L’Assomption de la Vierge, sa montée à la gloire céleste au terme de son existence, représente le couronnement de sa fidélité. Dieu prend sa servante avec Lui au ciel parce qu’elle a toujours désiré rejoindre Jésus, non pour s’évader de ce monde mais afin de rejoindre celui qu’elle chérissait plus que tout et à qui elle est restée attachée tout au long de son existence. À ce titre, l’Assomption représente le fruit de la fidélité. C’est là une leçon très utile en ces temps où l’idéologie libertaire fait l’apologie du papillonnage affectif ou du relativisme idéologique.
La fidélité, une vertu pour les ringards ?
La Vierge est restée fidèle tout au long de sa vie. Or, la fidélité n’est pas une vertu de mince affaire ! Fidèle à son Fils au pied de la Croix, alors que les événements s’acharnaient à contredire la messianité et la divinité de Jésus, Marie démontre que rester attaché à Dieu demande de la force, du courage et aussi beaucoup d’intelligence spirituelle. La fidélité n’a jamais été une vertu pour personnes peureuses et confinées dans une piété surannée et préservée des accrocs de l’existence ! Au terme de son parcours terrestre, l’attachement indéfectible de la Vierge à l’Évangile est couronné par son assomption à la gloire céleste.
L’Assomption nous met devant les yeux la grandeur d’une vie bâtie sur la cohérence, l’amour, la fidélité, la force.
Ce mystère nous délivre ainsi une leçon très utile au sujet de la cohérence entre le dire et le faire. En effet, notre société vit dans l’illusion de concilier les contraires : le sexe à outrance et la vie familiale, l’amour et l’inconstance, la durée et le zapping, la violence des jeux vidéo et les exhortations lancinantes à la paix sociétale, les incongruités de certaines mœurs sexuelles qui bouleversent des millénaires de traditions et de sagesse, et les coups de menton appelant au respect de l’autorité. Face à une telle supercherie, l’Assomption nous met devant les yeux la grandeur d’une vie bâtie sur la cohérence, l’amour, la fidélité, la force, la constance dans les épreuves, enfin sur la foi en Dieu.
La Vierge Marie, une passionnée
L’Assomption illustre surtout la force de l’amour en tant que passion, force incandescente, feu. Nul mieux que ce mystère de la montée de la Vierge au Ciel ne met davantage en lumière cette parole de Jésus : "C’est un feu que je suis venu jeter sur la terre" (Lc 12, 49). Arrêtons de peindre la Vierge comme un être mièvre, une statue en sucre, une figure de guimauve !
Si notre modernité tardive se complaît dans le glamour et sa superficialité, en revanche l’amour dans sa version chrétienne est une force capable de faire bouger les montagnes. Marie était une passionnée, et c’est en tant que telle qu’elle rejoint la Trinité. Notre société hédoniste asphyxie l’amour avec son idolâtrie du sexe. L’amour chrétien est un feu, non de l’eau de rose ou une licence pour galvauder le mystère de la différence sexuelle par de graves atteintes à la chasteté.
La puissance de la fidélité
Enfin, la montée au ciel de Marie reste un puissant stimulant pour la foi en la rétribution juste des œuvres. Dieu prend Marie avec Lui autant par justice que par miséricorde. Le démon n’a jamais eu prise sur elle. Il n’y eut jamais en elle nulle complicité avec le mal. C’est la raison pour laquelle elle est habilitée à mener la lutte contre les forces ténébreuses. Satan ne possède aucun allié dans cette place forte qu’est la Vierge fidèle, "terrible comme une armée rangée en bataille" selon l’expression du Cantique (Ct 6, 10). Marie mène avec d’autant plus d’énergie les combats de Dieu que nul ne se bat mieux qu’une mère pour la vie de ses enfants. Elle reste le rempart assuré contre la culture de mort véhiculée par certaines idéologies.
La fidélité de la Vierge non seulement lui a gagné le Ciel, mais surtout constitue une des vertus cardinales par lesquelles elle exerce son office maternel à notre égard dans sa condition glorieuse — fidélité sur laquelle les disciples de Jésus s’appuient pour la prier d’intercéder auprès de lui en leur faveur.