture, tout en voyant que l'élément clé de tout cela est l'application de l'Évangile à la vie réelle des gens – et que c'est un effort aussi important que de parvenir à la vérité en soi d'une manière abstraite".
3Père Cicero : de la rupture avec l'Église au procès en béatification
L’annonce le 20 août dernier d’une autorisation d’ouverture du procès de béatification du "Padre Cicero", une figure très populaire au Brésil, marque une reconnaissance importante pour ce prêtre qui fut suspendu par sa hiérarchie en raison de son engagement politique et d’un controversé "miracle de l’hostie": la transformation en sang du Christ d’une hostie remise par le Padre Cicero à une religieuse le 1er mars 1889 ne fut jamais authentifiée par l’Eglise. La longue vie du père Cicero Romao Batista (1844-1934) fut surtout marquée par son aura sur la communauté de Juazeiro do Norte, une ville dont il fut à la fois le curé et le maire, et qui reste marquée par son empreinte. L’historienne Fatima Pinho estime que le Padre Cicero, qui fut aussi vice-gouverneur de son État et député fédéral, était en réalité resté en communion avec le pape et l’Église. Pour elle, la béatification du Padre Cicero répond à un processus entamé depuis les années 1970, l'Église catholique cherchant à remettre en valeur les dévotions populaires face à la croissance du protestantisme évangélique. "Il n'est plus possible pour l'Église d'ignorer une personne considérée comme un saint du point de vue des pèlerins. [...] C'est une justice avec Padre Cícero, qui a été si persécuté, et avec les milliers de pèlerins", explique l’historienne.